Plaisirs

François LANNES
09-07-2007 08:09:57

Je voulais laisser un petit message à mam, pour répondre à son intervention du 18 octobre l'an passé. Mam, tu me signalais l'existance d'une balme sur la crête de la Grande Roche St Michel, à l'endroit de son point le plus bas. Je n'avais pas oublié cette information, et je suis allé voir cette balme, hier. Je te fais un grand merci pour m'avoir parlé de ce coin là, parce que cela a été pour moi l'occasion d'une magnifique sortie. J'ai passé une heure sur la terrasse suspendue à laquelle la balme donne accès, une heure à regarder les chamois se promener sur les vires en dessous... Je ne te dis pas le plaisir que cela m'a fait !! Si tu lis ce message, fais moi signe, et on pourra en parler plus en détails.

Luc
21-04-2007 10:56:05

[quote:3e6672c561="GLaG"]...un autre texte de François est déjà prêt pour figurer dans mon livre à venir, justement pour illustrer la rando "Bonnet de l'Evêque" que nous avions fait ensemble fin août et qui reste un grand moment. [/quote:3e6672c561] Hé bein voilà, on attend textes et images avec impatience :wink: Merci François. .


ced
20-04-2007 23:13:01

Bonjour, J'avoue que vu la taille des messages, je n'avais pas encore eu le courage de tout lire mais c'est chose faite après tous ces commentaires flatteurs ! Et c'est vrai qu'on s'y croirait ... sans doute car finalement, ce sont des expériences que nous avons tous plus ou moins vécu en montagne : l'aspect perdu, découverte, univers radicalement différent des villes où l'on vit, l'inquiétude parfois... Bonne continuation, en espérant que vous trouverez ce passage pour déboucher sur la crête (mais finalement est-ce là l'essentiel d'ailleurs ?) :wink:


GLaG
20-04-2007 21:30:28

Merci pour les compliments... Pour les impatients...un autre texte de François est déjà prêt pour figurer dans mon livre à venir, justement pour illustrer la rando "Bonnet de l'Evêque" que nous avions fait ensemble fin août et qui reste un grand moment. [img:87ae9dbd79]http://www.tetras.org/Recits/Bonnet_06_08_30/06_08_Cairn_Obiou.jpg[/img:87ae9dbd79] Date de sortie encore indéterminée...y'a du boulot, même si les photos sont prises.


François LANNES
20-04-2007 21:18:12

Ces trois interventions sur le fil, à la suite de mon récit, me donnent envie de répondre à chacun. A chacun, pour des motifs différents. Mais à chacun pour des motifs forts. Je voudrais faire ces réponses avec beaucoup de chaleur, et d'amitié. Avec les ressentis que je cherche à mettre dans mes textes. Eric : Merci de ton compliment. Cela me fait très plaisir de recevoir de tels encouragements. Aussi, cela m'aide à oser écrire de tels récits, à me "jeter" à plein dans la description de ces sensations. N'étant pas très à l'aise avec l'écriture (cela reste pour moi un exercice lent et qui demande de "retravailler" le texte) je ne me sens pas de faire un livre, comme tu le dis. Je me contente de faire ces courts récits, et voilà. Je profite de ce forum Bivouak pour les donner à lire à un public acquis à la cause des randonnées à pied, public dont je crois qu'il pourra apprécier les sujets dont je parle. En tout cas, encore merci de tes mots qui m'ont beaucoup touché. Luc, maintenant : Luc, je sais que tu me fais les gros yeux de ne pas enregistrer ces récits dans la partie "histoires racontées" de bivouak... Je ne voulais pas le faire, et je ne sais pas bien expliquer pourquoi... Je ne sais pas plus expliquer pourquoi, mais je crois que je vais le faire maintenant !!! Alors soit content, et prépare un peu de place-mémoire !!! Tu vois que, avec le temps et de la persévérance, tu arrives à tes fins. Tu es à l'origine de Bivouak; tu es l'un de ceux qui font que ce forum existe, et peut fonctionner, tel qu'il est aujourd'hui. Bivouak sur lequel je me régale, depuis déjà quelques temps. Je sais tout le plaisir que je te dois pour cela. Je tenais à l'écrire, à le faire savoir. Tu mérites de grands applaudissements pour toute cette réussite. GlaG, enfin ! Guillaume, sur ce fil récalcitrant de la Grande Roche St Michel, tu as fais des miracles pour que le texte apparaisse !! D'abord en donnant la combine "Du plus récent" pour pouvoir y accéder. Ensuite avec un message court qui a débloqué ce fil pour de bon... Je n'ai rien perdu de cette énergie que tu as mis à l'affaire, et t'en remercie très chaleureusement. Mais il y a plus encore. D'abord, si je n'avais pas vu tes photos, sur ton site, je n'aurais pas remordu aussi fort à la randonnée, l'an dernier. Ces si belles photos sont une véritable invitation à aller dehors, sur les crêtes, sur les arêtes, dans les vallons et les forêts... Que dis-je : ce sont de véritables incitations à y aller ! Ensuite, c'est bien toi qui m'a emmené sur le Bonnet de l'Evêque, pour un couché de soleil de rêve... Le texte que j'ai extrait de ces moments m'a été un déclancheur. Et donc finalement, tu a été l'auteur d'un coup de pouce magistral de mon écriture, qui m'a amené ici maintenant. Je peux te remercier, de tes photos, de tes encouragements, et de ton amitié. Et pour tous les autres Bivouakeurs : Ne soyez pas fachés de cette intervention, un peu hors des habitudes. Les remerciements étaient mérités. Et puis il n'y a pas de mal à faire du bien.... A bientôt Fançois


Luc
20-04-2007 14:40:15

[quote:f787d9bf05]Avec une telle plume François, tu devrais écrire un bouquin. Un peu comme le faisait le conteur dauphinois Jean-Pierre Copin. En tout cas, je trouve que ton style est très riche... en perceptions justement. On s'y croirait ! :D[/quote:f787d9bf05] Je n'arrête pas de le lui dire... . . . qu'il faudrait qu'il aille cliquer dans l'onglet "articles" afin que sa prose ne soit "perdue" au fil des forums... Mais je ne sais plus comment lui dire...


éric vb
18-04-2007 19:59:33

Avec une telle plume François, tu devrais écrire un bouquin. Un peu comme le faisait le conteur dauphinois Jean-Pierre Copin. En tout cas, je trouve que ton style est très riche... en perceptions justement. On s'y croirait ! :D


GLaG
18-04-2007 18:43:48

un message court débloque-t-il le fil ?


