C’est bien joli de sillonner les routes de France à moto, mais rien ne vaut une marche pour faire le point et faire corps avec la nature qui nous entoure. Nous avons la chance d’habiter à Grenoble, au carrefour de plusieurs massifs montagneux ayant chacun un charme certain. Prenez les Bauges par exemple, au dessus de Chambéry, on y trouve des montagnes fort belles, sauvages, avec des prairies suspendues idéales pour décoller en parapente. Il paraît d’après météo France que le mauvais temps va tarder à arriver sur ce coin, alors banco. La petite demi-heure d'autoroute me fait douter de mon choix... par trois fois il m’a fallu allumer les essuie-glaces... mais les dés sont jetés, autant y aller, ce sera toujours une belle balade pour se dégourdir les jambes.
La marche se révèle une nouvelle fois salutaire, elle permet de réfléchir bien plus que sur une moto où il faut vraiment être vigilant. Alors je refais le monde pendant que l’altitude est acquise. Un randonneur me rattrape mais bizarrement ne me double pas, ai-je inconsciemment poussé la machine pour une mauvaise raison? Je ne crois pas, j’ai failli plusieurs fois le laisser passer, finalement il prend un autre chemin et je me retrouve bientôt tout seul au sommet. Là-haut et contre toute attente, le vent n’est pas bien orienté. Toutefois la configuration de la cime, un cône dressé comme un bec de canard, me permet de trouver une prairie d’où l’envol sera possible.
Une fois la voile étalée, il faut attendre que le vent s’oriente un peu mieux et sauter sur le créneau. A la faveur d’une accalmie, je m’élance dans la pente, le vent qui vient de travers pousse la voile d’un côté, il faut conserver un peu de frein du côté du vent et finalement je décolle en crabe, m’éloigne lentement du relief et vole tranquillement vers l’atterrissage 1000 mètres plus bas. Que la montagne de la Galoppaz est belle vue du ciel !