Croisse Baulet par l'arête Sud-Ouest

L'échelle de Jacob.

Étonnante cette balade, elle se passe intégralement sur la longue épaule, celle qui plonge directement du sommet vers la vallée, il faut grimper palier par palier sur un joli sentier pour aboutir tout près du ciel, comme la biblique fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Jacob_%28Bible%29. Au sommet, la vue est belle, avec le massif du Mont Blanc juste en face, sans qu'aucune crête ne nous en sépare, juste l'immense vallée de Saint Gervais. C'est la première fois que je vais sur ce sommet et c'est une agréable découverte, l'impression de panorama est surprenante, un peu comme si c'était la meilleure place pour un Opéra, un fauteuil d'orchestre! L'Opéra des cimes en quelque sorte.

Peu après avoir rejoint la longue épaule sud, par dessus les beaux chalets savoyards, la brise s'est tout de suite fait sentir, elle me pousse gentiment vers le sommet, entretenant une douceur agréable, pour devenir plus haut un peu trop insistante. Une fois passés les deux raidillons, la dernière longue traversée me rassure, ce doit être du thermique car le vent au sommet est faible quoi que mal orienté, enfin là-haut y a pire. Non il vient presque du sud avec une petite composante ouest, bref la brise est dans l'axe de la crête qui est horizontale à cet endroit. Je n'ai pas d'autre alternative* que de gonfler la voile du sommet, pivoter légèrement vers le sud et courir en travers de la pente.

Je laisse au sommet les premiers randonneurs, un traileur et ses deux enfants, en dessous, il en arrive de toutes parts. Le décollage se passe bien mais le vol commence par une belle dégueulante... avant de prendre le thermique situé à l'endroit où la crête plonge vers la Giettaz. Ma tentative pour enrouler échoue lamentablement, je me fais éjecter de la pompe par deux fois... Point trop à l'aise dans cette trajectoire en montagnes russes, j'opte prudemment par un contournement de la zone étrange et termine mon vol tranquillement au-dessus des myriades de petits chalets suisses disséminés dans la prairie, tous plus pimpants les uns que les autres.

Voilà une sortie à l'image d'une mélodie de Ludovico Einaudi que j'adore, onctueuse et sereine par cet été indien qui n'en finit pas. Einaudi est par ailleurs le compositeur de la musique du film Intouchables, excellent film que je voulais voir puisque c'est un accident de parapente à yvesballublog.canalblog.com/archives/2011/11/06/22593044.html - juste à coté de Croisse Baulet - qui est le point de départ de cette nouvelle vie décrite dans le film... et quelle leçon de vie!!!


* il y aurait bien l'option de décoller depuis la crête en contrebas vers le sud ouest mais c'est moins élégant