sortie : Petite fantaisie, à mi-distance des deux grands

Itinéraire sur carte Géoportail

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Distance :
  • 27-06-2018
  • 7h
  • 830 m
  • 8 km

Si son nom n’était pas écrit en gros sur la carte du Géoportail, il passerait complètement inaperçu des lecteurs… ! Et il resterait dans l’anonymat le plus complet.  D'accord, il est quand même plutôt un sommet secondaire du Vercors. On doit bien le reconnaître. Et de plus, il faut aussi prendre en compte que la présence, juste à ses côtés, de ses deux grands voisins que sont le Mt  Aiguille et le Grand Veymont, lui enlève tout oxygène. Et qu’ils le relèguent forcement dans l’ombre du massif !

Pauvre de lui !

Lui ?

Mais….   le sommet de Peyre-Rouge, bien sûr.

 

Est-ce que vous le connaissez ?

Est-ce que vous avez entendu parler de lui ??

A-t-il eu droit, lui, aux photos de couverture des magazines ???

Et bien non.

 

Evidemment, les habitués de la randonnée, eux qui ont déjà écumé la plupart des parcours classiques ou indiqués dans les topos-guides, eux qui ont encore du temps et de l’envie pour voir les autres coins du massif, ceux-là oui en ont entendu parler du sommet de Peyre-Rouge. Ceux-là y sont même allés, sur son sommet, pour savoir comment on est quand on se trouve en face des deux « Grands ». Bien sûr….

Quand on veut aller sur son sommet, il y a un chemin tout simple : le pas des Bachassons. De là, tu tournes à gauche, tu suis le bord du ravin des Serres et du Maupas et, tout à plat, sur une prairie franchement sympa, en quelques minutes, tu arrives à Peyre-Rouge par le côté ouest.

Voilà !

Y a pas plus facile.

 

Bon alors, et côté nord, ou côté est,  ou encore côté sud… ???  Qu’y a-t-il ??

Rien !

Pas de topo. Pas même d’info.

Pas vraiment de photo de lui, non plus, sauf à faire partie d’un paysage d’ensemble comprenant d’abord le Grand Veymont ou, suivant l’azimut opposé, un paysage centré sur le Mt Aiguille…. Mais du coup, si on le voit, ce n’est qu’un effet du hasard, et encore est-il sur un strapontin.

Presque rien, donc !

 

Et c’est ce « rien »-là qui changea tout………pour moi.

Car c’est quand il n’y a rien, que je commence à regarder. C’est mon défaut.

 

L’image qui a tout enclenché – car il y en a quand même eu quelques photos, rares – c’est celle publiée par Jean-Michel Eychenne, du CAF Calanques Marseille. Cette photo est celle reprise pour le topo de Bivouak, sur laquelle j’ai tracé le chemin suivi par « les prés ».

Au tout début, ce qui m’a attiré, c’était ce vallon tout en bas en forme de gouttière en « vé », tout vert, semblant très accueillant, et qui rejoint l’arête NE du sommet de Peyre-Rouge. Ce qui m’a attiré ensuite, c’est cette arête NE, avec son triangle vert se rétrécissant au fur et à mesure qu’il s’approche du sommet, et qui semble – telle une flèche - indiquer le chemin à suivre, vers le haut. Ce qui m’a attiré, enfin, c’est cette petite crête terreuse, en selle de cheval, dominant les ravines inférieures, et venant buter contre les barres rocheuses horizontales du centre de la face…

 

Une fois arrivé à ce point de l’observation du versant est, il ne restait qu’une seule question, évidente,  et imparable : «  Comment tracer la suite du cheminement, celle qui mènerait jusqu’au sommet de Peyre-Rouge ??? »

 

Franchir les barres rocheuses était le point difficile. Sûr !

