Charmant Som depuis la bergerie

Les sources météo annonçaient une journée très ensoleillée pour ce Vendredi. J'avais donc décider la veille au soir de poser ma journée pour aller randonner, malgré ma fatigue du moment. Vendredi au réveil, je regarde les webcams et c'est franchement moins folichon que ce qu'on prévoyait, sauf à 2000 m. Je regarde le site de Météo France qui, malgré la couverture nuageuse assez basse, annonce encore un ciel radieux. S'il y avait un numéro de téléphone où les contacter, je le ferais bien pour leur suggérer de jeter un coup d'oeil par la fenêtre...

Ma journée de RTT étant "perdue", je me force quand même à y aller, l'autre alternative consistant à passer la journée à roupiller. Je pars vers 11h30 en espérant que les brumes se dissiperont pendant l'heure et demi de route qui me sépare de la Chartreuse. Le trajet n'est pas outrageusement encourageant, entre la grisaille du ciel et les plaques de neige crade sur le bord des routes. Je vise le Pinet, mais en arrivant à Saint-Pierre d'Entremont, je réalise que c'est mort. La couche de nuages semble installée à 1500 m, pile dans la zone de la réserve des Hauts à éviter par temps de brouillard. Je me décide donc à filer au Charmant Som, me disant que la route ne laisse aucune chance de se perdre, même si la visibilité est proche de zéro. Par ailleurs, la fréquentation ne devrait pas être excessive hors WE. La Chartreuse est bien enneigée, les sapins sont saupoudrés et je profite pleinement de la route et des paysages qu'elle offre.

Arrivé au Col de Porte vers 13h30, il n'y a pas trop de véhicules. Il fait un bon - 5° et je commence ma marche sans trop savoir si j'aurai l'occasion de crever les nuages. Je rencontre quelques promeneurs / skieurs auprès desquels je me renseigne. Les nuages stagnaient dans la matinée à l'Oratoire d'Orgeval mais semblent en phase ascendante. Rien n'est donc certain. Il fait bien froid dans cette humidité et les arbres l'illustrent à merveille.
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Après 1h05, j'arrive à l'Oratoire. J'admets qu'à ce moment là, vu la densité des brumes, je commence à sentir une pression extérieure sur mon sphincter, comme si quelque chose se préparait à s'y intromettre avec violence, malgré son caractère attendu et annoncé.
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Je décide de tenter ma chance au sommet malgré tout : après deux heures de route et une de marche, ce serait stupide de ne pas faire la dernière, même si c'est pour rien.

Alors que j'arrive à la bergerie, le gris ambiant passe au blanc : c'est que je suis proche. En un instant, une tâche bleue apparaît et ouvre furtivement la vue vers le sommet. J'en profite pour sortir le Leica.
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Il n'y aura pas de quoi bronzer, mais j'aurai vu le ciel. A mesure que j'avance, l'horizon s'ouvre et je suis, en moins de temps qu'il ne faut pour le réaliser, sorti du purgatoire. J'attaque donc ma montée vers la Croix que j'attendrai en une quarantaine de minutes, en prenant de nombreuses photos avec mon cadeau du jour : le Nikon 12/24 mm.
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Au sommet, il y a quelques groupes de skieurs qui repartent, puis d'autres qui arrivent et redescendent. Je vais avoir deux heures à attendre avant le coucher du soleil et je profite de sa présence d'ici là. Il fait quand même bien frais la haut et la température chutera à -10° avec un bon petit vent. Ma pipette a gelé mais mon thermos de thé me sauvera. Mon 12/24 mm décide de rendre l'âme, ce qui, bien qu'il soit garanti, me contrarie quelque peu...
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Je rencontre alors un skieur qui s'attaque au couloir Nord puis revient au sommet via le sangle Est (sa chienne déborde d'énergie et de désir). Un photographe arrive également quelques minutes avant le coucher du soleil, ainsi que deux skieurs. Tout ce petit monde redescend avant moi. Je ne suis pas pressé : le seul problème, c'est le froid. J'ai les doigts qui ne répondent plus. Pour le reste, entre T-shirt Odlo Extrem, pull en laine, soft-shell et Gore-Tex, tout va bien. Sauf pour mon sandwich, qui se raidit...
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Je décide de repartir du sommet vers 18h30. C'est la pleine lune et il n'est même pas nécessaire de sortir la frontale. Je prends mon temps et m'arrête à plusieurs reprises pour prendre l'île de Chamechaude et cette mer teintée des lumières urbaines.
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Je parviens à l'oratoire vers 19h10 et je peux ranger la matériel photo. Les nuages sont descendus et je suppose qu'ils se sont un peu densifiés. Le retour se fait sans encombre et la température est constante à -9°. J’atteins ma voiture vers 20h40 et Lyon vers 22h30.