Montagne d'Aujour par la longue arête Ouest depuis les Girards

Le petit col d'Armande

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • 22-09-2012
  • 3h30
  • 1050 m

Ce matin il faut partir tôt car le beau temps est loin dans le sud. La préparation pour partir en moto est bien plus longue qu'en bagnole. S'il ne pleuvait pas encore quand je suis parti, il n'a pas fallu attendre longtemps avant que le ciel ne me tombe sur la tête... Des nuées sombres et sinistres roulent par dessus le Vercors, le jour peine à se lever. Je courbe l'échine et me fais tout petit derrière la bulle, il pleut maintenant comme vache qui pisse.... mais rien ne saurait entamer ma détermination. Cinq semaines sans rando-voler, c'est insupportable ! Tout ça pour une entorse de la cheville. Bon, la faculté m'a préconisé six semaines de repos, l'articulation est un peu douloureuse, nous verrons bien.

Au col de Lus la croix Haute, bonne nouvelle, il y a de plus en plus de bleu dans le ciel, le temps doit virer au beau puisque la route est encore trempée. Une fois tout le matériel remisé dans les sacoches il est temps de commencer la marche. Un peu refroidi par les températures qui ne sont plus tant estivales, je me réchauffe lentement avec la polaire sur le dos. Le chemin commence par se perdre dans un lit de rivière, si le Kiné aime bien me mettre en équilibre sur une planche, là je suis servi.... que des cailloux branlants, Ah ça commence bien pour une marche tranquille sur une belle piste !

Plus haut la raideur de la pente m'oblige à quelques contorsions de la jambe gauche.... j'espère que ça va voler, sinon le retour risque d'être un tantinet pénible. Mais mon moral est inflexible, vers le haut, vers le haut ! Après avoir croisé quelques chasseurs bonhommiques et manifestement bredouilles – c'est ballot tout en bas j'ai croisé un superbe chamois ! - j'arrive au col de l'Armande. Là il convient de ne pas rater le chemin car l'arête est vraiment effilée et les pentes plutôt scabreuses.

N'ayant pas révisé le topo de Manu Bonte, je m'étonne de prendre le flanc sud de la crête, sous une barre continue, le sentier est bon, cependant il me semblerait plus logique de monter sur le flanc nord. A la faveur d'une faiblesse dans la falaise, je rejoins la crête par un pas d'escalade des plus péteux. Funeste erreur, une fois sur l’arête, la suite du parcours est une horreur, une succession de dalles qui sont autant d'obstacles à la progression, c'est pas tant qu'elles soient raides, mais elles demandent une souplesse de la cheville que je n'ai manifestement pas récupérée.... j'ai dû mettre une heure pour faire 500 mètres de distance et 30 mètres de dénivelé. Heureusement je suis seul dans la montagne aussi puis-je m'exprimer à haute et intelligible voix... par moment j’aperçois le joli sentier 50 m sous la falaise que je domine maintenant, je fulmine.

M'enfin, avec un peu de persévérance, on finit par rejoindre une belle selle herbeuse non sans franchir une ultime barre à dé-escalader. J'ai mal à la cheville, l'heure tourne, je vais décoller ici. Manque de bol, le vent n'est pas du tout bien orienté, il va me falloir boire le calice jusqu'à la lie... Ce coup ci, je finirai l'ascension par le flanc droit, sous la falaise. A un moment, j'ai bien vu des traces de peinture dans cette longue barre, mais je m'entête malgré la disparition des cairns. Petit à petit le sentier est devenu de moins en moins praticable, un vrai sentier du vertige, une Sombarderie en somme... avec une cheville fragile, c'est pas le pied. Demi-tour droite, pour retrouver les traces de peintures. Effectivement ça passe sans problème malgré un aspect rébarbatif.