Au-dessus, les prés en herbe paraissaient « faisables », probablement. La fin de l’arête, elle, s’avérait être de l’escalade, et donc pour moi, une fin de non-recevoir. Restait à ce moment-là  à contourner le pointu final par la gauche (le sud) et à rejoindre le versant ouest dans ses tout derniers mètres sous le sommet.

Voilà.

L’idée est là.

C’est pas dur…

 

Pour le moment, il est trop tôt en saison : il reste encore plein de neige partout. Hors de question donc d’aller marcher là-dedans. Il faut attendre environ deux mois. Sauf que je pouvais quand même aller sur la pointe de l’arête NE, côtée 1751 m, pour tâter un peu le terrain, et voir de près cette barre rocheuse.

 

Cette première tentative fut très instructive.

D’abord parce que le petit vallon en « vé » n’était pas du tout accueillant. Le sol est très dur ; l’herbe, complètement couchée par la neige juste fondue,  fait plus riper les semelles des chaussures qu’elle ne les retient ; la pente est bien raide et rend cette remontée vraiment malaisée. Bref, ce n’était pas la partie de plaisir à laquelle je m’étais attendu.

Ensuite, les barres rocheuses au centre de la face, sont en rocher complètement pourri…. Et déjà très raide… A mon goût, il est hors de question de tenter quoi que ce soit là-dedans.

Bien qu’étant resté presque une demi-heure sur place, afin de bien tout analyser et de ne laisser échapper aucune possibilité, il m’a fallu admettre qu’il n’y avait pas là la solution imaginée pour aller au sommet de Peyre-Rouge…

J’étais déçu, et rentrais à la maison.

 

Reprenant les observations sur photos, une autre solution se dessina alors : il faudrait peut-être contourner par le sud ces fameuses barres pourries, et arriver dans les prés supérieurs par leur angle sud-est.  Mais cela signifiait donc de patienter les deux mois en question avant de vérifier l’hypothèse sur place.

 

Voilà.

L’idée est là.

C’est pas dur…

 

Et cette fois, ça a marché !

Youpi !

 


Tracé sur photo, depuis le Mt Aiguille (aimablement mise à disposition par JM Eychenne, du CAF Calanques Marseille)
Vue du sommet de Peyre-Rouge depuis le sentier du départ.
Au sortir de la sapinière, vue sur le sommet de Peyre-Rouge
Le long pierrier d'accès
Début du premier pré supérieur
Regard vers l'arrière : c'est joli, non ?
Deuxième pré : sympa, lui aussi !
Un peu plus loin, en montant : tout est beau, ici...
Passage un peu délicat, mais la trace est excellente.
Trace excellente : la preuve !
La facette sud, et le tracé du passage
Sommet de Peyre-Rouge, vu depuis le rocher des Parquets
Vue de la dernière partie de la montée, avec la facette sud entre autre

Commentaires

ced
07-07-2018 09:27:50

Bonjour François,

 

Merci, je ne savais qu'Ancelin était passé là-haut !  wink

François LANNES
05-07-2018 21:16:00

Bonsoir Ced,

L'accès au sommet de Peyre Rouge par l'ouest est particulièrement attrayant, et je me suis régalé à virevolter dans toutes ces zones herbeuses, tapissées d'affleurements de lapiaz, tout en cherchant à marcher à l'économie le long des meilleures courbes de niveau et en évitant les creux par trop profonds.... On n'est pourtant pas si loin de la civilisation, mais on se sent transporté bien loin quand même.

Il est possible qu'Ancelin ait fait, dans ce magnifique pays de Peyre Rouge, quelques unes de ses nuits sous abri, un hiver ou l'autre......


ced
03-07-2018 18:18:57

Bonjour François,

C'est marrant car c'est un sommet qui me plaît depuis fort longtemps et où j'ai déjà pris plaisir à bivouaquer plusieurs fois, mais je n'avais jamais osé aller jusqu'à la pointe ultime (même en venant de l'ouest).

Faudra que je le fasse au prochain passage, l'ambiance de ton récit en donne envie !



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