Cela commençait mal. Panne de réveil suivie d’une panne de batterie, c’est un peu tard que nous pûmes nous mettre en branle. L’idée initiale était d’aller passer du temps au bord d’un ruisseau, pourquoi pas au plateau de l’Oursière et ses méandres qui chantent le bruit de l’eau ? Et la cascade éponyme certainement gonflée à bloc de la fonte des neiges en prime ! Mais vue l’heure (midi passée…) on n'aurait guère eu le temps de faire beaucoup plus que l’aller-retour. Belledonne sera pour une prochaine fois, direction la Chartreuse et un joli coin assez tranquille, même lors de jours de grandes affluences en montagne comme ces derniers temps et rapide d'accès.
Des voitures partout, du col de Porte jusqu’au parking du Charmant Som, des tables de camping dans les pelouses autour de la fromagerie ! Et des promeneurs par dizaines un peu partout, avec un gros contingent s’élançant vers le Charmant Som. C’était pas gagné et pourtant , à quelques dizaines de mètres de ce tumulte, derrière une dernière table de camping, un petit passage sur une dalle rocheuse ouvre la voie à un sentier confortable, taillé dans une pente raide qui plonge vers l’aval avant de s’engager sur une vire débonnaire.
Et là le charme opère. Plus un bruit hormis celui de la brise et du piaillement des chocards. Plus bas, la forêt plonge, cernée par des abimes, de grandes parois de roche s’élancent loin au dessus du sol. Les talus sont chargés de fleurs et cela sent bon l’odeur des résineux. Il paraît presque improbable qu’à même pas cinq minutes, il y a un parking avec des dizaines et des dizaines de voitures et la cohorte de promeneurs qui va avec. Nous sommes parfaitement seuls et profitons pour grignoter un peu et savourer cette tranquillité insoupçonnée.
Le chemin se poursuit en une traversée ascendante régulière et panoramique. Dans les pentes au-dessus et au-dessous apparaissent jonquilles, trolles et globulaires. On croisera aussi une tulipe australe, ainsi que quelques promeneurs quand même mais en nombre très raisonnable ! Les pentes traversées se redressent (un petit passage exposé) et on finit par prendre pied dans le cirque ouest du Charmant Som. C’est toujours aussi beau !
Chamechine en face nous fait de l’œil et après avoir traversé puis remonté le cirque nous y voilà. La crête qui domine Vallombré et la combe de l’If, ouvrant le paysage du Grand Som et le monastère à ses pieds jusqu’au lointain mais massif Mont-Blanc, n’est plus qu’à quelques minutes. On se choisit un beau point de vue à l’extrémité sud de Chamechine et on sort nos victuailles, nous réjouissant d’être là. Que la forêt et les pentes de la combe de l’If ont l’air sauvage ! On s’y prendrait à rêver d’y voir un lynx…
L’après-midi s’étire et comme on a du temps devant nous, on prolonge un peu notre rêverie un peu plus loin, sur les pelouses d’une prairie confortable, cernée de roches et de pin, ouverte sur le Grand Som. Au-dessus, un merle à plastron chasse. Même si ce n’est pas a priori un animal rare, c’est quand même la première fois que j’en vois un ! Au-dessus du versant qui plonge, des chocards jouent longuement dans les thermiques, planant, piquant, virevoltant.
Au retour, on est surpris d’apercevoir un chamois malgré l’affluence. Il s’agit d’une vieille femelle, presque placide, en train de brouter. Elle s’est quand même un peu éloignée, sans détaler toutefois, lorsque nous avançant sur le chemin on a fini par être trop près d’elle. Elle a fini par disparaître tranquillement derrière une barre. On coupe ensuite au plus court pour rejoindre le plateau au-dessus de la bergerie et nous laisser glisser parmi les pensées avec Chamechaude pour panorama.
Cela commençait mal mais cela fut finalement parfait !
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