sortie : Ma tourbière magique

Allègre et sa potence

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • 19-05-2018
  • 2h45
  • 280 m

Moi qui suis fasciné par les tourbières (pourquoi, mystère), celle-ci me trottait dans la tête depuis pas mal de temps. Mais le seul itinéraire intéressant envisageable me paraissait vraiment trop bref… C’est in extremis, dans la nuit précédente que, cherchant pour une fois un objectif modeste et limité, j’ai fini par me décider : départ peu matinal, du coup, petit circuit cool, et même tout balisé ou presque (rédhibitoire d’ordinaire !), zéro stress en vue - va pour la découverte du Mont Bar !

N’ayant pas trop préparé mon itinéraire, c’est donc sur la route, puis même en cours de rando que je décide au fur et à mesure de ma progression. Et pour commencer, pourquoi ne pas prendre la Potence et le Mont Baury comme premiers objectifs, ce qui va me laisser le meilleur pour la fin ? Bonne idée : le peu que je vois déjà de cet incroyable village parfois comme surgi du passé (la monumentale Porte de Monsieur pour commencer !), puis l’incroyable Potence, poignant moignon de cadavre exquis dressé en plein ciel, et même le très modeste Mont Baury, avec le plaisir d’avoir trouvé son petit sommet avec son petit panorama : ça fait déjà plein d’émotions pour un début de journée…

Mais bien sûr, je sais que le plat de résistance est à venir. Sans prêter attention aux quelques jolis nuages qui sont en train de peupler le ciel, je descends très vite dans les raides et étroites ruelles vers le pied du village, où je tâtonne un peu (trop au sud…), puis rectifie le tir sur les conseils d’une charmante habitante. Une fois au collège, tout baigne. La montée dans les grands bois touffus est agréable, et me voici à la croisée des chemins (le petit col). Petite hésitation, je tourne à gauche toute, et découvre que je suis sur le chemin des martres, donc du tour du cratère… et de la tourbière ! Et aussitôt l’enchantement commence. Quelle merveille ! Sertie dans son sombre écrin forestier, bien calée dans son cratère tout rond, la tourbière magique reflète en ses bords aquatiques, sauvagement rayés en tous sens par les troncs et les branchages qui se sont écroulés dans son piège, les nuances infinies de blanc et de bleu du ciel. Plus loin, la mystérieuse toison, inaccessible et immobile, d’herbes et de sphaignes, déploie toute la palette des verts et des jaunes, des plus pâles aux plus sombres. Ça et là, quelques arbustes me signifient que cet étrange paradis ne sera sans doute pas éternel…

Mais il est treize heures, et il faut bien se restaurer. Alors, après avoir admiré à ma gauche le bouquet d’une magnifique hêtraie, je m’en vais traverser à ma droite les rangées de sapins pour rejoindre les bords du cratère. Et là, je m’assieds sur un bout de tronc inconfortable, avec une vue imprenable sur ma tourbière. Et je me régale, à tous les sens du terme. Mais juste avant la fin de mon festin, voilà qu’il tombe quelques gouttes. Et en effet, un gros nuage sombre s’est installé au-dessus de mon île déserte. Pas très inquiet, je repique dans mes provisions, mais c’est que les dieux ne l’entendent pas de cette oreille : les gouttes tombent de plus en plus dru, et m’obligent à plier bagage vite fait. Direction, la fin de ma boucle autour du cratère.

Sous les frondaisons la pluie semble se calmer, mais en fait, elle redouble d’intensité, et surtout s’accompagne de roulements de tonnerre de plus en plus insistants qui ne me disent rien qui vaille. Arrivé au petit col complètement trempé (ma goretex est une vraie passoire…), j’ai la mauvaise idée de m’engouffrer à droite dans le sentier qui monte vers la tour, dans l’espoir que j’y trouverai sans doute un abri. Las, mince et élancée, elle n’offre pas le moindre recoin, même précaire, où se réfugier. Il ne me reste donc plus que la retraite la plus pitoyable, que j’effectue en courant, d’abord jusqu'au col, puis de là au village par le chemin de montée. Arrivé au collège, pendant que l’orage continue de plus belle, je m’abrite enfin sous un auvent de cet établissement, où se tapit déjà un motard du coin. Pas très bavard, mais ça tient compagnie, d’ailleurs il va bientôt repartir en profitant d’une petite accalmie des éléments.

Que faire ? Remonter au petit col, puis terminer le tour de la montagne tel que je l’avais prévu ? Ou alors renoncer, et remonter dans le village et rejoindre la voiture à l’église, quitte à revenir une autre fois pour boucler la boucle ? Têtu, je suis tenté par la première option, et j’attends encore un moment, pour voir. Mais le retour en force de l’orage et de la pluie battante me décident finalement à renoncer et à en rester là pour aujourd’hui. Je rejoins donc sans gloire ma voiture sous les gouttes et les grondements célestes, à travers le dédale des incroyables ruelles et des superbes vieilles bâtisses du village, que je me jure de revisiter bientôt. Je reviendrai donc, et je terminerai alors mon circuit tronqué d’aujourd’hui, non sans avoir refait le tour de ma tourbière préférée (et complété mon topo en conséquence !).


Allègre : la Porte de Monsieur
La Potence 1
La Potence 2
Au sommet du Mont Baury
Mont Bar et Potence
Panneau d'interprétation
Tourbière
Tourbière
Tourbière
Tourbière
pique-nique
cheminée géodésique

Commentaires

Geoffroy Rémi
27-05-2018 12:11:36

Tiens, j'y avais pas pensé à celle-là !

C'est vrai que depuis Lacan tout est possible : du bar à la bière, en effet, y a pas loin...

Et moi qui croyais que c'était pour des raisons métaphysiques innocent

Luc
27-05-2018 08:03:03

"Moi qui suis fasciné par les tourbières (pourquoi, mystère)".... je vais être terre à terre .... peut-être l'appel de la bière ?



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