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[url]https://cedricleclercq.wordpress.com/2014/10/10/basse-du-gerbier-et-crete-du-gros-crey/[/url]
Après ma fracture du poignet fin août, j’ai obtenu en ce début octobre le visa de la chirurgienne qui m’a opéré pour réparer tout ça de refaire de la randonnée en montagne. Je l’aurais bien embrassée tant c’était une bonne nouvelle, et je n’attendais plus qu’une belle fenêtre météo pour aller replanter le bivouac quelque part.
Question météo ce début octobre est marqué par un flux de sud comme je n’aime pas : du vent fort, pas mal d’humidité et un ciel souvent chargé. Néanmoins Caplain annonçait des belles journées sur les Alpes pour ce jeudi jusqu’à samedi.
J’ai donc filé pour profiter de cette occasion, et j’ai vu rapidement un beau ciel bleu sur les Alpes. Bonne nouvelle, alors que j’étais quand même parti avec quelques doutes. Les seuls qui restaient étaient pour le soir, car Caplain annonçait tout de même des passages nuageux possibles.
Pour la balade je n’avais pas hésité très longtemps. Il y a 10 ans après avoir vu des photos de la Meije vue du plateau Emparis et du lac Noir, je m’étais dit qu’il fallait absolument programmer une balade par là, ce que j’avais fait. Nous étions montés au cours de cette itinérance de quelques jours sur le pic du Mas de la Grave, et je dois dire que finalement la découverte des Aiguilles d’Arves m’avait bien plus marqué que la Meije et ses glaciers. Depuis, j’avais plus d’une fois tourné autour des Aiguilles, que ce soit en remontant au pic du Mas de la Grave, au lac Guichard ou au lac des Cerces. Mais j’avais envie de m’en approcher bien plus et au vu de la carte, un petit itinéraire semblait fait pour moi avec cette reprise : la Basse du Gerbier et ses crêtes, depuis le parking du Chalmieu. Aucune difficulté notable, pas trop de distance ou dénivelée, juste au pied des Aiguilles et une petite crête comme je les aime en plus.
En arrivant au parking de Chalmieu du reste j’ai tout de suite été ravi : ciel absolument tout bleu, une lumière vive et pure, température douce sans être humide ; le grand bonheur des belles journées d’automne. Les prairies avaient déjà bien jauni, et j’ai donc commencé tranquillement la montée en savourant la chance que j’avais d’être ici.
Une fois passés les chalets des Manches, la montée a commencé. Je n’avais pas un rythme brillant mais bon, j’avais vraiment tout mon temps et le paysage était beau donc j’en ai profité pour multiplier les pauses photo. Des éleveurs gardaient leur troupeau de vaches éparpillé dans la pente, en profitant aussi de cette belle douceur automnale.
Enfin j’ai débouché sur la crête de la Basse du Gerbier avec un premier changement très sensible : le vent du sud y soufflait avec force et même si c’était un vent de sud, à 2600m ça donnait quelque chose d’assez froid donc j’ai vite abandonné les bras de chemise pour enfiler quelques épaisseurs. Ensuite il y avait là-haut un troupeau de chevaux, assez curieux donc là encore j’en ai pris quelques photos.
Le seul gros inconvénient en fait est qu’il y avait un vilain cumulus qui stagnait au-dessus des Aiguilles les privant de soleil, mais je n’étais pas très inquiet sachant que tout ça se désagrégerait sans doute en fin de journée.
J’avais largement le temps d’attendre les lumières vespérales, donc j’ai commencé à suivre la jolie crête qui mène au Gros Crey. Pas de grandes difficultés en dehors de la descente de la pointe 2569 qui demande un contournement en descendant assez bas. Je m’apprêtais à le faire quand je me suis aperçu avec horreur qu’en peu de temps l’horizon sud s’était bouché avec des nuages bien noirs, surmontés de quelques lenticulaires ; bref plus du tout les innocents cumulus que j’avais depuis la fin de matinée…
Me doutant que le soleil n’allait pas tarder à être englouti par tout ça, je suis plutôt revenu vers les Aiguilles pour en faire encore quelques photos. D’un côté Caplain avait effectivement bien annoncé des passages nuageux possibles en fin de journée, mais d’un autre côté j’étais furieux quand même, poursuivant sans relâche mon manque de réussite pour les couchers de soleil en cette année 2014, alors que j’en ai rarement tenté autant !
J’ai installé la tente rapidement, me disant qu’en cas de grain je serais au moins à l’abri, puis pendant que le ciel s’assombrissait j’ai grignoté rapidement pour être dispo ensuite sans avoir à m’occuper de ces contingences matérielles… En grignotant je me suis dit que soit je tentais quand même de rester pour le coucher de soleil et le bivouac, soit j’avais finalement le temps de redescendre pour rentrer comme le ciel se voilait assez tôt. J’ai attendu un peu puis il m’est apparu évident que ça ne pourrait pas se dégager avant la fin de journée : le bivouac n’avait donc plus trop d’intérêt étant donné que la barre rocheuse des Aiguilles me cachait l’horizon est et qu’il n’y aurait sans doute pas grand chose à attendre du lever de soleil là où j’étais. Qui plus est, les nuages étaient quand même bien sombres, je voyais les grains s’accumuler à l’ouest donc je me suis décidé à replier le camp et redescendre. Les premières gouttes me sont tombées dessus pendant que je finissais de ranger le sac, mais rien de bien méchant encore.
Au milieu de la descente, j’ai vu quelques trouées de ciel bleu au-dessus des Aiguilles et je me suis demandé si je ne faisais pas une erreur monumentale : un petit rayon de lumière franche et jaune en cette fin de journée aurait été sublime avec l’environnement tourmenté… Je me suis dit que je n’aurais plus le temps de remonter là-haut mais je pouvais l’avoir de filer au col de la Croix de Fer et au lac Guichard si besoin. Mais en regardant du côté de Belledonne et du couchant j’ai remis les pieds sur terre : le ciel était complètement plombé d’un noir menaçant, il n’y aurait plus d’éclaircies. J’ai donc terminé la randonnée dans cette ambiance étonnante de jour sombre, d’ambiance redevenue très moite et chaude.
Le trajet du retour a été pénible et fastidieux avec rapidement de la pluie continue puis un gros orage en longeant la Chartreuse ; ça a été une mince consolation mais je me suis dit que j’avais sans doute eu raison de ne pas rester là-haut…
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