Après un petit intermède familial délicieux au bord de la Méditerranée me voici de retour sur les sentiers des Alpes que je parcours toujours avec un plaisir intact comme au premier jour. Un coup de bol phénoménal fait coïncider notre retour avec une journée calme et splendide... Aller hop, sur ce petit sentier probablement historique emprunté par les habitants Baujus depuis des centaines d'années.
Je marche au rythme des saisons, elles passent avec une régularité quasi astronomique, aujourd'hui par exemple, ce n'est plus l'automne et pourtant ce n'est pas encore l'hiver. La lumière rasante du soleil illumine tout, y compris les grands platanes de la nationale pour atteindre Saint Pierre d'Albigny. Ensuite il faut arpenter le long sentier couvert d'une épaisse couche de feuilles mortes, le raffut continu des feuilles sèches écrasées par mes pas couvre tous les bruissements habituels de la montagne, parfois je me retourne, persuadé que quelqu'un me suit mais personne, je suis absolument seul. A d'autres moments, je crois entendre un vent puissant qui siffle dans les branches là -haut sur la crête, mais il n'en est rien, au col de la Sciaz les conditions sont parfaites malgré la présence déjà sensible d'une brise venue du sud, annonciatrice de la grosse perturbation qui me fera probablement rester sagement à la maison demain.
Plus haut le panorama se découpe enfin clairement dans un ciel qui commence à être zébré de fins nuages d'altitude. Pas de neige au sol, quelques traces insignifiantes dans les endroits ombragés, ça tombe bien, ma semaine de marche en tongues dans les nombreux sites touristiques de l'ile de Malte n'aura pas été le meilleur remède à ma cheville encore fragile. Mieux chaussé aujourd'hui, aucun souci pour traverser les coteaux des contreforts des Bauges. La brume en fond de vallée finit de disparaître, la neige saupoudre tous les sommets, après une semaine sur une ile désespérément plate, tous ces sommets enneigés me font tourner la tête.
Là -haut, le vent souffle déjà bien, mais pas assez pour m’empêcher de décoller, de plus la configuration quasi idéale me permet une préparation sereine. Cependant pour ne pas reproduire la mésaventure de www.bivouak.net/topos/course-id_course-4587-id_sortie-11145-id_sport-16.html, je change de technique, un bon pré-gonflage dans cette brise me permet de contrôler l’organisation des nombreuses ficelles qui prolongent mon corps jusqu’à la voile. Tout va bien, alors en avant ! Un vol tranquille, je m'appuie sur le relief bien au delà du Col de la Sciaz avant de traverser le vallon pour venir caresser les flancs du col du Frêne. Un vol paisible dans un environnement superbe, quoi de mieux ?
Un petit crochet au retour chez Bruno Carle le vigneron, toujours à la tâche et retour sur Grenoble dans une ambiance déjà beaucoup moins estivale....