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Attendue avec impatience depuis des mois, ma première ascension du Suc de Sara a tenu toute ses promesses, et même au-delà ! La météo idéale aidant, ce fut une vraie exploration, inoubliable, avec y compris sa part d’erreurs de parcours et de rectifications providentielles…
Partir du parking de Montouse a été une bonne idée : la lente plongée sinueuse et progressive vers le fond du vallon laisse le temps d’attente nécessaire pour fantasmer sur l’aventure du jour : la remontée de l’arête Ouest et l’éventuelle boucle du retour.
Et justement, à peine ai-je traversé le petit pont au fond du vallon, voici que je croise deux filles sympas qui terminent tout juste leur descente de la fameuse arête (la seconde est encore en mode plongée dans les derniers mètres…). La première me confirme que oui, c’est bien par là le sentier de montée, mais "C’est physique" précise-t-elle aussitôt. La seconde, encore toute essouflée, nous rejoint et en rajoute une couche : "C’est technique". Me voilà prévenu ! Il est vrai que j’ai bien l’âge d’être leur grand’père…
Et en effet la grimpette surprend aussitôt par sa raideur, mais bon, il n’y a et il n’y aura rien de vraiment "technique"… C’est en fait un vrai plaisir de contourner droit dans la pente le gros piton qui défend l’accès à la crête proprement dite, et c’en est un autre de suivre cette dernière sur le fil, en bénéficiant en plus d’une vue fabuleuse de part et d’autre. Très stimulé par cette perspective, je tente même de me hisser à gauche sur la crête avant que le sentier n’y mène, mais je dois faire demi-tour, le terrain terreux à cet endroit (visiblement mal choisi) est vraiment trop instable, et je ne veux pas prendre de risques. Un peu plus haut, un autre accès éventuel, entièrement rocheux, lui, me parait nettement plus attrayant, mais je n’insiste pas, vu que le sentier débouche peu après sur le fil.
Le parcours d’arête jusqu’au sommet est alors un enchantement permanent. Je n’ai aucun mal à déjouer le "piège" des traces partant en face à l’horizontale : restons toujours le plus à gauche possible, et tout ira bien. Arrivé au sommet à 13h20, je n’ai plus qu’à admirer le splendide panorama circulaire en identifiant un maximum de sommets connus… et à trouver un coin ombragé pour mon pique-nique ! Mais pour ça, petit retour obligé sur mon sentier d’accès à la recherche d’un pin suffisamment volumineux pour me faire de l’ombre.
Cela fait, à 14h30 je remonte au sommet et continue aussitôt, toujours tout seul, en face sur l’arête Est, en descente douce. Mon idée est alors de suivre le fil de cette arête jusqu’à ce que j’y trouve, à ma droite, une trace vers le Sud-Ouest qui me permette de descendre dans le versant Sud du suc, puis de rejoindre plus bas le chemin vers l’Ouest (marqué sur la carte) entre la Grangette et ma piste de montée. J’avais noté une première possibilité de descente (non marquée sur la carte) vers 1380m, puis une seconde, plus bas, vers 1150m, sur un sentier qui, lui, figure sur la carte et qui file, toujours Sud-Ouest, vers la Grangette.
Et là, je me plante. D’abord, emporté par mon élan, je loupe le départ du sentier vers 1380m… Mais, constatant que je suis déjà nettement plus bas, en sous-bois, je renonce à remonter en arrière et choisis d'aller chercher, vers 1150m, le chemin vers la Grangette. Mais malheureusement la trace devient de moins en moins évidente dans cette forêt, il y a juste de loin en loin quelques vieux points rouges sur un arbre et de rares cairns. Puis plus rien du tout : ni trace ni points rouges ni cairns… Je décide néanmoins de continuer à descendre jusqu’à 1150m, dans la même direction, et là je verrai bien. Mais là, je ne vois rien du tout : enfoui dans la forêt, sur un terrain presque horizontal, sans plus aucun repère, me voilà bien ! J’ai beau fouiner en tous sens, descendre encore un peu plus, remonter à nouveau, rien, pas la moindre trace, pas le moindre indice. Un peu inquiet, je fais approximativement le point sur la carte, puis décide en conséquence de partir plein Est, boussole en main, avec l’espoir de croiser un chemin figurant sur ma carte. Par chance la forêt n’est pas bien dense, et ça passe bien. Et heureusement, je n’ai pas à attendre bien longtemps : moins de dix minutes après, je tombe en effet sur une magnifique piste. Alléluia, je suis sauvé !
