De pas en pas

Dauphiné Libéré, édition du 24/08/2006 L'association De pas en pas ouvre ses randonnées aux handicapés physiques SAINT-CYR-SUR-RHÔNE: « Quand Pierre l'a testé pour la première fois, ça a été un moment très fort. Il m'a dit qu'il avait pu à nouveau sentir l'odeur des sapins, redécouvrir des sensations perdues », raconte Évelyne Romezin, qui gère l'activité détente et découverte corporelle de l'association De pas en pas. Émue, elle se souvient de cette journée où elle a emmené en randonnée cet ami, qui a perdu l'usage de ses jambes, à bord d'un appareil révolutionnaire. Et si Pierre et bien d'autres peuvent s'aventurer sur les sentiers du Pilat, c'est grâce à cette équipe de marcheurs qui a fondé en 2001, l'association De pas en pas. L'objectif des marcheurs est de se retrouver pour réaliser des randonnées. Mais en une année, la structure prend un virage à 180° : « C'est un membre de l'association qui a évoqué l'idée de proposer des randonnées pour les personnes à mobilité réduite ou âgées » se souvient Anne Passerat, qui gère l'activité grand-âge. Le reste de l'équipe, séduite par le projet, a emboîté le pas. Les "pérégrinations ", comme ils les appellent, des marcheurs valides se transforment alors en randonnées Cap'R (Chaise à porteurs roulante). Cette machine, qu'ils n'ont pas inventée, les bénévoles l'ont construite eux-mêmes, au départ, avec du matériel de récupération : « avec des planches de bois pour l'assise, des tubes d'acier ou encore des roues de mobylettes », énumèrent les deux femmes. Deux Cap'R sont ainsi créées. Les Cap'R sont là. Maintenant, il faut plus de bras Depuis, de nombreuses randonnées ont eu lieu. Et les adhérents de l'association restent mobilisés. Ils viennent en effet de réaliser trois nouvelles machines, et se sont dotés d'une quatrième, fruit du travail de lycéens : « Le mari de l'une des bénévoles est formateur au CFAI (centre de formation d'apprentis de l'industrie) de Beaurepaire. Il nous a proposé d'en faire construire une à ses élèves ». Durant deux trimestres, les lycéens ont donc planché sur le sujet pour en sortir un Cap'R que les bénévoles appellent aujourd'hui "leur prototype" : « Afin d'apporter des améliorations, nos derniers Cap'R et celui du CFAI ont été conçus à l'aide d'une personne handicapée. Ce qui a permis d'adapter au mieux la machine en terme de confort et de sécurité ». Mais aujourd'hui, ce n'est plus de machine dont il est question, mais d'homme. Il faut en effet une dizaine de personnes pour réaliser une randonnée avec un seul Cap'R. Afin de pouvoir exaucer encore plus de rêves, l'association est à la recherche de bras, de pieds et des coeurs pour continuer l'aventure.