sortie : Mise en place de la boucle, pour la vire des Agnelons

Vue d'ensemble en hiver

Données de la sortie

  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • 08-08-2019
  • 9h 00
  • 900 m

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C’est aujourd’hui le grand jour.

Celui où je compte faire une boucle permettant de parcourir la vire des Agnelons.

Cela signifie d’arriver à elle par le nord, de poser un rappel pour la rejoindre. Puis, depuis le col de la Bascule, tout à la fin au sud, de rejoindre les pierriers inférieurs et le sentier Péronnard en « dévalant » droit vers le bas un vague couloir herbeux. Cette descente-là nécessitera probablement 2 rappels, suivant les conditions du terrain.

J’ai quand même quelques appréhensions à la vue de ce programme. Et puis, autre difficulté, le sac sera plus lourd du matériel à emporter nécessaire à la pose des rappels. Toutefois, mes préparatifs sont complets. Et la forme devrait suffire à l’exercice. Quand au climat, il est beau. Hier matin c’était une pluie, mais je sais d’expérience qu’une telle pluie, pas trop grosse, est plutôt un avantage sur ces vires car elle attendrit les sols sans pour autant les rendre glissants.

C’est parti !

 

La montée au col Vert, depuis les Glovettes, est très fréquentée ce matin. Il est vrai que nous sommes en pleine période de vacances, et que le beau temps au-dessus de Villard de Lans aide à sortir. Les discussions sont nombreuses, au fur et à mesure des rencontres. Au col par contre, ce sont les nuages blancs qui bouchent la vue vers Grenoble, Belledonne et l’Oisans. Dommage, mais il fallait s’y attendre : la pluie d’hier est en train de se vaporiser sous l’effet chauffant du soleil matinal sur ce flanc est. Si l’on veut éviter cet inconvénient, il suffit simplement de partir un jour plus tard, et de laisser ces évaporations se faire puis se dissiper. Pour mon programme du jour cela ne créera aucune gêne car la vire se trouve en versant ouest : elle ne prendra le soleil que dans l’après-midi et le phénomène d’évaporation – s’il se fait – sera après mon passage.

 

Il y a 27 ans que j’étais venu parcourir cette crête des Agnelons. C’était en fin d’hiver, avec de la neige. Les souvenirs sont donc lointains. Aujourd’hui cette crête me surprend quelque peu, par ses passages avec les mains (le sac lourd n’aide pas), et ses vides impressionnants côté droit. Il me faut un moment d’adaptation avant de retrouver équilibre et sérénité. Une trace est suffisamment visible au sol pour comprendre le meilleur cheminement. Puis vient la partie d’arête qui est à peu près horizontale, sur laquelle le plaisir reprend sa place dans l’esprit. Les paysages sont superbes, et le cœur cogne de sentir arriver le moment où il faudra poser le rappel.

 

Ca y est : je suis au bon endroit.

Le « sapin-repère » est là-dessous, à 30 m. Il suffit de viser sur sa gauche.

Il faut un bon caillou pour poser les spits. Cela m’oblige à descendre quelques mètres sous la crête, sur des terrasses exigües. Mais ce calcaire-là, compact, qui sonne bien sous le marteau-piolet, est préférable à celui du haut bien trop fracturé et friable à mon goût.

Gestes techniques, méthode à suivre, précautions pour ne rien perdre des accessoires : ces rituels nécessitent calme et rigueur. Les minutes défilent. Je glisse enfin sur la corde. Et la petite vire intermédiaire est bien là, comme la semaine dernière, pour m’accueillir sur son espace somme toute confortable. Ca y est, la boucle est entamée pour de bon, maintenant.

 

Sur la vire des Agnelons proprement dite, je retrouve les souvenirs et les sensations récentes avec autant de délectation. Par contre, je sais mieux choisir les passages afin d’économiser l’énergie, car ces herbes un peu hautes et encore mouillées de rosée sont parfois glissantes. Ici, comme en quelques autres rares endroits, j’ai l’impression d’une nature à l’état originel qui, de plus, est accueillante : je sens précisément qu’il s’agit là d’un vrai cadeau. Et j’en mesure la précieuse valeur …

Pour les photos, pour faire de « belles photos », il faudrait y être à deux : un derrière l’appareil, et l’autre debout par exemple sur l’aiguille dressée vers le ciel ; ou bien encore sur l’éperon suivant, avec la silhouette en contre-jour, bras tendus vers le haut… ! J’espère que d’autres, qui viendront ici aussi, pourront faire ces images pures.