François LANNES
17-04-2007 07:31:28

Le post n'est pas passé hier soir..?? Re-belote ce matin. PERCEPTIONS… Dimanche 25 mars. Aujourd’hui encore, je marche vers la falaise de la Grande Roche St Michel… Aujourd’hui encore, je monte dans ces sous-bois qui dominent le Peuil.. Aujourd’hui toujours, je prends l’oxygène !! Le vrai, le grand oxygène !! Cet oxygène de l’espace, cet oxygène de la belle nature, cet oxygène des mouvements primitifs, cet oxygène que l’on peut appeler : la liberté… Cet oxygène aussi, qui me gonfle les poumons, sous l’impact des efforts nécessaires à la montée. En effet, je monte droit dans la pente. Droit, c’est le chemin le plus court vers les falaises, quand il n’y a plus de trace. Droit vers le haut, c’est le chemin que j’aime, et qui me permet de doser l’effort, pour l’adapter pile-poil à la capacité des poumons… J’aime cet effort… Il permet de ne plus penser à autre chose ; qu’à lui, justement. Cet effort maxi oblige à tout concentrer sur la précision des pas, des mouvements, la synchronisation des équilibres… Il n’y a pas de place pour autre chose. Il n’y a pas de place pour une quelconque pollution. Oui c’est çà ! Plus de pollution… Mon esprit décroche. Je ralentis le rythme. La montée est encore longue, et je n’arriverai pas en haut si je continue ainsi. Je ralentis la fréquence, et raccourcis les enjambés. Tout de suite cela va mieux au niveau du cœur et de ses pulsations. Du coup, un sens de perception, qui jusque là était noyé dans la violence de la tempête, un sens de perception revient à la surface… Ce n’est pas l’odorat. L’odorat, pour moi, c’est le parent pauvre. Il n’est pas bien fortiche, ni bien capable. Dans l’instant, comme à peu près tout le temps, il ne me dit rien. Ce n’est pas non plus le goût, lui qui est perdu dans le courant d’air oscillant de la bouche aux poumons. Il n’y a plus de place pour le goût dans ce désert aride de ma gorge. La vue et le toucher sont en service commandé pour accomplir la marche, la montée, que j’ai décidée. Ils travaillent sur le mode « Automatique », grâce à la longue habitude qu’ils ont de ces randonnées faites ensemble depuis la petite enfance… Ils sont bien là, actifs, mais ne peuvent pas dégager de marge de manœuvre pour détecter autre chose que ce à quoi ils sont affectés. C’est le cinquième sens, l’ouïe, qui revient à la surface. L’ouïe … Libérée du carcan imposé par l’effort, l’ouïe revient… Les sons… Les bruits… Et, au bout de quelques minutes, prêtant progressivement mon attention à ces sons, à ces bruits, je distingue trois plans, trois fonds sonores, distincts, différents. Trois fonds sonores qui se superposent, qui s’entremêlent, qui évoquent des ambiances bien tranchées… En premier, le plus net, j’entends les voix des enfants qui jouent, en bas, dans les près du Peuil. Ce dimanche début d’après-midi, quelques familles sont venues là, pour profiter de la belle journée. Leurs enfants jouent ; ils crient, s’interpellent. Ils rient aussi… Parfois un silence… Un silence long. Et puis tout d’un coup, jailli à nouveau un appel, un cri… Les sons aigus de leur jeunesse traversent les distances. Et moi, qui ne suis tout compte fait qu’à trois ou quatre cents mètres d’eux, je reçois leurs cris comme des cadeaux. Le cadeau de leur joie ; le cadeau de leur bonheur simple mais plein. Ces cris signifient la vitalité. Ils évoquent aussi pour moi, l’ambiance de cour de récréation d’une école primaire… Je me sens porté par cette ambiance de Vie… C’est le bonheur par transmission… Le deuxième fond sonore est plutôt faible, plus sourd. Il est continu. C’est le bruit de la vallée, que j’entends au fur et à mesure que je monte sur les pentes. Grenoble, et toutes ses communes attenantes, sont là tout proche. Cette fois les distances sont de l’ordre de quelques kilomètres. Ce bruit, résultat de la circulation des véhicules dans les rues et sur les routes, ce bruit est permanent. A peine y a t-il quelques modulations, créées par une moto dont le pilote pousse le moteur dans les derniers retranchements. Ce bruit, non localisable mais présent de partout, est presque inquiétant. Il évoque aussi la multitude, l’agitation, qui sont notre lot quotidien, et dont je voudrais me couper en venant dans ce coin reculé. Il ne me met pas très à l’aise, et gâche un peu le plaisir de l’instant… Le troisième fond sonore est discontinu, rare, bref, presque brutal… Celui-là est créé par la falaise. En cette fin de printemps, avec une belle journée de soleil et de chaleur, la neige et la glace fondent. Les cailloux, libérés de ces liens, tombent. Certaines stalactites, pendues aux surplombs sommitaux, se décrochent également. Tantôt de canon pour les premiers, tantôt de verres pour les autres, ces bruits de la falaise ne sont vraiment pas rassurants !! Même si je me trouve à distance suffisante pour être en sécurité face à ces projectiles, il n’en reste pas moins que chacun provoque en moi une vive crainte. Presque même une douleur. A chaque éclat, instinctivement, je tourne la tête dans la direction du son, cherche le caillou. J’essaye de comprendre d’où il tombe, pour me rassurer. Pour comprendre le degré réel du risque objectif, et pour en déduire que ce risque est si faible que la peur n’a pas de raison de me gagner. Que l’envie de continuer peut toujours couler dans mes veines, sereinement… Ainsi, tout en montant vers la falaise, droit dans la pente, écoutais-je les sons et les bruits de ce bout de monde. De la Vie des enfants, à l’activité du fond de vallée, et à la pierre qui tombe des hauteurs, ces trois fonds sonores se sont imposés à mon écoute, en se superposant les uns sur les autres. Mais également, en étant liés les uns aux autres, comme par un fondu-enchainé consécutif à ma progression depuis les près du Peuil jusqu’aux pieds des falaises… La fatigue de l’effort disparaissait… La sérénité, tant recherchée, se coulait en moi…


