Sortie : Une éclaircie providentielle !

Il faut vraiment avoir un moral inébranlable, ou alors considérer le parapente sur le dos comme un accessoire éventuellement utilisable lorsque les trois ingrédients météorologiques sont favorables, à savoir un vent pas trop fort, une bonne orientation du flux, et pour terminer une visibilité correcte. Ce matin la conjonction de ces trois conditions est loin d'être optimale, cependant Le Chatel offre la possibilité de boucler un parcours varié en montant par le sud, et en redescendant par le nord et la pierre aux sacrifices. C'est uniquement dans cette perspective que je commence la marche sous une mer de nuages épaisse, parmi une végétation luxuriante et humide des pluies incessantes de ces derniers jours.

Alors qu'un brouillard froid et poisseux m'entoure depuis longtemps, soudain, en débouchant sur la prairie sommitale la brume se fragmente et laisse apparaître un paysage d'une beauté insolente. Rien que pour ces moments là il est toujours bon de partir. Pourtant ce coup de théâtre n'est que le début des réjouissances. Les dernières griffes de nuages s'agrippent encore aux branches noueuses des mélèzes à peine verts, au dessus le bleu intense d'un ciel limpide règne en maître. La brise est molle dans une orientation qui s'annonce parfaitement compatible avec la morphologie du sommet et le décollage. Marcher est un plaisir incroyable, la pulsation même de la vie résonne dans mes pas qui s'enchaînent inlassablement.

Trois petits passages à travers les falaises, une dernière arête arrondie et c'est le sommet. Il ne reste plus qu'à observer le monde comme un derviche tourneur, le panorama est circulaire, il s'offre au regard jusqu'à l'ivresse. Il ne reste plus qu'à déplier la voile et retourner tranquillement en bas par la voie des airs, directement dans le paysage, intégré dans ce décor au milieu des cumulus joufflus.