Une fois sur le flanc nord, j'essaie de suivre l'arête... Enfer et damnation, encore bloqué pas des ressauts verticaux! Finalement je trouverai mon salut par une grande traversée un peu plus bas. En plus, j'ai pas la caisse et je n'en peux plus. Les derniers mètres sont un véritable pensum. Et puis le sommet est arrivé. Entre la vue splendide et le vent finalement pas si mal orienté, toutes les petites contrariétés de la montée sont oubliées. Quiétude totale sur ce belvédère. Qu'est ce qu'on est bien là-haut ! La brise n'est pas très bien orientée, mais la possibilité de décoller est réelle. En choisissant une petite dépression, il suffit de déplier la voile à peu près dans l'axe du vent. Cette petite brise est la bienvenue, car je me vois mal courir avec cette cheville qui est maintenant bien douloureuse.

Après une installation soignée de l'aile, je resserre l'atèle et les pompes, ajuste la sellette, et en avant. Le décollage est un modèle de douceur et c'est tant mieux pour l'articulation enflammée. Bon comme j'ai pris du retard le vol est légèrement turbulent, en plus il faut passer sous le vent du sommet, je me fais avoiner sévère dans les thermiques de 13h qui fusent à l'abri de la bise. Et puis tout s'est calmé, j'ai pu profiter d'une descente des plus délicieuses. Pour ce qui est de l'attérro, une fois encore les thermiques m'ont un peu contrarié. Alors que j'allais poser tranquille face au vent, une petite rafale m'a déporté à droite, du coté de la cheville en travaux... je me pose sur le pied valide mais la voile me tire vraiment sur l'autre jambe. Bon tant pis pour le style, un petit roulé boulé, ni vu ni connu c'est toujours mieux que de taper avec la jambe droite. Avec ma grande carcasse, je suis tombé comme un gros sac !

Et voilà une belle nouvelle petite sortie, Il eut été judicieux de venir reconnaître le parcours avec une cheville consolidée... La prochaine fois le chemin ne me posera plus de souci. Le retour à moto fut un régal, il est à noter qu'au confidentiel petit Col de la Croix, j'ai traversé un nuage de libellules, il m'a fallu enlever à Grenoble tous les passagers clandestins.


l'arête finale depuis le sentier sur le flanc sud
Le décollage nord
Vers l'ouest, le sommet est équipé d'un OGM moche
Décollage Nord avec du vent de travers gauche
la montagne d'Aujour coté sud
La looongue crête à remonter
Vue vers l'atterro
Le champ d'atterrissage est vaste et plat
Le confidentiel col de la croix
vue d'ensemble de la montagne d'Aujour
l'attéro et le sommet, presque caché par le pointu
Et le parking en pleine cambrousse
deux des nombreux passagers clandestins

Commentaires

Camillette
03-01-2021 18:10:42

Un buëch tout en neige ce 3 janvier d ou nous avons (presque) la presemption de décoller. La grosse poudre nous fera nous arrêter au col de l Armande avec une vue tiptop.a refaire sans la neige!

Michel Pila
26-09-2012 23:15:23

Salut Jojo Oh oui, tu peux imaginer ma situation... Un peu comme à cette [url=http://www.bivouak.net/topos/course.php?id_course=1200&id_sport=1]sortie de ski[/url], rappelles toi :wink: À bientôt

jojo_rider
26-09-2012 18:19:28

Salut Mich, Je t'imagine bien là haut en train de fulminer :wink: Attention à toi (ta cheville)... A+


Michel Pila
23-09-2012 22:38:05

Bonjour, En effet, octobre ou novembre offriront encore de belles opportunités aux volants et randonneurs, cette saison est idéale dans le Serrois. C'est une joli balade mais autrement plus facile que tes découvertes François! Mais il est vrai que l'incertitude sur un nouvel itinéraire est parfois bien intéressante et aiguise la curiosité! @ ced : persévérance certes mais moments de doutes également!

François LANNES
23-09-2012 11:10:02

Salut Michel, Compte-rendu des plus agréables à lire... comme toujours ! Rien qu'à te lire, en train de marcher sous la falaise d'Aujour, plein sud, fin de matinée voire même midi, j'en ai pris une vraie transpirée... Une belle journée d'octobre, ou peut-être même de novembre, aurait peut-être bien fait l'affaire pour aller décoller de là-haut. C'est qu'il fait chaud, dans le Serrois ! Enfin, le retour en moto a effectivement du être un régal, vu le beau temps qu'il faisait.


ced
22-09-2012 21:53:49

Et bien la perséverance a payé !



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