Le faisceau des possibilités aujourd'hui est réduit, la preuve ? Loulou38 annonce le même objectif... À une heure beaucoup plus tardive il est vrai. Compte tenu de mon adage favori - Partir tôt, rentrer tôt et savoir renoncer - il s'agit de ne pas déroger au principe, du coup, je ne me rattache pas au wagon, dommage.
Quoi qu'il en soit au petit matin c'est la déconvenue, le ciel annoncé bleu est gris sombre et sinistre. Toute la montée, le pictogramme de Météo-France associé au beau temps me revient à l'esprit. Le petit disque jaune rayonnant ne semble pas vraiment adapté aux paysages traversés, un épais brouillard me cernera durant toute la montée, un air tellement humide que les pins ruissellent de condensation. À moins de croire au père Noël, l'amélioration matinale n'est pas prête d'arrivée. En attendant la balade est assez jolie. De verts sentiers démarrent sous les conifères, ici et là traînent les derniers névés de l'hiver, les quantités de neige sont plus conséquentes que prévu, heureusement le regel est quasi inexistant.
Plus on monte et plus la neige est gênante. Pourtant, passé la sortie de la forêt, elle disparaît totalement à la faveur d'un infléchissement de l'orientation des pentes soutenant le sentier. Tant mieux car je me voyais mal traverser les pentes suspendues dans une neige glissante. Le reste du parcours, toujours dans un brouillard à couper au couteaux est amusant, les passages raides ne se découvrent qu'au dernier moment, le vent, jusque-là négligeable, est maintenant sensible. Il s'engouffre dans le col de la brèche et n'incite pas à la rêverie. Passé le dernier petit raidillon câblé, - toujours sans neige - la dernière partie sur la crête sommitale est un enchantement, mon ombre apparaît subitement et derrière moi, le soleil commence à réchauffer les pentes et ma carcasse, bienfaisante lumière !
L'arrivée au sommet est magique, le paysage se découvre brutalement entre les nuages! Si le versant ouest est encombré de lourds nuages sombres, le versant oriental laisse apparaître des trouées vers la vallée. Au bout de quelques minutes ces ouvertures éparses offrent une opportunité de vol que je m'empresse de saisir. Mais vouloir n'est pas pouvoir.... Le temps de trouver une aire d'envol potable face à un vent qui n'a rien à voir avec la brise du col, le ciel s'est inexorablement refermé. Après quelques minutes d'indécision, j'opte pour l'optimisme. La voile est dépliée dans une brise travers droit en direction de Cordéac. À peine la deuxième ouverture s'est elle dessinée que j'ai gonflé la voile. Décollage immédiat dans les premiers thermiques d'une instabilité notoire. La trajectoire de la voile n'étant pas assez raide, les gros cumulus qui trainaient plus loin se sont refermés sur moi, cette sensation de ne plus avoir de repère font peser les secondes... Quand vais-je sortir du nuage? À la première occasion j'encape une petite série de 360 pour passer sous le plafond qui est vraiment bas. Comme cela tiens bien je me dirige vers le nord avec le secret espoir de passer au dessus du col de saint sebastien.
Plus je m'approche du col plus le vent du nord se fait sensible, au bout d'un moment cela n'avance carrément plus. Entre les nuages qui me surplombent et la forte brise, je préfère me dérouter sur Saint Sébastien... Atterrissage dans un grand champ presque en marche arrière. Je suis bon pour revenir sur Mens en stop. Finalement le premier véhicule qui passe, un petit camion de chantier, me prend en charge et me ramène dans la capitale du Trieves sans perdre de temps. Il ne reste plus qu'à remonter à Menglas à travers les champs en pleine reprise.