Il fait très beau ces derniers temps, donc la neige fond... Ca permet de faire plus de sorties, mais avec une neige moche, presque aussi moche qu'au printemps... Histoire de changer, j'opte cette fois pour le Vercors. J'aurais bien accompagné MAV au Rocher de Chalves, mais ce dernier est bien trop matinal pour l'exilé de l'Isère que je suis. Et puis par ailleurs, c'est peut-être pas idéal de faire un premier R4 dans ces conditions.
Départ de Lyon vers 11h00 en direction de Saint-Nizier du Moucherotte. J'envisage le sommet presque éponyme, mais je l'ai déjà trop fait. Idem pour le Col Vert, bien que je ressente l'envie de reprendre quelques images de la Cascade de la Fauge en hiver. Le dernier CR de Ced au Rocher du Playnet m'incite à découvrir ce secteur. Eventuellement, je me dit que je pourrais en profiter pour chercher la Goupette qu'il me semble avoir repérée sur Google Earth.
Globalement, entre l'habillement, l'ingurgitation d'un repas frugal et les modalités logistiques diverses, je quitte l'Hôtel du Golf vers 13h20. C'est chiant à mourir jusqu'au 45ème parallèle. Forcément, il y a beaucoup de monde entre les piétons, les skieurs de fond et les luges (mais ça, je m'y attendais), la zone de tir pour biathlètes n'apporte rien à l'élégance globale du site (mais bon, si on veut des médailles olympiques, il faut consentir à quelques sacrifices) et on évolue sur des autoroutes damées au ratrack... C'est presque la ville à la montagne et d'ailleurs avec les raquettes, je me sens comme un propriétaire de SUV dans un hypercentre... tout ça pour dire que la première heure n'a strictement aucun intérêt.
Une fois à la cabane de la Carette, la rando commence vraiment. C'est dommage parce que si cette marche d'approche est interminable à l'aller, elle le sera encore plus au retour. Il y a encore un peu de monde à la Carette, mais derrière, plus personne. J'attaque donc la montée vers le Grand Pot. Il n'y a pas vraiment de trace : la neige est printanière, lourde et collante, en quantité si peu abondante par endroits que les pierriers apparaissent. La première partie à travers la forêt est même terreuse. Au moins, je me dis que je n'ai pas pris les raquettes pour rien. Moyennant quelques circonvolutions, en suivant la progression sur le GPS de mon téléphone, je rejoins finalement une trace plus marquée. Tellement marquée qu'à certains endroits, elle ressemble plutôt à une tranchée. C'est 14-18 sur les sites emblématiques de 39-45..
Arrivé au Grand Pot, je me dis que le plus gros de l'effort est derrière, mais en fait, il en reste encore pas mal. Je n'aurai pas le temps de chercher la goupette et je continue donc en direction du sommet que l'on aperçoit bien. Le chemin est bien tracé, il serpente agréablement entre les pentes douces et les sapins. Le seul défaut, c'est qu'il est déjà presque 16h00 et qu'il y a pas mal d'ombre. J'arrive au Pas Ernandant sous lequel je commence à prendre des images. La neige est une croute. A certains endroits, ça ressemble à des plaques à vent, mais sans épaisseur...
Je poursuis ma progression vers le Rocher du Playnet que j'atteins après 3h20. Je m'arrête à l'antécime (1931 m?) pour profiter de mon coucher de soleil. Il y a un peu de vent, mais rien d'insurmontable non plus. Il fait cependant bien frisquet et je ne m'éternise pas, le retour entre Grand Pot et Carette demeurant un peu délicat en matière d'orientation (même s'il me suffit de remonter mes traces à l'envers). Je pourrais tenter un retour par le Ranc de l'Abbé, mais je n'ai plus assez de batterie : de nuit, sans GPS/téléphone, sans certitude qu'il y aura une trace continue même si le départ le laisse présager, ce n'est pas très prudent.
Je lève les voiles vers 17h30. Il faut globalement 1h10 pour rejoindre la Carette. Je pensais que cette dernière serait occupée, mais rien ne sort de la cheminée. Elle est effectivement vide. Je m'y installe pour me sustenter, prendre un thé et m'asseoir quelques temps. La lune s'est lévée et elle est pleine. Si le neige n'avait pas été aussi crade et altérée, j'auais bien fait quelques images, mais ça me donnera une occasion de revenir.
Je reprends donc ma marche en direction du Golf. Elle est encore plus chiante au retour qu'à l'aller parce qu'il y a la fatigue. Pour compenser, il n'y a plus la foule. Sous la lune, il n'est même pas nécessaire d'allumer la frontale. Ca aurait un charme fou si la dernière portion ne se faisait pas sur une piste fraichement re-damée, avec en fond sonore le vrombissement des moteurs et les sirènes des marches arrière qui animent tout le secteur..
Retour à la voiture vers 20h30, thermomètre à -5°. Départ vers 20h45 et retour à Lyon sans encombre. Au final, je suis assez ambivalent. C'est une sortie assez loin de Lyon, assez longue (15 km A/R - 850 m de D+) avec 8 km dans une zone pas sauvage du tout. Je ne sais pas si ça se justifie vraiment. La vue depuis le Playnet serait est probablement plus appréciable le matin. Il faut peut-être que j'aille chercher la Goupette et que je fasse comme Ced un bivouac là-haut pour profiter pleinement du lieu. Au final, je me dis que la Vercors, ça me plait moins que la Chartreuse. Si la géologie avait fait des balcons Est des balcons Ouest, il en serait sans doute autrement.