François LANNES
16-04-2007 23:16:06

Reprenant ce "fil" de la grande Roche St Michel, Grande Roche qui me tient tant au coeur, je vous livre ici mes premières sensations de cette nouvelle année randonnistique qui commence. Fasse le beau temps et la Vie faire en sorte que cela continue !! PERCEPTIONS… Dimanche 25 mars. Aujourd’hui encore, je marche vers la falaise de la Grande Roche St Michel… Aujourd’hui encore, je monte dans ces sous-bois qui dominent le Peuil.. Aujourd’hui toujours, je prends l’oxygène !! Le vrai, le grand oxygène !! Cet oxygène de l’espace, cet oxygène de la belle nature, cet oxygène des mouvements primitifs, cet oxygène que l’on peut appeler : la liberté… Cet oxygène aussi, qui me gonfle les poumons, sous l’impact des efforts nécessaires à la montée. En effet, je monte droit dans la pente. Droit, c’est le chemin le plus court vers les falaises, quand il n’y a plus de trace. Droit vers le haut, c’est le chemin que j’aime, et qui me permet de doser l’effort, pour l’adapter pile-poil à la capacité des poumons… J’aime cet effort… Il permet de ne plus penser à autre chose ; qu’à lui, justement. Cet effort maxi oblige à tout concentrer sur la précision des pas, des mouvements, la synchronisation des équilibres… Il n’y a pas de place pour autre chose. Il n’y a pas de place pour une quelconque pollution. Oui c’est çà ! Plus de pollution… Mon esprit décroche. Je ralentis le rythme. La montée est encore longue, et je n’arriverai pas en haut si je continue ainsi. Je ralentis la fréquence, et raccourcis les enjambés. Tout de suite cela va mieux au niveau du cœur et de ses pulsations. Du coup, un sens de perception, qui jusque là était noyé dans la violence de la tempête, un sens de perception revient à la surface… Ce n’est pas l’odorat. L’odorat, pour moi, c’est le parent pauvre. Il n’est pas bien fortiche, ni bien capable. Dans l’instant, comme à peu près tout le temps, il ne me dit rien. Ce n’est pas non plus le goût, lui qui est perdu dans le courant d’air oscillant de la bouche aux poumons. Il n’y a plus de place pour le goût dans ce désert aride de ma gorge. La vue et le toucher sont en service commandé pour accomplir la marche, la montée, que j’ai décidée. Ils travaillent sur le mode « Automatique », grâce à la longue habitude qu’ils ont de ces randonnées faites ensemble depuis la petite enfance… Ils sont bien là, actifs, mais ne peuvent pas dégager de marge de manœuvre pour détecter autre chose que ce à quoi ils sont affectés. C’est le cinquième sens, l’ouïe, qui revient à la surface. L’ouïe … Libérée du carcan imposé par l’effort, l’ouïe revient… Les sons… Les bruits… Et, au bout de quelques minutes, prêtant progressivement mon attention à ces sons, à ces bruits, je distingue trois plans, trois fonds sonores, distincts, différents. Trois fonds sonores qui se superposent, qui s’entremêlent, qui évoquent des ambiances bien tranchées… En premier, le plus net, j’entends les voix des enfants qui jouent, en bas, dans les près du Peuil. Ce dimanche début d’après-midi, quelques familles sont venues là, pour profiter de la belle journée. Leurs enfants jouent ; ils crient, s’interpellent. Ils rient aussi… Parfois un silence… Un silence long. Et puis tout d’un coup, jailli à nouveau un appel, un cri… Les sons aigus de leur jeunesse traversent les distances. Et moi, qui ne suis tout compte fait qu’à trois ou quatre cents mètres d’eux, je reçois leurs cris comme des cadeaux. Le cadeau de leur joie ; le cadeau de leur bonheur simple mais plein. Ces cris signifient la vitalité. Ils évoquent aussi pour moi, l’ambiance de cour de récréation d’une école primaire… Je me sens porté par cette ambiance de Vie… C’est le bonheur par transmission… Le deuxième fond sonore est plutôt faible, plus sourd. Il est continu. C’est le bruit de la vallée, que j’entends au fur et à mesure que je monte sur les pentes. Grenoble, et toutes ses communes attenantes, sont là tout proche. Cette fois les distances sont de l’ordre de quelques kilomètres. Ce bruit, résultat de la circulation des véhicules dans les rues et sur les routes, ce bruit est permanent. A peine y a t-il quelques modulations, créées par une moto dont le pilote pousse le moteur dans les derniers retranchements. Ce bruit, non localisable mais présent de partout, est presque inquiétant. Il évoque aussi la multitude, l’agitation, qui sont notre lot quotidien, et dont je voudrais me couper en venant dans ce coin reculé. Il ne me met pas très à l’aise, et gâche un peu le plaisir de l’instant… Le troisième fond sonore est discontinu, rare, bref, presque brutal… Celui-là est créé par la falaise. En cette fin de printemps, avec une belle journée de soleil et de chaleur, la neige et la glace fondent. Les cailloux, libérés de ces liens, tombent. Certaines stalactites, pendues aux surplombs sommitaux, se décrochent également. Tantôt de canon pour les premiers, tantôt de verres pour les autres, ces bruits de la falaise ne sont vraiment pas rassurants !! Même si je me trouve à distance suffisante pour être en sécurité face à ces projectiles, il n’en reste pas moins que chacun provoque en moi une vive crainte. Presque même une douleur. A chaque éclat, instinctivement, je tourne la tête dans la direction du son, cherche le caillou. J’essaye de comprendre d’où il tombe, pour me rassurer. Pour comprendre le degré réel du risque objectif, et pour en déduire que ce risque est si faible que la peur n’a pas de raison de me gagner. Que l’envie de continuer peut toujours couler dans mes veines, sereinement… Ainsi, tout en montant vers la falaise, droit dans la pente, écoutais-je les sons et les bruits de ce bout de monde. De la Vie des enfants, à l’activité du fond de vallée, et à la pierre qui tombe des hauteurs, ces trois fonds sonores se sont imposés à mon écoute, en se superposant les uns sur les autres. Mais également, en étant liés les uns aux autres, comme par un fondu-enchainé consécutif à ma progression depuis les près du Peuil jusqu’aux pieds des falaises… La fatigue de l’effort disparaissait… La sérénité, tant recherchée, se coulait en moi…


François LANNES
25-10-2006 00:15:37

Bonsoir Orgere, J'ai essayé deux fois de t'envoyer un mail en cliquant sur ton nom dans le post de Bivouak, mais cela n'a pas l'air de passer. C'est pourquoi je mets un mot ici. Je prévois d'aller là haut ce mercredi à partir de 10 h. Si tu peux, et es intéressé, on peut se retrouver. A+ François


orgere
24-10-2006 23:20:01

Salut François, habitant Claix, je connais un peu (pas mal :D :D ) les endroits que tu décris. Si tu veux un "accompagnateur", à 2 on rigole et on découvre plus que tout seul, je suis OK pour t'accompagner. Par contre, il faut que tu révises tes livres sur la faune : il n'y a pas de bouquetins à Claix :oops: , ce que tu as observé, ce sont des mouflons, ou des chamois (il faudrait que tu décrives ces animaux précisément) A bientôt peut-être. Jean


Bernard MAZAS
24-10-2006 06:13:59

Super, François. Quand on pense que tout ça domine directement une agglomération de 400 000 habitants, je ne sais pas s'il y a beaucoup de tels endroits dans le monde.


