Sortie : Qu'elle était verte ma vallée !

À peine avais-je découvert la haute vallée du Ban depuis le Bessat que l’envie m’a pris d’aller explorer cette vallée de fond en comble, ou plutôt de bas en haut, au départ de la Valla-en-Gier.
Ce mercredi 16, « jour le plus chaud de la semaine », m’a paru le plus propice à cet exercice vu que cet itinéraire se déroule a priori presque entièrement en sous-bois. De surcroit, cette première rando à la journée (depuis mon opération de février) allait me permettre de tester ma forme – avec une longueur et un dénivelé quand même en hausse par rapport à mes fort modestes sorties précédentes…
Très vite après le début de la descente au fond de ma vallée du jour, j’ai pensé soudain au titre de ce vieux film un peu oublié de John Ford, qu’il y a des siècles (à l’époque où, étudiant, j’écumais les cinémas du Quartier Latin - dont la cinémathèque de la rue d’Ulm - à la recherche des chefs d’œuvre du 7^e art !) j’avais mis au rang de mes coups de cœur cinématographiques.
Le charme a opéré dès le début de la descente au fond du vallon, et m’a accompagné ensuite pendant toute la remontée paisible le long du Ban. Loin d’être sombre, la forêt y est lumineuse et ouverte ici ou là sur de beaux points de vue. Un grand sentiment de solitude m’envahit peu à peu... De loin en loin, une ferme écroulée ou une ancienne scierie ruinée alternent avec une grosse bâtisse encore intacte mais qu’on imagine rarement ouverte…
Quand j’arrive à la boucle du Gourney, je sais que vais quitter mon ruisseau. Il est 13h30, et j’ai alors la bonne idée de m’enfoncer un peu dans le bois vers l’amont du Ban pour mon pique-nique du jour. Quel enchantement que ce modeste repas au bord de l’eau sauvage qui s’ébroue bruyamment en minuscules cascatelles à mes pieds ! Bien mieux qu’un repas de luxe chez un grand restaurateur ! Et l’eau si pure et fraiche de ce petit torrent vaut les meilleurs vins du monde…
Quand je reprends ma marche il est déjà bien passé 14h. Mais une fois arrivé au carrefour de chemins du Gallot, je me retrouve en terrain connu (ma sortie du 30 mai). Le reste de la montée au Thoil n’est donc  plus une découverte, mais reste néanmoins plaisant. Pour la même raison je ne vais pas m’attarder sur ledit rocher, où je me retrouve cette fois tout seul.
Ma descente sera nettement plus rapide que ma montée. Bien agréable, certes, mais sans grande surprise, surtout à partir du col du Rot, où il n’y a plus qu’à suivre le balisage (mais je suis très content de mon petit raccourci pour y accéder !). Le parcours de cette longue crête plein Nord qui va du Rot à Luzernod vaut surtout par les très belles vues dont on bénéficie vers l’ouest (la vallée du Ban) et surtout vers l’est (les vallées de la Fare et du Gier, avec les rochers du Saut du Gier et le Grand Chirat en ligne de mire).
 À la Croix du Sabot, je me suis fais rattraper et dépasser par un groupe d’une vingtaine de randonneurs qui descendaient visiblement aussi sur la Valla. Ça m’a rappelé certains retours de rando du dimanche soir au CAF, presque toujours à fond la caisse, où personne ou presque ne regardait plus rien, ne voyait plus rien, n’entendait plus rien. Quel gâchis, me disais-je alors à chaque fois, de se priver ainsi des plaisirs et des découvertes d’une moitié de la rando du jour ou du week-end… C’était certes souvent au retour de magnifiques expériences, mais aujourd’hui je savoure pleinement mes aventures de promeneur solitaire (ou à deux, allons !) en montagne.