 

Tout au bout de la vire, côté sud, je m’assoie sur le col de la Bascule.

Ouf ! Il est bien temps de manger quelque chose.

Côté Prélenfrey les nuages blancs sont toujours là que le vent pousse vers le haut, et je ne peux pas profiter du panorama. Heureusement côté Villard, le grand beau continue, et c’est tout ce dont j’ai besoin pour le moment. Il faudra revenir une autre fois pour profiter du Gerbier.

Une cordée passe, qui fait la traversée des arêtes justement. Nous bavardons quelques minutes, ensemble, entre autre au sujet du casque de l’un des deux, qui est d’un modèle « Galibier 1978 ». Je  reconnais ce modèle de suite car, dis-je à mon interlocuteur : « J’ai le même à la maison ! ». Et nous rigolons de concert…

 

La descente s’amorce de suite au col : il faut oser prendre les pentes herbeuses directement dessous. Rapidement cela se complique. Plutôt que de choisir un passage à droite, faisable mais très exposé, je vise le fond du couloir et ses mottes, qui font comme des marches. Sauf que c’est très raide, sur trois mètres. Le bâton rigide (de ski de fond) m’est une aide indispensable dans ce mur. De toute façon, en cas de besoin, la réception ne devrait pas être dangereuse…

J’y vais. Ça passe.

Dessous par contre, cela ne veut plus passer. Moi qui espérais quand même pouvoir aller encore plus bas sans la corde, il va falloir changer d’idée : c’est ici qu’il faut poser le deuxième rappel. Routine, méthode donc, comme plus tôt ce matin…

Ce couloir n’est pas vertical, mais les zones herbeuses sont entrecoupées de petits murs calcaires qui eux le sont, et qui auraient empêché une descente à pieds. Donc la corde s’impose sans ambigüité. C’est très agréable de faire ce rappel-ci : facile, amusant. Me voici en bout des 40 mètres de corde, mais je ne suis pas au point où j’aurais aimé arriver. C’est encore dix mètres trop haut… Le risque est de ne pas pouvoir tirer jusqu’au pierrier avec un seul dernier rappel. Surtout que je ne vois pas le bas et ne peux donc pas estimer cette suite. De toute façon, je suis obligé de planter les spits ici. Par chance, une magnifique dalle calcaire est là qui se prête exactement à la chose. Pour la suite, on avisera…

Pendant que je perce, un binôme de parapentistes vient voler tout proche de la falaise, et d’un sifflement aigu me fait « coucou » : la montagne est bien fréquentée en ce jour, car de très nombreux parapentistes égaillent le ciel des couleurs vives de leurs voiles.

 

Je descends sur la corde, et parviens au rebord du couloir. La falaise devient cette fois tout à fait verticale et je peux enfin voir la suite. Stop ! Par brassées, je remonte la corde avachie sur un becquet intermédiaire. Puis la lance à nouveau vers le bas, et constate que le bout du brin touche pilepoil le sol. Les 40 m du rappel sont fort heureusement suffisants. Ce dernier rappel termine ainsi en beauté – pieds bien à plat contre la dalle lisse - cette boucle amorcée il y a plusieurs mois par l’imagination, et entamée ce matin quelques heures plus tôt. Je suis….. très très content !

Il ne reste plus qu’à aller vers la gauche en descendant le pierrier, retrouver les herbes denses et souples, et rejoindre tout en bas le sentier Péronnard. La journée est vraiment réussie.

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Vue d'ensemble en été
Vue d'ensemble de l'itinéraire
Sur les crête des Agnelons, vue vers le nord
Arrivée au dessus du début de la vire des Agnelons
Quitter la crête ici
L'Autoroute, vue de son extrémité sud
Premier rappel dans le couloir de sortie
Depuis le bas du dernier rappel
Vu d'un peu plus loin, le dernier rappel

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