François LANNES
24-10-2006 01:04:30

Suite d'avant hier, et d'avant-avant-avant hier : Vendredi 20 octobre : Mercredi dernier, je ne suis pas arrivé à traverser vers le haut. Tant pis… Par contre j’ai nettement avancé dans la direction du Sud, en suivant ces pentes d’herbe sous le grand Cheval. Et je me suis arrêté dans le troisième cirque, celui que j’ai trouvé austère ! Oui, c’est bien le moins que je puisse dire de ce lieu : austère… Le sangle m’a emmené tout en haut de ce site, une vingtaine de mètres sous la crête, sans que je puisse pourtant parvenir à déboucher ! Vers le haut, donc, bloqué … A l’horizontale, il est clair que je ne pourrai pas aller très loin : un étroit balcon, d’une trentaine de mètres de long, s’avance, puis se dissout dans la face verticale. Il n’en reste plus rien… L’étage de vires, que j’utilisais jusque là pour progresser, ne réapparaît que trois cents mètres plus loin, sur l’autre bord de ce cirque, au flanc du Pic Saint Michel. Et vers le bas, c’est aussi un problème ! Les pentes très raides d’herbe et de cailloutis ne peuvent pas se descendre comme cela ! C’est vraiment très délicat. Et surtout, je ne vois pas comment cela fini, en dessous ! Ou plutôt si ! Forcement, il y a des barres rocheuses ! Depuis la fin du balcon, je suis quand même descendu d’une vingtaine de mètres, grâce aux arbustes dont les troncs m’ont fourni des prises supplémentaires, pour la deuxième main, et un réconfort moral conséquent. Cela m’a amené sur un gros éperon, nettement séparé de la face, ce qui procure une vision très centrale sur l’ensemble du site. Le point d’observation est remarquable ! Bien en dessous, je repère une trace qui, seule possibilité que je voie, doit être un passage des bouquetins. Comment font-ils pour y aller ?? Ici, je suis encore bien sur leurs traces. Mais entre ici, et là en bas, comment font-ils ?? Bien sûr j’ai bien une idée de leur passage : là, sur la droite, à flanc de l’éperon… Mais la raideur, et le risque que cela signifie, m’empêchent de continuer la progression. Vers la gauche, une traversée acrobatique m’ouvre l’angle d’observation. Mais ce que je vois est très clair : ne pas descendre de ce côté-ci non plus !! A trente mètres plus bas, au bout de ce petit goulet pierreux, il y a le grand saut par delà la barre rocheuse !!! Surtout ne pas s’engager dans ce piège ! Je reviens à l’éperon, et décide de faire demi-tour… Il ne me reste plus qu’à revenir en haut de ce cirque, en haut du balcon étroit… Avant de partir, je scrute les détails du relief sur les parois, m’imprègne du lieu, cherche les informations qui me permettront de trouver la solution à cette impasse… Cette trace inférieure, au moins soixante mètres plus bas que ma position, me paraît malgré tout bien ténue. Je doute qu’elle soit le reflet du passage des bouquetins… Pourtant, quand même, je fini par admettre que cela peut, que cela doit être LE passage possible dans ce décor hallucinant. Nulle part à coté cela n’est possible. Je suis perplexe… A force de fouiller les plis et replis, je décèle ce que je crois être une autre trace. Cela ressemble à un embranchement qui monterait vers l’étage supérieur des vires du Pic Saint Michel, au lieu de rester à l’horizontale. Je n’ose croire à la réalité de cette deuxième possibilité ! Ce que j’appelle « trace », est en fait à peine un trait. Surtout, elle emprunte une longue écharpe herbeuse, visiblement très raide, large de moins de dix mètres en partie basse, finissant à moins de deux mètres en partie haute, et, surtout, sans aucune « rambarde » sur l’ensemble du passage !!! Aucune protection !! Je suis pétrifié, et commence à me sentir angoissé… En fait, cette angoisse n’est pas tant à cause de l’idée que des bouquetins puissent passer là, je ne me fais pas de soucis sur leur agilité. Cette angoisse est plutôt due à l’idée que, si d’aventure je me trouvais au pied de ce toboggan, je puisse avoir l’envie de le remonter !!! Ayant fait le plein d’images et d’observations, je suis rentré au Peuil, en sachant qu’il me faudrait revenir, non pas par le Nord comme aujourd’hui, mais par le Sud, depuis le pied du Pic Saint Michel, au départ du plateau de Saint Ange… Vendredi, midi et demie, plateau de Saint Ange… : L’impatience de découvrir de nouveaux recoins, de trouver une solution ; le climat suffisamment clément même s’il a plu cette nuit, font que je suis en train de me préparer à randonner du vertige… Les commentaires humoristiques des Bivouakeurs me reviennent à l’esprit. Mon sourire s’élargit, de la chaude amitié que je ressens dans leurs propos… Je suis flatté de leur envie de voir durer cette histoire, pour ces récits, que les émotions et l’inspiration me permettent d’en extraire. Mais je souhaite, de tout cœur, avoir quand même le mot de la conclusion, dès ce soir si possible… Les couleurs automnales des feuilles sur les arbres me remplissent de joie, tellement ce tableau de la nature est beau. Je laisse un petit message téléphonique à Guillaume, des fois qu’il ait l’envie de quelques clichés supplémentaires, sur ce type de paysage… Et quand il me rappelle, nous parlons avec le même plaisir de cette nature… La remontée du Pré du Four, avec la majestueuse vision du Pic Saint Michel, me rappelle de lointains souvenirs d’escalade… Dans la forêt, la terre du chemin est très grasse ! Je crains de mauvaises conditions, pour tout à l’heure, sur les vires… Un peu après le Pas de l’Ane, je coupe droit dans les sous-bois, face à la pente. J’aime cet effort, intense pour le cœur, et qui me fait chaud… Le bruit des chaussures sur le tapis des feuilles; le craquement des branches sèches sous les pas; le tronc de l’arbre saisi de la main pour aider à la montée.. Sorti des arbres, la présence du Pic Saint Michel, sa volumineuse présence, m’enchante ! Je rentre dans le monde d’en haut… Il y a, sous le Pic, plusieurs barres rocheuses les unes au-dessus des autres, créant plusieurs étages successifs de vires. Au moins trois étages, peut-être quatre. Je traverse en biais vers la barre la plus basse. Evidemment, un sangle est là, bien net. En ai-je seulement douté ?? Son cheminement, légèrement descendant, est agréable. Et même parfois, l’ambiance y est forte, avec des profondes ravines vers le bas, bien abruptes. Au pied de la falaise, des strates de calcaire jaune, créent de vrais trottoirs à un mètre ou deux au-dessus du sol. Largeur de ce trottoir : quarante centimètres ! Je fais l’équilibriste, et les emprunte à chaque fois… Par moment, une trouée dans les arbres permet de voir, au loin, les falaises du Grand Cheval. A cette distance, je n’arrive pas encore à en distinguer suffisamment les détails, et ne vois pas encore l’éperon au centre du cirque austère. Toutefois le caractère impressionnant de ces hautes falaises est sensible, dû à leur ampleur. A force de descendre petit à petit, en suivant le pied de la barre, j’ai le sentiment de me fourvoyer, trop vers le bas. De plus, la végétation s’épaissit, rendant la progression laborieuse. Je choisis un couloir, et le remonte, dans l’idée de gagner un étage d’altitude et de retrouver ainsi plus de panorama. Ce programme réussit, en faisant toutefois un petit passage d’escalade, moitié sur caillou, moitié sur arbre… Au débouché, je retrouve de nouveau un sangle, au pied de la falaise suivante ! Tout est si simple !! Ce sangle est bien marqué, et circule dans une zone où la végétation est moins dense. J’avance. Le plaisir monte en intensité ! Un brin de tension se manifeste aussi en moi… Je le sais bien : j’approche de la zone dans laquelle la jonction avec