Orionde ? Bof, une balade facile, une promenade « pour tous » ! Oui, peut-être, mais à raquettes, c’est une autre paire de manches ! À commencer, pour ceux qui comme nous y vont pour la première fois, par l’absence de tout repère après le panneau du pont de la Betta : plus de sentier, plus de balisage, plus de panneau : de la neige, encore de la neige, toujours de la neige ! C’est très beau, mais pour l’orientation, c’est pas gagné… Restent plus que les traces de ski dans la poudreuse… mais en tous sens, évidemment, disons que ça aide… un peu !
Donc nous voilà partis, un peu avant 10h, sous un ciel d’abord voilé mais qui ne tardera pas à virer franchement au bleu, du parking du pont de la Betta, bien accessible à présent en voiture. On descend à droite vers le pont, on le franchit, et on voit la direction « Lac de Crop » (merci le panneau). On chausse aussitôt, la neige commence ici en continu et ne nous quittera plus de la journée, une bonne neige épaisse et qui porte… un peu, avec une tendance perverse à bien s’enfoncer sous nos pas surtout dans les pentes raides (dont la montée ne sera donc pas une sinécure).
Et des pentes raides, il y en aura. D’abord tout de suite sur le chemin qui monte en forêt jusqu’à la piste (mais c’est pas long, et la neige est encore bien tassée), puis à nouveau au-dessus de la passerelle sur le ruisseau de Crop, dans la combe qui grimpe à découvert rive gauche du ruisseau (et là c’est du sérieux, ça dure et c’est bien pentu, on monte alternativement en lacets ou droit dans la pente, comme on le sent…). Quand arrive enfin le haut de la combe sous la paroi rocheuse, le virage à droite est le bienvenu, la pente se fait peu à peu moins raide.
Au débouché sur un replat, on arrive enfin sous Orionde (que je reconnais d’après les photos vues sur bivouak la veille), bien calé là-haut devant nous dans sa blancheur immaculée… enfin, façon de parler, car une belle et longue coulée s’échappe de son flanc droit (nord-est), justement au-dessus du couloir où, d’après les topos, on doit passer pour accéder à la crête (et il y en a une autre encore plus à droite)…
Petite concertation : on décide rapidement de renoncer à la voie « normale » et de tenter quand même l’ascension par le col à gauche (sud) du sommet, qui s’avèrera comme je le verrai après coup être le col du Rafour. Il est labouré par de nombreuses traces de skieurs, et vu d’ici ne parait pas trop pentu ; on espère juste qu’après on aura facilement accès au sommet ?
On découvrira rapidement qu’une dernière et rude épreuve nous attend, car les pentes menant au col sont encore plus raides que les précédentes ! On se relaie alors encore une fois pour faire la trace, moyennant quoi notre petite troupe bien homogène se retrouvera vers 13h au cairn sommital d’Orionde, un peu épuisée mais très contente de la fin (provisoire !) du voyage dans ce coin sauvage et fascinant de Belledonne.
Les lointains sont gris et brumeux, mais on distingue bien néanmoins la Chartreuse, le Vercors, les Bauges… Pour le pique-nique, le vent glacé qui souffle au sommet nous ordonne de redescendre rapidement dans la combe. Là, à bonne distance du bas des coulées, on se requinquera au soleil sur un petit promontoire neigeux.
La descente sera en fait un petit régal dans la neige profonde, où nous évitons tant que faire se peut nos propres traces de montée et celles des skieurs (mais on n’aura rencontré personne aujourd’hui dans ces pentes du bout du monde !) pour fouler la neige encore vierge…
Superbe découverte que celle de ce « petit » sommet d’Orionde, que personne ne connaissait et qui sera sans doute pour nous l’un des meilleurs souvenirs de l’hiver 2014…