Sortie : Comment s’envoyer en l'air malgré l'adversité

Hier soir, en analysant les différents bulletins météo, nous ne donnions pas cher des possibilités de voler dans le ciel pyrénéen. Toutefois, le moral inoxydable de JP et Hélène ne saurait se satisfaire d'un abandon, aussi ce matin partons-nous la fleur au fusil pour de nouvelles aventures volantes. L'objectif par dessus le marché est ambitieux puisque c'est le Sarrat de Sacrouès, un belvédère unique sur les 3000 du luchonnais. Les 40 km/h de vent actuellement annoncés par la station météo du Pic du Midi n'entament absolument pas la détermination de mes compagnons. Ils marchent résolument vers le sommet pendant que je suis le mouvement avec langueur... La balade à travers l'estive est magnifique, à l'approche d'une crête, nous butons sur une corniche de neige verticale qu'il convient d'éviter par des pentes raides couvertes d'herbes couchées et glissantes, elles réclament toute notre attention. 

Plus haut les prairies sont parsemées d'énormes blocs de granit venus de nulle part, le sentier se faufile à travers ce décor lunaire. C'est à l'approche du sommet que l'idée d'avoir porté les parapentes jusque là est soudain devenue judicieuse et pertinente. En effet pas un souffle d'air ne vient perturber la quiétude des hauteurs, pourtant les balises météo s'affolent sur les sommets voisins. Le retour par les airs semble une alternative idéale, nous allons pouvoir nous envoler sans trop de risques. La préparation des voiles est tranquille. Trois vautours nous observent depuis un promontoire voisin, ils attendent un renforcement de la brise pour s'envoler eux aussi. 

L'ordre d'envol est immuable. JP ouvre la voie, suivi d'Hélène et je ferme le ban. L'espace face à nous est immense et devant l'excellence des conditions, nous décidons de prolonger le vol jusqu'au petit village de Oo, tout au fond du décor. Chaque molécule d'air sera consommée avec gourmandise jusqu'au terrain d'atterrissage où nous nous congratulons mutuellement de la réussite de ce plan audacieux. 

C'est trop bon de s'envoyer en l'air dans le ciel luchonnais !