le parcours d’avant hier va pouvoir se faire. Y aura t-il une jonction ? La solution, la possibilité d’une solution, si elle existe, va m’être connue bientôt… Je suis impatient. Impatient d’avoir la réponse à cette interrogation, enfin ! Mais en même temps un peu inquiet. Inquiet, parce qu’une réponse négative ne peut pas être écartée, et qu’alors le blocage peut être rédhibitoire. Le sangle se faufile dans les replis et les arbres du terrain, et, sans que je ne l’aie vraiment anticipé, me dépose sur un petit replat, constituée par un virage serré au niveau d’une arête. Contrastant avec le champ de vision plutôt resserré qui prédominait jusqu’alors, je me trouve maintenant, d’un coup, face à un panorama « grand large » !!! En un vaste arrondi, devant moi, se présente un cirque de hautes falaises, cachées jusqu’alors, et montant tout en haut, jusqu’à la crête !! Jusqu’au ciel !! La vue est splendide, voire même impressionnante ! Ma marche en a été stoppée ! Bluffé par une telle surprise, par une telle beauté, je ne sais plus où regarder tellement il y a de choses à voir… Je reprends mes observations, et cherche aussitôt l’éperon sur lequel j’ai terminé mon cheminement avant-hier. Je cherche le couloir dans lequel j’imaginais la descente possible… Là-haut probablement, c’est lui ?! Oui… Et pendant que mon premier coup d’œil restait encore sur le panorama global, un bruit de cailloux, à gauche, pas loin, me fait tourner les yeux. A vingt mètres tout au plus, un bouquetin est là, inquiété par ma présence, et qui commence à fuir. Mon arrivée inattendue au détour du sentier l’a surpris. Il part sur le sangle, le même que je suis, à l’horizontale devant moi. Dans l’arrondi que forme le relief ici, je vois le bouquetin par le travers !! A peine commence t-il à courir, que deux autres un peu plus loin, bien plus petits ceux là, détallent également sur le sangle. Et je suis là à contempler, en fait, une maman bouquetin et ses deux petits !! Splendide ! Ils courent. Ils s’arrêtent, et me regardent. Ils re-courent. Ils s’arrêtent… De plus, pour accentuer la magie de cette vision, le sangle est tellement étroit aux endroits où ils l’empruntent, que je me demande comment ils peuvent réussir cet exploit d’équilibre !!! Ils sont, comme les gravures égyptiennes, plaqués à la face rocheuse !! Par contre, ces bouquetins, eux, sont mobiles. Ils sont même véloces… Cherchant à m’asseoir pour profiter de tout ce spectacle, je trouve une pierre plate sur le côté amont du sangle. Elle est à bonne hauteur, et me paraît accueillante. Deux creux symétriques, adaptés à l’anatomie humaine, me font penser à ces sièges de tracteurs d’antan, en métal tout rouillé, sur lesquels les paysans prenaient place. Ayant enlevé quelques feuilles et cailloux de sa surface, je m’assoies… Parfait ! Cette assise est vraiment parfaite. Un nom me vient aussitôt, pour la baptiser : le Strapontin ! Voilà ! Le temps que je fasse ces trois mouvements, que je me retourne, j’ai perdu de vue les bouquetins… Ils n’ont pas pu traverser tout le cirque en si peu de temps, il est trop long. Mais alors ? Où sont-ils ? Mystère ! Je ne comprends pas… Je m’en veux de ne pas avoir fait attention à bien les suivre des yeux. Maintenant, c’est foutu ! Je reviens à mes observations du secteur. Le sangle traverse à l’horizontale sur cette strate très aérienne ! Est ce possible pour un être « non-bouquetin » ?? Je me pose la question sérieusement. Et plus particulièrement encore, à propos d’un passage tout en roche, tout en verticales, et apparemment rien à plat… Ce cirque est infernal !! La courbure qu’il adopte est utile à la belle vision touristique qu’il me procure, certes ! Par contre, cette vision étant de face pour la plupart du parcours, cela en complique l’analyse objective ! Et je doute de pouvoir faire le cheminement sans être assuré, avec corde et pitons… Il est temps de manger. Cela fait environ deux heures que je cours, c’est le moment ! Assis sur mon strapontin, confortable, je regarde ce Pays fabuleux… M’habituant petit à petit à ces présences oppressantes de si hautes roches, détectant des points d’aide sur la vire du sangle en face, reconnaissant l’éperon de mercredi passé, estimant que le couloir de descente est envisageable en tout cas pour sa partie basse, je reprends confiance et envie d’aller sur place, voir et tester… Pour commencer, je choisi de rester sur l’horizontale, sur le sangle, et d’aller au bout du bout du cirque, pour retrouver les pentes herbeuses au delà, celles sous le sommet du Grand Cheval. De l’autre côté du cirque, a l’endroit où le sangle fini à ma vue, et où il passe sur la crête, je remarque que la trace est blanche, sur le calcaire ?! Et qu’elle monte en diagonale. Je note le détail, pour utiliser l’information si besoin était. J’avance. C’est pentu, bien sûr. Mais cela passe bien. La concentration est nette, mais pas trop intense. Cela me laisse la marge de manœuvre pour regarder les lieux. Pour profiter du paysage. Ici, comme tout à l’heure, les strates de calcaire forment un trottoir pour les pieds. Seule la largeur change. Vingt centimètres !! Ce n’est pourtant pas de l’escalade. Simplement de l’équilibre… Mais je ne suis pas suicidaire : les pentes d’herbe ne sont qu’à un mètre en dessous, et ici, maintenant que je suis sur place, elles ne sont pas aussi raides que vues d’en face… Tout est bien ! Passage au pied du couloir descendant de l’éperon de mercredi. Confirmation que cela passera, en mettant les mains bien sûr, pour remonter ces marches d’escalier. Je verrai cela plus tard… Suite, à l’horizontale… Vraiment, maintenant que je suis habitué, c’est du gâteau !! Etre attentif, à chaque seconde, oui c’est vrai. Mais crispé ? Non, plus là, plus maintenant ! Je commence à ressentir un vrai bonheur. Je me retourne, pour regarder le parcours suivi : ça a vraiment de l’allure !!! Quelle ambiance ! C’est fantastique !! Je veux rester concentré, mais des éclats de rire sortent de la bouche. Je sens le bonheur et la joie d’être là qui enflent en moi… J’arrive à la trace blanche sur le calcaire, celle que j’avais repérée depuis l’autre bord du cirque. Cela signifie que je suis bientôt à la fin de cette traversée… En regardant de près le blanc, sur le caillou, je constate bien que ce sont les sabots des bouquetins qui en sont l’origine. Il est facile d’y remarquer aussi les traces marron de la terre apportée là par eux, quand ils passent. Le sangle reste sur une horizontale. La trace blanche, elle, monte en biais vers la crête. Je choisis de faire confiance aux bouquetins, puisqu’ils passent là. Aie ! Ce passage est délicat ! Le calcaire est un peu incliné, et non plus complètement plat. Les marches sont courtes, pour poser les chaussures. Il y a pas mal de gravillons. Et surtout, surtout !! le bord de la vire est là, tout proche, à droite… Je comprends, plus que je ne vois, qu’il y a la falaise en dessous. Qu’elle est très haute !! Ici, c’est un passage dangereux ! Très dangereux ! Il pourrait paraître anodin, mais en fait il ne l’est pas. En cas de glissade, tout serait très rapide… Et le piolet ne servirait à rien sur ce caillou !! Je prends conscience de tout cela, et m’applique au maximum, sans précipitation… Quand j’atteins la crête, avec les marches de nouveau larges, et les pentes d’herbe, peu raides ici, je me sens soulagé, et me promets de passer au retour par l’horizontale en dessous, qui m’a paru plus sécurisante. Je suis arrivé sur les pentes sous le Grand Cheval !! Une première partie de mon envie vient de prendre réalité !! Bonheur… A suivre...........


