En lisant hier soir les récits de vols homériques à Saint Hilaire, nous décidons de troquer nos planches pour les voiles et de profiter nous aussi des premiers thermiques. Effectivement, en partant de la maison le soleil est radieux et le ciel bleu laisse augurer de bonnes ascendances. Toutefois, nous sommes surpris en arrivant au pied de la falaise de Saint Hilaire de ne plus rien voir en raison d'un brouillard glacial et humide. Sans nous décourager, nous laissons la voiture dans la brume et attaquons sans tarder le sentier en prenant soin d'éviter la gare du funiculaire récemment emportée par des coulées de boue. C'est un spectacle de désolation, les rails ont été arrachés et la cabine du funiculaire a disparu sous les gravas.
Nous grimpons sur le chemin sans savoir si nous pourrons traverser plus haut le ruisseau responsable de cette dévastation. En rejoignant en haut de la combe le cours d'eau, nous constatons que nos craintes étaient bien fondées. Les pluies torrentielles ont ravagé le fond du vallon, c'est un enchevêtrement de troncs déracinés et de monstrueuses pierres branlantes. Pire encore, le versant opposé déjà raide a été emporté, il reste une muraille infranchissable de plus de deux mètres faite de terre et de roches instables. Impossible de passer. Nous cherchons une faiblesse dans l'obstacle en contrebas mais circuler dans ce dédale de pierres branlantes est excessivement dangereux, la glace ajoute encore à la difficulté de se déplacer. Par moment, un caillou dévale la pente et nous siffle aux oreilles. Il ne serait pas prudent de rester dans cet enfer plus longtemps, aussi nous redescendons en bas trouver un autre chemin.
De retour dans le brouillard, nous décidons de monter en suivant les rails du funiculaire. Après avoir évité la zone sinistrée, nous recommençons à grimper sur l'escalier qui longe la voie ferrée. C'est horriblement monotone et rasoir. Au bout d'une heure, nous voilà à la hauteur du sentier, au dessus de l'endroit où nous avons été bloqués. Plus haut, de nombreux arbres ont été déracinés et sont autant d'obstacles à contourner. Nous arrivons, crevés, au niveau du Plateau des Petites Roches pour nous apercevoir que la mer de nuages qui tapisse le fond de la vallée ne s'est absolument pas évaporée. Impossible de décoller, le terrain d'atterrissage est noyé dans le brouillard. Nous attendrons deux heures une hypothétique amélioration qui ne viendra pas. Sur les coups de 15h, nous décidons de redescendre en stop puisque la brume de vallée refuse de disparaître.
Il nous faudra beaucoup de patience pour qu'un premier véhicule s'arrête. Hélas il s'arrête au bout du plateau sans redescendre dans la vallée. Nous quittons donc rapidement le bon samaritain pour refaire du stop au niveau de la descente. C'est à ce moment qu' Hélène me demande où sont mes bâtons télescopiques tout neufs. Merde, je les ai oubliés dans la bagnole du gars... Déjà que j'avais les boules de ne pas avoir pu voler, ce coup-ci je suis vraiment vénère, Hélène ne fait aucun commentaire !
Il nous faudra encore deux bagnoles pour rejoindre la nôtre. La première conduite par un petit couple de savoyard, la deuxième par une jolie fille accompagnée de son gamin Timéo. Comme elle est de Froges, nous demandons au chérubin s'il ne connait pas la directrice de l'école, Linda. Si, bien sûr qu'il nous répond. Alors Linda tu pourras saluer la maman de Timéo de notre part, elle est facile à reconnaître, elle ressemble à Laure Manaudou, mais en mieux ! Je ne m'en suis pas revenu d'ailleurs.
Après avoir failli chuter dix fois dans les roches instables, après n'avoir pas pu voler, après avoir perdu une paire de bâtons tout neufs... enfin nous retrouvons notre voiture... la Méga loose.