Suite à l'échec de la dernière fois, je suis décidé à retenter le Pinet (je m'aperçois que je fonctionne vraiment pas cycles géographiques). Nuance par rapport à la précédente tentative ; cette fois-ci, ce sera tout seul. J'ai envie de ça en ce moment et par ailleurs, en partant sans Julien, je suis certain de connaître mon heure de départ avant d'être parti.
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Entre Saint-Pierre et la Plagne, c'est vraiment une ambiance post-hivernale, tant au niveau des températures que de l'aspect général. Les pentes blanches sont creusées des desquamations marron-fécal de la fonte et on devine la lourdeur du manteau neigeux à ses reflets suitant d'humidité. Arrivée autour de 11h00 au parking et début de la marche vers 11h30.
Je décide donc cette fois de ne pas suivre la circonvolution de la route forestière, mais de tirer tout droit depuis le haut du hameau, par le sentier qui attaque la pente de face. Ca me confirme ce que j'en pensais : à part se rallonger inutilement en pleine ombre, l'option de la route ne sert à rien (peut-être en été, pour l'ombre, à la rigueur). Arrivée 50 minutes plus tard au Col de l'Alpette où la neige redevient à peu près de la neige. Avant ça, sur tout le sentier, il s'agit plus d'un mélange pulvérulent de glace que de flocons. Il n'y en a d'ailleurs plus pour très longtemps si ça ne retombe pas car dans la fôret, on commence à retrouver les feuilles de l'automne au pied des arbres. Je me restaure à l'Alpette qui jouit d'une appréciable tranquilité et profite du passage de deux chamois qui arrivent en provenance du Granier. Après cette pause glandouille solaire, je reprends mon chemin en direction des cabanes, puis sur le GR. Arrivé à la bifurcation du sentier estival, il y a cette fois-ci pas mal de traces. Rien ne garantit, excepté leur nombre, qu'elles connaissent plus de succès que celles que nous avons laissées il y a 15 jour avec Ju... Je décide de poursuivre sur le GR jusqu'au ruines du habert, puis de cingler à doite pour atteindre le sommet. Ca me permettra d'emprunter cette section de la réserve que je ne connais pas encore.
Météo France annonçait un temps merveilleux alors que Caplain était plus réservé et subodorait la présence d'un voile de haute altitude : Il avait bien raison... jusqu'à 15h30. Le ciel bleuit alors même si ce n'est pas parfait. L'itinéraire entre le habert et la crête du Pinet est un ravissement ; on fait sa trace dans une neige douce, les pentes sont modérées et la densité végétale relative permet d'être bercé dans la lumière. Arrivé au sommet sur le coup de 16h00, je compte attendre tranquillement le coucher du soleil. Il y a un petit vent, mais rien d'exceptionnel et les températures sont douces... tellement que le sommet lui-même est décrouté. Je prends sans conviction quelques images. En bas, la mer de nuages commence à remplir le bassin que forme la vallée des entremonts : les flots de nuages du Sud et de l'Ouest se rejoignent au niveau de Saint-Pierre.
La fiotte qui sommeille en moi se réveille alors. Le niveau de la mer semble s'élever rapidement et bien que je sois environ 700m au dessus, je crains qu'en ne restant trop (encore 2 bonnes heures), cette dernière ait le temps d'atteindre la réserve et ne me complique le retour. Autant la redescente Alpette - La Plagne en nocturne et dans le brouillard ne m'effraie pas, autant la portion Pinet - Alpette, elle, ne me ferait pas rire du tout. Je décide donc de repartir, vers 16h15. Plutôt que de suivre ma trace à l'envers, j'emprunte celle qui correspond au sentier d'été (version crête). Je compte gagner un peu de temps dans le but d'arriver à l'Alpette au coucher du soleil dont je n'attends pas de miracles, vu qu'une laitance grise flotte quand même encore dans l'air...
Ben j'ai tout faux. D'abord le coucher de soleil est magnifique. Ensuite, je n'aurai pas le temps de rejoindre les cabanes pour en profiter, même en courant sur la fin. Je verrai donc toute la palette de couleur, du jaune au violet, s'étendre sur le Granier, mais depuis la fôret et avec des sapins pour me gacher la vue. Je m'offre une longue pause thé au refuge, qui est désert. [...] Je reprends mon chemin et continue ma descente pour arriver vers 19h30 à la Plagne. Les températures sont encore assez douces. La mer de nuage n'a pas tenu, il n'en reste qu'un brouillard sur certaines portions de route. On a l'impression de rencontrer la Vierge ou Bouddha dès qu'on croise un véhicule. Retour à Lyon vers 21h00. Sur la route, en passant par le Pont-de-Beauvoisin, je constate que certains ont visiblement du mal à accepter l'idée que les fêtes soient bel et bien finies.