Bernard MAZAS
19-10-2006 13:36:49

[quote:e3df636509="pascal sombardier"]Je vois pas de qui tu parles. (lui ??? : ../photos/photos.php?id=7939&id_sport=2[/quote:e3df636509] Je n'y avais pas pensé. Manque un peu de souplesse, semble-t-il ? Mais, les vires, il doit connaître...


pascal sombardier
19-10-2006 12:08:39

Je vois pas de qui tu parles. (lui ??? : ../photos/photos.php?id=7939&id_sport=2 En tout cas, François m'a promis de m'emmener un jour dans ces vires de la Roche St-Michel que je ne connais pas. J'attends donc qu'il en ait fini l'exploration, qui semble complexe...


Bernard MAZAS
19-10-2006 10:34:14

[quote:d3879a6a46="François LANNES"]Et puis, si je ne m'en sors pas tout seul, je me ferai aider[/quote:d3879a6a46] J'ai un gars à te proposer qui me semble "en situation", et en plus il habite pas très loin de chez toi. Un peu ombrageux, parfois de mauvaise foi, mais au final d'un commerce agréable et surtout rien ne lui résiste.


François LANNES
19-10-2006 10:10:09

Vous êtes bien sympa, les copains, mais je compte malgré tout trouver un passage dans ce coin !!! Et puis, si je ne m'en sors pas tout seul, je me feai aider A+ François


Bernard MAZAS
19-10-2006 08:38:19

Oui oui, François, continue à ne pas trouver. :D :D :D


GLaG
19-10-2006 07:42:18

Merci de ce nouveau récit... Et ce qui est bien, c'est que tant que tu ne trouveras pas le passage, tu y retourneras, ce qui nous promet d'autres récits :-)


