Bien que la neige soit bien moins épaisse qu'à Grenoble, elle n'en demeure pas moins omniprésente. Sur le sentier, il y a une trace d'un randonneur qui me précède, pourtant impossible de suivre ses empruntes malgré mes grandes guiboles, ses pas sont excessivement allongés, une seule explication à cette cadence immense, il a du chausser les bottes des sept lieues. Il convient donc de ne pas tenir compte de ces marches et de monter à mon propre rythme, quitte à faire une autre trace.
Arrivé au décollage déserté, c'est la déconvenue, le vent est mal orienté, il est impossible de décoller avec la brise qui vient de l'arrière, Il faut patienter. Au bout de trois quarts d'heure, une minuscule accalmie laisse inertes les trois manches à air. Trop tard pour s'envoler, la voile est restée dans le sac, néanmoins, malgré la fugacité de l'accalmie, il serait bien étonnant qu'une autre ne se présente pas. Le moral remonté par cette courte fenêtre, malgré la brise glaciale, j'étale la voile et commence patiemment un siège du site dans l'attente d'une autre ouverture... qui ne semble plus se dessiner.
C'est sur ces entrefaites que débarquent deux lascars avec des sacs insignifiants, sitôt sur le terrain ils déplient de minuscules voiles, si la mienne, qui est petite avec ses 26m2, les leurs ne font pas plus de 13m2.... des mouchoirs de poche ! Alors que le premier étale près de moi, le second effectue des gonflages à l'opposé du décollage. Pourtant ils semblent confiants, en tout cas plus que moi. Quelques minutes plus tard alors qu'une accalmie semble à peine se dessiner, mon voisin décolle dans une course effrénée vers l'abîme. J'en profite pour lui emboîter le pas dans une cavalcade presque aussi folle.
Quant au deuxième lascar, ben la voile n'étant pas dans le bon sens, il n'a pas pu s'envoler. Une fois posés en bas, nous avons soudain vu la minuscule voile partir ventre à terre. Une minute plus tard, il se posait à côté de nous à toute vitesse dans un sifflement d'enfer.... impressionnant !