Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps nous étions en maillot de bain dans une eau étincelante alors que nous sommes maintenant en train de skier dans une poudreuse glaciale et pulvérulente !
Étant donnée les quantités phénoménales tombées pendant notre absence, les risques d'avalanches sont loin d'être négligeables, aussi avons-nous choisi le Moucherotte, une belle balade ayant l'avantage d'une relative sécurité. A l'annonce des conditions fabuleuses, Vincent notre bon cousin de Paris est descendu et il a bien fait ! En effet sa présence nous a boosté ce matin à sortir de sous la couette douillette pour enfiler directement les grolles de ski. Afin de réserver de la poudreuse vierge de toute trace, nous avons chaussé les skis sous le tremplin olympique, là où personne ne va. Sans vouloir spoiler, ce sera un excellent choix pour la descente.
En attendant il faut monter au sommet. Par chance, un skieur solitaire démarre juste avant nous, il laisse une trace idéale et facile à suivre sur les pentes soutenues où personne ne passe. Les premières conversions dans cette montagne de sucre glace sont un peu laborieuses mais c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas. Nous rattrapons bientôt le sentier d'été qui passe entre les arbres dont les branches ploient sous les masses de neige qui colle aux branches, c'est somptueux. Plus haut le chemin rejoint la voie normale d'hiver et sa cohorte de randonneurs. Fini de faire la trace, il suffit de s'intercaler entre deux groupes et de se laisser bercer par le rythme languissant de la marche. Bizarrement il n'y a pas autant de monde que prévu et de toute manière on pénètre maintenant dans la couche nuageuse, réduisant singulièrement la visibilité sur le reste de la balade.
Plus haut c'est le vent qui s'invite, il soufflera de plus en plus fort jusqu'au sommet où il est vraiment costaud et glacial. Enlever les peaux dans ce flux réfrigérant n'est pas une tâche facile surtout avec son système autocollant où le ruban de Téflon qui sert de support flotte au vent comme la bannière des templiers. Quant à la descente, elle sera excellente dans la partie du haut, jouissive dans la partie inférieure à côté du tremplin de ski olympique et loin des foules grenobloises.
Nous ne remercierons jamais assez Vincent pour nous avoir donné l'énergie nécessaire à nous extraire de notre cocon fraîchement retrouvé hier soir.