François LANNES
19-10-2006 00:11:28

Suite du récit d'avant hier : (Mea culpa : j'ai écrit Petit Cheval, alors qu'il faut écrire Grand Cheval...) Aujourd’hui mercredi 18 octobre, La matinée était occupée jusqu’à midi. Ensuite, pas de programme de prévu. En rentrant de Grand-Place, j’avais la Grande Roche face à moi… Comment faire ?? Comment résister ?? Pour moi, en ce moment, c’est impossible. J’ai craqué ! Et comme au bon vieux temps, en deux décisions, en trois mouvements, je suis lancé… Le temps de manger un peu, tout de même ; de prendre les affaires ; de laisser un mot sur la table de la cuisine : « Je suis au Peuil. Retour à 18 h ». Le temps n’est pas terrible, dans la vallée ; il y a des flous dans le ciel. Et, en montant sur la route vers le Peuil, je constate que le ciel s’éclairci. La purée, c’est pour la ville, mais pas pour la montagne… Tous les décors deviennent plus nets, se précisent, se détaillent. Finalement j’ai de la chance, ici, en haut, c’est parfait, même s’il n’y a pas de soleil. J’en profite pour regarder la falaise avec attention, parce que les dernières fois où je voulais le faire, il faisait déjà nuit… La cheminée de lundi dernier est facile à situer, à gauche un peu avant les zones de vires sans forêt ; mais la facette de vendredi d’avant, elle, je n’arrive toujours pas à savoir exactement où elle se trouve !! C’est vexant, de ne pas pouvoir situer la chose… Mais quoi faire de plus, sinon de retourner au même endroit ?? Le programme du jour, c’est d’aller le plus loin possible vers le Sud, en longeant le pied des falaises supérieures. Et je n’ai que quatre heures de temps pour cela… Donc il ne me faut pas trainer ! Le chemin que j’ai choisi me prends une petite heure jusqu’au rocher. Il est très agréable, parce très progressif dans la prise de dénivelé : un crescendo parfait ! Et les dernières pentes sous les barres de calcaire sont bien bien raides !! Là, avec plaisir, je retrouve le sangle qui court le long de la base. Il commence à m’être familier, et nombreux sont les passages que je reconnais… Je vais bientôt me sentir chez moi ! L’intelligence des bouquetins me fascine. Ils tracent le chemin avec une économie d’efforts optimale, au milieu de cette forêt parfois touffue. Systématiquement ils coupent à flanc, alors que le pied de la falaise s’éloigne vers le haut, pour rejoindre le rocher plus loin, quand la falaise s’abaisse à nouveau. Ces choix de tracés me paraissent à chaque fois surprenants, mais, à condition de leur faire confiance, la marche se fait en toute économie de ses forces. Je me régale de comprendre leur façon de faire, et, comme en un jeu, je me laisse guider à leur gré. Le problème de la recherche de l’itinéraire est ainsi résolu, et d’une manière que je trouve des plus élégante qui soit… A chaque changement de relief, une petit barre de rochers, une vague ravine, un long porche surplombant, je quête le sangle, sans même regarder plus loin ce dont il retourne. Et, une fois détecté sous les feuilles de l’automne, ou bien repéré par le léger affaissement des cailloux au milieu du pierrier, j’avance en toute tranquillité, en toute certitude que je prends le meilleur cheminement qu’il soit… Justement, tiens, à propos de bouquetin, en voilà un ! Quinze mètres devant moi, au maximum ! Et à peu près dans la même zone que celui que j’ai vu avant hier…. Peut-être est ce le même d’ailleurs ?? Il bouge peu, n’a pas l’air d’avoir peur de ma présence… Continuant ma progression, je contourne l’éperon au dessus de lui. Nous sommes à moins de dix mètres maintenant. C’est magnifique !!! Tout d’un coup, il part. Tranquille… A vingt mètres, il s’arrête à nouveau, me regarde, toujours calme. Il est dans le sous-bois. Le sangle, à cet endroit, franchi une zone raide à flanc de paroi. Pour les pieds, il n’y a que des plats de terre espacés de cinquante centimètres, un peu comme des pas japonais posés horizontalement au milieu d’une pente à 50° d’angle !! Et c’est moi qui suis là, sur ces pas japonais acrobatiques… Le bouquetin, lui, est pénard dans le sous-bois, à peine pentu !! Le comique de cette inversion de situation me saute à l’esprit, et j’éclate de rire… A voix haute, je m’adresse au bouquetin, et lui explique que j’emprunte très provisoirement son chemin. Que je vais partir sous peu, et qu’il sera de nouveau tranquille, chez lui… Petit à petit, je sors de la forêt. J’arrive aux pentes en herbe, visibles sous le Grand Cheval. Le paysage s’ouvre !! C’est beau, c’est magnifique. Belledonne, le Taillefer, la chaîne du Grand Armet, le Dévoluy… Même s’il n’y a pas de soleil, c’est beau ! Ici le sangle n’est pas très marqué : il est suffisant. Il me mène sur un premier éperon. Au dessus, la falaise finale de la Grande Roche Saint Michel. Elle fait sûrement moins de cent mètres de haut. En dessous, il y a maintenant une barre de rochers : la Randonnée du Vertige est entamée !! Je sens le plaisir qui monte d’un cran. Derrière l’éperon, une petite pente herbeuse, courte, puis un saut de dix mètres par dessus une barre de rochers !! Diable ! Me suis je déjà fourvoyé ?? J’ai un moment d’hésitation. Comme un flash, je regarde le sangle. Il continue, droit devant ! Disparaît derrière deux sapins… Retrouvant la confiance qu’il m’avait inspiré au long de son parcours dans la forêt, je me dis que, s’il va devant, c’est que cela passera ! J’avance. Et comme par miracle, là où va le sangle, disparaît la barre de rochers, et je traverse facilement. J’éclate de rire à constater comme tout est simple quand on suit la trace des bouquetins… Le grand cirque qui s’ouvre devant moi est splendide. Une longue pente d’herbe, peu raide, amène jusqu’au deuxième éperon. Je vois toujours le sangle, ce qui me tranquillise quant au prolongement de la randonnée. Par contre, ce sangle va se ficher dans un contrefort, bien raide lui malgré qu’il soit court, qui me donne un peu d’hésitation. La confiance, maintenant aveugle, que je voue au sangle me fait avancer. Et, sans coup férir, je franchi l’éperon ! C’était simple, avec juste deux pas à faire en s’aidant des mains. Merci les bouquetins ! Ce deuxième cirque est très venté, lui. Je m’habille. La falaise s’est raccourcie, au dessus de moi. A peine quarante mètres. Mais aucun passage ne me permettant de finir le franchissement ! Je reste coincé en dessous ! Mais, ce que je vais trouver ici, en dessous, vaut toutes les récompenses… Le sangle me fait passer, à l’horizontale, par une succession de porches tous plus magnifiques les uns que les autres… Le summum, ce fut celui qui était garni d’herbe bien verte et douce, bien à plat, bien à l’abri de l’éventuelle pluie, et bien en face d’un panorama grandiose… Je suis béat !!! Et, pour parfaire ce décor digne des Mille et une nuits, il y a un siège creusé dans le mur du fond, pile poil à la taille humaine, avec une assise confortable… Tel le Pacha, je me suis assis dedans quelques instants. Le troisième cirque est, lui, très austère ! Si les falaises ne sont plus que de vingt mètres au dessus de moi, elles ont en revanche plongé de plus de cent mètres en dessous !! Et je me retrouve perché, sur un espèce de balcon étroit, entouré de toutes parts par le calcaire… Je n’en mène pas large. Même si le sangle est encore là, j’hésite à m’y engager dessus. Sous moi, de très raides pentes d’herbe, mélangée à du fin cailloutis, m’incitent à beaucoup de prudence ! Ayant reprit un peu de calme, je m’engage dans ce balcon en légère descente. Au bout de trente mètres, il n’y a plus d’alternative : il faut descendre dans la pente d’herbe !!! En tout cas, les bouquetins vont là en bas, eux ! Leurs traces sont bien nettes… Progressivement, avec le piolet planté par la pointe, je descends. Fort heureusement il y a bon nombre d’arbustes. Leurs troncs sont assez solides pour constituer des prises de deuxième main… En vingt mètres, j’atteins un éperon détaché de la face, et qui occupe une position centrale dans ce cirque. Je scrute sur les deux flancs de cet éperon, pour comprendre où va la suite. J’ai bien une idée que le flanc droit est celui qui permet de continuer, mais cela devient maintenant trop compliqué et dangereux pour moi. Je décide de m’en tenir là, et de faire demi-tour. Cette décision me soulage, même si elle ne me fait pas remonter d’un bond les derniers vingt mètres. Je remonte. C’est vraiment très raide ! Le balcon, dans le sens de la sortie… et me voilà revenu dans le deuxième cirque ! Ça va mieux ! Pour franchir ce troisième cirque, il me faudra m’y prendre autrement, c’est sûr ! Et pour aujourd’hui, je suis heureux ! J’ai eu plein de belles choses à voir et à vivre…