Évidemment, ma piste, je la prends en montée à droite. Et re-alleluia, au bout d’un certain temps je vois une jolie ferme tout près à gauche, et là sur un panneau que lis-je : La Grangette !!! Soulagé, je continue et tombe presque aussitôt sur un couple… visiblement paumé : lui tient un minuscule portable à la main, ils ont voulu faire le tour du suc de Sara, il voit où ils sont, mais pas du tout où ils vont ! Alors je déplie ma carte, on fait le point ensemble, et ils finissent par repartir rassurés, dans le sens inverse du mien…
Quant à moi, je repars aussi, comme une flèche, mais plein Ouest, sur mon excellent chemin, le parking n’est plus si loin me dis-je. Cela dit, je prends soudain conscience qu’avec ce qui vient de m’arriver je ne pourrai décemment pas faire sur bivouak le topo de la boucle de retour par l’arête Est… Seule solution : indiquer l’itinéraire en aller/retour. Mais soudain une autre idée me vient : sur cette piste où je me trouve, je devrais forcément croiser le débouché du sentier, absent d’IGN, que j’ai loupé à la montée (je l’avais tracé approximativement au crayon), et qui devrait être au point marqué 1232 sur ma carte (départ d’un chemin vers le Sud).
Et là, la chance me sourit. En effet, à 1240m sur ma montre-alti, juste après un pierrier à droite, un large chemin croise en effet ma piste : légèrement descendant à gauche, et franchement montant à droite dans les caillasses. Ni une ni deux, et malgré une petite fatigue assez compréhensible (et l’heure : 16h20), je décide de repartir à l’assaut vers le sommet en empruntant cette nouvelle voie, à la fois caillouteuse et herbeuse. Peu après, je trouve sans mal, sur le talus à droite, un cairn qui indique le départ de la sente qui grimpe Nord-Est dans le pierrier. Et c’est ainsi que je découvre avec ravissement et stupéfaction la formidable traversée du pierrier géant qui occupe presque toute la face Sud du Suc, alternant 7 ou 8 éboulis tous séparés par de petits bosquets. Je m’attends vers 1380m à la jonction avec mon itinéraire de tout à l’heure sur l’arête Est, curieux de voir où j’ai loupé l’embranchement. Eh bien, je ne vois rien du tout, la sente ne cesse de monter, bien nette, mais pas trace d’embranchement. Elle monte et monte encore. Et le sommet se rapproche ! Je n’y comprends plus rien, quand soudain je vois devant moi un gros pin biscornu : celui-là, je suis sûr de l’avoir déjà vu tout à l’heure à la descente – mon alti marque 1480m !!! Bon, ça suffit, inutile de continuer, demi-tour, je vais maintenant redoubler d’attention pour trouver à ma redescente le fameux point de rupture (que j’ai encore loupé) où il faut quitter l’arête Est pour s’engouffrer à droite dans la traversée du pierrier. Et là, tous les sens en éveil, c’est vers 1400m à mon alti (donc un peu moins en réalité) que je vois enfin, à mes pieds, la trace qui vire en épingle à droite derrière un assez gros cairn (ce qui m’avait échappé à la fois ce matin et tout à l’heure) !
Je pousse un gros ouf de soulagement, c’est donc maintenant la fin des problèmes et des difficultés me dis-je… Et en effet, c’est sur un petit nuage que je retraverse mon pierrier géant, que je retrouve en bas mon bout de chemin enherbé et caillasseux, puis ma large piste, que je prends à droite et qui va me mener les yeux fermés directement à la jonction avec l’itinéraire de montée, puis au parking de départ, où j’arrive CON-TENT (et un peu fourbu) peu avant 19h.
Date | Titre | Auteur | ||
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18-07-2020 | Sara, deuxième ! | Geoffroy Rémi | ||
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