Ce matin nous tentons le Grand Som, sommet emblématique de la Chartreuse, sa croix sommitale surplombe le monastère millénaire par dessus de vertigineuses falaises. Nous prenons les parapentes et pour remémorer à Hélène l’atterrissage, nous passons à Saint Hugues afin de bien visualiser l’approche que nous ferons tout à l’heure. Il faut dire que son dernier Grand Som en parapente date du 16 mai 1992 soit presque 29 ans !
La montée est toujours aussi plaisante, notamment dans le Racapé où le sentier se faufile hardiment entre des parois verticales, les câbles sont de précieuses mains courantes avec nos gros sacs pleins de chiffons qui nous déséquilibrent. Au débouché du passage délicat, mauvaise nouvelle ! La mer de nuages cantonnée ce matin sur le bassin grenoblois déborde maintenant dans la Chartreuse et recouvre notre atterrissage prévu... De plus un fort vent du Nord rend hypothétiques nos chances de décollage. Tout ceci n’entame pas le moral inoxydable d’Hélène qui continue quoi qu’il en coûte sa progression vers le sommet ensoleillé.
Trois heures plus tard nous voilà à la cime, bientôt rejoints par quatre autres parapentistes. Pour voler sur Saint Hugues cela semble définitivement mort, les nuages bas masquent toute la vallée. En revanche et par un hasard incroyable, plus au nord, au delà du col de Cucheron, Saint Pierre d’Entremont est totalement dégagé ! Par ailleurs, la brise tout à l’heure furieuse est maintenant apaisée. La grande question est de trouver un champ susceptible de nous recevoir sans l’avoir repéré au préalable... Vu de loin ce n’est pas si simple... Hélène, qui reprend le parapente depuis peu, réclame un terrain vaste et dégagé, comme il est difficile de juger depuis le sommet, je lui propose un plan : nous allons décoller ensemble, voler aile contre aile, et une fois au dessus de la vallée, j’envoie une série de 360 afin de me poser avant elle dans ce qui me semble être la meilleure option, et de lui faire signe d’où vient le vent.
La préparation des voiles est minutieuse, Hélène est au dessus de moi légèrement décalée, quant à moi, j’assisterai son envol avant de prendre à mon tour l'essor juste dans son sillage. Le timing est serré, malheur à moi si je rate un décollage, notre plan ne sera plus réalisable, il faudrait alors qu’elle se débrouille toute seule. Une fois tout installé, nous attendons la petite brise de face qui facilite le décollage, elle arrive rapidement et Hélène gonfle sa voile qui monte à la perfection, en trois pas elle est en l’air. Sans plus attendre je démarre en trombe jusqu’à ce que rapidement mes pieds ne touchent plus le sol. Nous volons côte à côte dans une atmosphère apaisée. Le Mont-Blanc trône face à nous, c’est magique ! Instants de grâce dans l’azur.
Une fois au dessus de Saint Philibert, j’encape une série de 360 qui me font tourner la tête, avant de choisir un terrain au soleil, bien dégagé, à peu près plat et surtout sans lignes électriques. Je me pose comme une fleur, la voie est libre, Hélène se pose selon la même approche, juste à côté de moi. Nous exultons, ce Grand Som est l’une des plus belles balades aériennes de la région !
Une fois les voiles pliées, c’est chez Christophe et Pascale que nous allons boire un coup pour fêter ça, ils habitent à 100 mètres de notre atterrissage. Et pour finir un petit détour pour passer chez Fabienne aux Cottaves, nous y pique-niquerons, une totale réussite.