Si nous sommes sortis aujourd'hui, c'est bien grâce à Luc qui m'a téléphoné hier pour me proposer d'aller voler. Et le pire, c'est qu'il ne volera pas....
Malgré les météos unanimement d'accord sur la présence d'un gros vent de sud forcissant, nous écoutons religieusement Maitre Caplain qui se démarque des autres en signalant une brise atténuée vers l'Est des massifs. Luc ne connaissant pas la Girotte d'une part, et moi enthousiasmé par ma sortie de la semaine dernière d'autre part, nous décidons d'y retourner. De toute manière, je n'ai absolument pas loisir de me creuser les méninges à trouver une sortie nouvelle (j'aime la nouveauté).
A deux, la balade n'est pas la même, il ne saurait être lieu d'une séance d'introspection, à deux on échange des idées, on communique. La montée se passe donc plus « entre nous » que dans le paysage, nous marchons tout en parlant et parfois seulement nous remarquons la beauté des lieux. Je note au passage l'absence de vent au plan des Mouilles, étonnant car les balises, et celle de Bizanne toute proche notamment, annoncent des vents totalement impropres au parapente. Sur la crête jusqu'au dôme, la sérénité règne en maitre, le calme est total... pas un brin d'air, pourtant les nuages lissés par le vent sont nombreux au-dessus de nous....
Nous faisons le tour du sommet pour trouver d'où vient la brise, elle est faible mais il semble bien qu'elle vienne du sud-est. Les voiles sont étalées en conséquence. Luc avec sa petite Spiruline est prêt en moins de deux. Alors que j'en termine avec ma préparation, il démarre dans la faible pente, la voile monte parfaitement, tout semble se dérouler à la perfection. C'est sans compter sur une petite brise soudaine venue de la gauche qui détourne sans en avoir l'air la trajectoire de Luc, je le vois donc courir non plus dans la ligne de plus grande pente mais insensiblement dévié vers la gauche. Au bout de quelques secondes, je ne vois plus de l'équipage volant que la voile... et vu comme elle bouge, il ne vole toujours pas. Puis il disparaît totalement de mon champ de vision.
J'ai compté les secondes qui se sont écoulées inexorablement en attendant que la voile ne ressurgisse dans le paysage. Mais rien, juste un décor totalement immobile. Je me dé-harnache donc pour aller voir. Moments de doutes que sont ces instants à scruter la pente tout en courant vers le point où Luc a disparu.... dans quel état vais-je le retrouver ? C'est que ça va vite une spiruline ! Alors que la pente se fait plus raide et que les arbustes encombrent la prairie, je le retrouve enfin ! Debout, en pleine réflexion sur la conduite à tenir pour défaire la voile du petit sapin de presque trois mètres. Ouf pas de bobo, c'est l'essentiel. Nous démêlons sans trop de peine sa voile, c'est vrai que c'est commode ces petites voiles, vite démêlées et vite pliées. Nous remontons au sommet du dôme. C'est quand Luc a ré-étalé qu'il s'est rendu compte d'une déchirure sur 30cm. Les espoirs de descendre par les airs se sont envolés pour lui. Ah si nous avions un bout de tissu autocollant, une réparation de fortune aurait pu être entreprise, mais nous n'avons rien.
D'un commun accord, je décolle donc seul, ne serait-ce que pour protéger ma cheville d'une descente trop rapide. L'envol est laborieux sans une brise de face. Le vol n'aura pas duré, entre l'absence de vent et de soleil, rien ne pourra prolonger les minutes de ce petit vol. j'atterris finalement dans un terrain propice, face à une brise légère dont la direction est matérialisée par la cheminée fumante d'un chalet tout à coté du terrain. Je n'ai pas attendu Luc trop longtemps, il faut dire que la balade n'est pas très longue. Voila, il est regrettable que nous n'ayons pas pu voler de concert, nous interdisant ainsi de partager le bon moment du vol.