Si l’on se réfère aux résultats des millards de données traitées par les ordinateurs Cray surpuissants de la météorologie nationale, des pluies diluviennes auraient dû s’abattre sur la région aujourd’hui... En lieu et place, c’est un ciel uniformément bleu qui nous est apparu ce matin, un ciel seulement traversé de temps à autre par quelques cumulus à la base horizontale et totalement inoffensifs. Il n’en fallait pas plus pour mettre sur pied une petite sortie. Le Moucherotte, cette montagne que nous observons tous les jours depuis les fenêtres de la maison, nous a semblé un objectif raisonnable malgré l’heure tardive et bien nous en prit.
Le petit sentier écologique qui serpente sous l’impressionnante falaise des Trois Pucelles est charmant, il s’enfonce dans une forêt épaisse d’épicéas et sa plateforme couverte d’un humus doux et moelleux serait parfaite si elle n’était pas traversée par d’innombrables racines. Plus haut on retrouve le chemin classique et pierreux, son parcours reste néanmoins agréable en raison de la présence de nombreuse plaques de neige dont la consistance solide, mais pas gelée, permet d’enchaîner les pas comme sur un escalier.
Là-haut un vaste nuage gris nous privera d’un soleil pourtant nécessaire en raison de la fraîcheur excessive qu’entretient un petit vent de sud pernicieux. Heureusement nous trouverons en contrebas du sommet, sur l’ancienne surface qu’occupait l’hôtel somptueux, un havre de paix idéal pour un pique-nique roboratif. Quant au retour, les névés seront parfaits pour une descente en ramasse sur les parties raides. Pour changer nous passerons au retour par l’ancien tremplin des jeux olympiques d’hiver de 1968. Cette étonnante friche olympique laisse entrevoir les exploits passés de ces skieurs qui prenaient leur élan sur ce tremplin avant de s’envoler au dessus de Grenoble. La piste de réception, heureusement tangente à la trajectoire des skieurs, est d’une raideur extrême. Nous l’avons descendue par un escalier branlant qui suit la pente en nous demandant si nous ne prenions pas un risque à passer par là. La nature reprend lentement ses droits, des bouleaux poussent ici et là tandis que le magnifique local des juges en béton tombe lentement en ruine, c’est dommage, il est très beau et mériterait d’être retapé pour le transformer en un appartement magnifique entièrement vitré face à la ville. Quand on pense aux millions dépensés pour ces installations éphémères qui n’auront servi que quelques jours, on se demande si c’est bien raisonnable.
Demain la météo est toujours aussi pessimiste alors nous resterons dans les starting-blocks des fois que la modélisation soit fausse, là aussi, plutôt que des investissements insensés dans des calculateurs surpuissants, on se demande si une paire de dés lancés la veille ne suffirait pas aux météorologues car enfin on a finalement qu’une chance sur deux qu’il fasse beau demain !