Quel plaisir de reprendre la randonnée après cette petite virée à moto. Compte tenu des informations contradictoires des différents modèles météorologiques, nous choisissons celui qui nous semble le plus fiable et avec 10 kmh de vent du nord, nous optons pour le traditionnel Grand Som, idéal avec ce vent. La marche débute dans la fraîcheur de l'aube et encore une fois on se régale. La montagne d'octobre est séduisante avec ses couleurs flamboyantes, le sentier nous conduit tranquillement jusqu'au col des Aures où une étonnante brise de sud se fait sentir. Néanmoins nous poursuivons notre marche solitaire à travers les falaises du terrible passage du Racapé. Encore un effort sur la dernière prairie balayée par un vent furieux et nous voilà au sommet du Grand Som, mille mètres plus haut. La sentence est irrémédiable, impossible de décoller avec ce vent du sud infernal. Comme quoi, on n'a pas choisi le bon bulletin météo, pour autant, passée la petite frustration inhérente à ces mauvaises conditions aérologiques nous nous installons à l'abri du vent et détaillons les innombrables sommets autour de nous. Mont Blanc, Grande Casse, Meije et bien d'autres encore. Les randonneurs arrivent un par un et, comme nous ne sommes pas pressés de redescendre à pied, nous engageons bien volontiers la conversation. Deux heures plus tard, nous décidons enfin de redescendre, et pour ne pas regretter notre décision nous remontons à la croix toute proche pour confirmer la présence du mauvais vent. C'est là que tout a basculé !
Le vent du sud est beaucoup moins fort et relance l'idée d'un éventuel retour par les airs, nous sommes tout excités alors nous allons derechef trouver un endroit potable pour décoller. Évidemment avec le sud encore présent, l'envol s'annonce délicat. Nous étalons les voiles sur une pente accidentée peu propice à la course avec un vent de travers. L'endroit est exigu et n'autorise l'installation que d'une seule voile. Maintenant qu'il est midi passé, la présence de thermiques teigneux ne simplifie pas la tâche. Une fois prête, une bourrasque arrière plie la voile ajoutant un élément stressant à l'entreprise. Pourtant quelques minutes plus tard tous les paramètres favorables s'alignent, une pression sur les avants suivie d'une vérification de la voûte et Hélène s'envole comme plume au vent.
Sans plus attendre j'étale mon outil et saute dans la sellette, mais au moment où je suis prêt à partir, un diable de poussière soulève la moitié de ma voile pour me la tortiller comme une papillote. Je suis bon pour tout recommencer, j'enrage. Une fois tout remis en place, il me faut encore attendre l'alignement des planètes et quand c'est bon, je m'élance résolument vers le vide. Impeccable. Nous voilà tous les deux en l'air, Hélène n'est plus qu'un petit point jaune et rouge dans le ciel. L'atmosphère sous le soleil de midi est bouillonnante, ça change de nos vols matinaux, enrouler le thermique n'est pas difficile, y en a de partout. Finalement c'est en bas que les turbulences seront les plus sévères, la faute au vent de vallée levé depuis peu dans cette satané marmite de Vulcain qu'est le plateau de Saint Hugues.
Voilà comme quoi, même quand la partie semble perdue, il ne faut jamais douter de la divine Providence ! Je plie les voiles pendant qu'Hélène remonte chercher la voiture au col du Cucheron en stop. Une seule voiture suffira à la manœuvre et je termine de ranger les voiles quand elle arrive. La suite est simple, vue l'heure tardive une table est réservée au restaurant du col de Porte qui sert encore à 14h et puis nous retrouvons des amis au Sappey pour une démonstration réjouissante du petit train de jardin chez Michel.