Notre vision judéo-chrétienne de la vie nous oblige à nous rendre sur le site de parapente par nos propres moyens. Ce matin par exemple, les nombreux nuages qui stagnent à 1500 m d'altitude nous interdisent de partir en montagne, aussi nous rabattons-nous sur le site de Saint Hilaire, parfaitement accessible par la route en voiture. Eh bien non, il faut impérativement suer sang et eau et fournir un effort pénible en montant à pied au décollage ! Pour corser la peine, c'est par l'escalier bien raide du funiculaire que nous passons pour la première partie, c'est particulièrement éreintant et monotone, comme si la joie du vol ne pouvait être que la récompense de nos efforts pour y arriver.
Étrange vision des choses qui nous colle à la peau, toutefois elle nous permet de nous maintenir en forme et de pratiquer un peu de sport. Ce matin nous avons un horaire qui plairait à Philippe, nous ne commençons la balade qu'à 10h, c'est l'heure où d'habitude on arrive au sommet ! Au décollage nous retrouvons par hasard le jeune Olivier, un sympathique garçon moniteur à Prevol, nous l'avons connu du temps où ses parents volaient avec nous, il n'avait alors que 8 ans ! Quand il nous a dit qu'il était quadragénaire, marié et père de deux enfants, nous n'en sommes pas revenus ! Mon dieu que le temps passe vite !
Quant au vol en décollant à midi, eh ben ça décoiffe. Je pars dans une accalmie traitresse, elle n'était que la résultante d'un méga thermique situé juste devant le décollage. Après avoir piqué le long des arbres, je me suis retrouvé catapulté en trois tours sous le nuage, largement au dessus de la gare supérieure du funiculaire. Le problème c'est que la masse d'air n'est pas du tout calme, ça bouillonne comme dans une cocotte minute ! N'étant pas un adepte des montagnes russes, je m'écarte du relief et commence à descendre tranquillement avec Hélène à mes côtés. Cependant, les nombreux papillons volants scotchés benoîtement au plafond nous galvanisent, alors, bien que très bas en vallée, nous repartons au charbon dans la lessiveuse. Notez bien que ce n'est pas très difficile de monter, ça pompe de partout. Dès que notre altitude nous permet de revoir le dessus du plateau des Petites Roches, nous quittons définitivement l'essoreuse pour aller nous poser tranquillement tout en bas dans la vallée.
Satisfaits de notre effort matinal suivi de ce vol énergique, nous pouvons rentrer apaisés à la maison et vaquer à des tâches beaucoup moins excitantes. Il eût été bien moins gratifiant de n'avoir fait que le vol après avoir pris le funiculaire !