scal
18-10-2006 16:57:50

FJS : Furets Jaunes de Seysins enfin, du temps où je randonnais sous terre c'était leur marquage...


pascal sombardier
18-10-2006 10:48:23

FJS, c'est sûrement un club spéléo, peut-être celui de Fontaine qui a toujours été au top. Tu peux consulter ce site : http://cds38.free.fr/speleo.php/308-28-sommaire_scialet.html Sinon, Monsieur Spéléo, c'est Baudouin Lismonde et tu peux l'appeler de ma part (voir annuaire Grenoble), vu qu'il est toujours ravi de parler spéléo et qu'il connaît tout. Je n'ai jamais vu une passion pareille : je sortais avec lui au début des années 70 et, par amour du soleil, j'ai arrêté, mais lui, il n'a jamais faibli une seconde... Sûr qu'on a des surprises avec ces gars-là. Ils vont partout. Sur la terrible vire des Rochers de Lorzier au-dessus de Charminelle, je suis passé en 2002 devant un trou avec un fort courant d'air. Tout content de ma découverte et sûr que personne n'était jamais venu dans un coin aussi difficile d'accès, je passe la tête dans l'ouverture : il y avait du matériel entreposé à l'entrée !! Étonné, je téléphone à Baudouin qui me dit "ah oui, bien sûr, le trou souffleur de Lorzier, ça fait 15 ans qu'on en fait l'exploration.". Ah bon....


François LANNES
18-10-2006 01:40:13

La Grande Roche Saint Michel ! Rien que le nom, déjà, a de l’allure… Quant à la falaise elle même, je lui trouve de la classe. Cette longue bande de calcaire avait toujours capté mon regard, à chaque fois que je rentrais chez moi, roulant sur l’U2 grenobloise. Je la croyais inaccessible, et surtout infranchissable, sauf pour quelques grimpeurs. Aujourd’hui, grâce à l’impulsion provoquée par ces fameuses Randonnées du Vertige dont Pascal nous a enseigné l’existence, je me suis nettement rapproché de cette superbe muraille. Les premières sorties ont été pour ses deux vires principales, qui relient la zone du Peuil aux éboulis vers le Château Bouvier. Il suffisait d’y aller C’est vraiment très beau. De plus, au milieu, elles se joignent l’une à l’autre, à hauteur d’un magnifique éperon. Cet éperon se détache de la face, et donne un point de vue de toute beauté sur l’ensemble, vers le Sud et vers le Nord. Hors les bouquetins qui y sont nombreux, je n’étais pas le premier à passer là, bien sûr. Les sorties suivantes, je les ai adressées à la zone comprise entre ces deux vires, au Nord, et le Petit Cheval, au Sud. A ce niveau là, la forêt est présente. Cela modifie l’ambiance. Parfois un peu broussailleux. Souvent majestueux, avec de beaux arbres, au tronc tourmenté. Les bouquetins tracent leur sangle tout au long de la Roche. C’est magnifique ! Et très rassurant comme indicateur de passage. A chaque fois que je me retrouve hors sangle, je me dis que je suis dans l’erreur, ou bien dans une impasse ! Il y a de nombreux auvents, au pied de cette falaise, et dans la plupart les bouquetins ont fait leur emplacement de nuitée. Certains de ces auvents ont d’ailleurs le sol en sable si fin que cela ressemble à de la farine. C’est tout à fait surprenant ! Quelques auvents constituent des belvédères époustouflants de beauté, dominant toute cette vallée, où nous vivons, si nombreux… Parfois, je me dis que je viendrai passer une nuit chez les bouquetins, et que, au petit matin, je déjeunerai face au soleil se levant par dessus Belledonne… Je cherche à traverser cette falaise, vers le haut, pour déboucher sur les arêtes du Vercors. Il y a des vires, nombreuses, mais pas complètement reliées les unes aux autres. Je me dis qu’avec un peu d’astuce, de persévérance, un peu de chance, je finirai par y arriver. Jusque là, je me suis arrêté deux fois en cours de montée, en ayant le sentiment d’être à environ quarante mètres sous la crête, mais en refusant d’aller plus loin parce que la « dose d’exposition » est assez forte comme ça… Tant pis, ce n’est pas grave. Je reviendrai. Bien sûr que l’objectif final m’est important : arriver à la crête. Mais la route pour y parvenir n’est elle pas belle, elle aussi ? Oui, évidemment. Je me plais tellement, là haut… Les sorties prochaines, je les ferai probablement dans la partie encore plus au Sud, entre le Petit Cheval et le Pic St Michel. Là, je ne connais encore rien : c’est génial !! Que du Bonheur… Nota 1 : Au bord d’une grotte, j’ai lu les inscriptions en rouge « FJS » (ou peut-être « FJ5 »). Quelqu’un sait-il ce que cela veut dire ? De plus je suis arrivé au bord d’un trou (grotte) sans aucun repère ni équipement, bien que d’au moins dix mètres de vertical. Comment se renseigner auprès de spéléos pour en savoir plus ? Nota 2 : Etant actuellement en panne de matériel photo, quelqu’un aurait il une (ou des ) photos de cette falaise, pour que je puisse m’y retrouver mieux. A force de circuler dans tous les sens, je perds mon latin… Merci d’avance pour les réponses. A+ François


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