Non pas que nous ayons fait un record du monde, ni même un exploit extraordinaire, c'est simplement que la montagne nous a permis de faire aujourd'hui une belle balade suivie d'un vol tranquille au dessus de Belledonne pour se terminer dix bornes plus loin dans la vallée.
Pourtant ce matin une mer de nuages tenace en fond de vallon n'engageait pas à l'euphorie... Pas plus que le vent du sud très présent sur les crêtes sommitales. Toutefois la beauté du massif et plus particulièrement du Grand Colon, notre objectif du jour, suffisait à notre plaisir de la randonnée. Alors quand tous les éléments météorologiques se sont mis en phase pour rendre les conditions d'envol parfaites, nous n'avons pas traîné à la cime malgré la beauté du paysage.
Une solide bise venue du versant oriental entretient une fraîcheur délicieuse, mais il faudra décoller à l'opposé de notre vallée et procéder à un contournement à 180° du sommet face au vent pour rejoindre le terrain d'atterrissage 2200 mètres plus bas. L'ambiance est à la concentration, ce vent sensible augure des thermiques virils, Hélène s'envole sur place, je lui emboîte le pas sans plus attendre. Nous n'aurons fait que monter durant le contournement pour nous retrouver largement au dessus du sommet, il n'est pourtant que 11h, la journée s'annonce fameuse pour les champions de la Xalps. Pour notre part, une simple glissade sur le versant ombragé suffit à notre bonheur. Le paysage défile lentement, il se découpe précisément dans le ciel depuis que la mer de nuages n'est plus soudée, disloquée qu'elle est par le généreux soleil d'août. Nous volons côte à côte dans une atmosphère maintenant apaisée sans aucune autre contrainte que de profiter de l'instant.
Le terrain d'atterrissage vient d'être fauché, il reste ici et là une balle de foin qu'il faut soigneusement éviter dans l'approche finale. Nous nous retrouvons, heureux sur le tapis fraîchement tondu, il ne reste plus qu'à plier les parapentes et remonter en stop au départ de la balade. Ce que nous n'avions pas prévu c'est que plus personne ne monte maintenant qu'il est l'heure du déjeuner. Au bout d'un moment, lassés de lever le pouce à l’attention seule des mouches, nous faisons appel à notre fils numéro quatre, il n'est qu'à quinze minutes de là, il va nous remonter à Freydière en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, ah la fougeuse jeunesse !
Nous terminerons la matinée là-haut par une bonne bierrasse servie à la terrasse de Chez Margot, elle vous sert en plus des salades composées absolument délicieuses. Et pour parfaire encore s'il en était besoin, la radio de la bagnole nous distille les préludes de Debussy joués magnifiquement par ce jeune et talentueux pianiste, Cyril Guillotin. On n'est pas loin du nirvana !