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Depuis ma sortie du 18 septembre 2021 dans le Pilat , où j’avais été bloqué par une soudaine et vive douleur à une hanche, je n’ai cessé de m’interroger sur ma capacité à reprendre un jour mes randonnées en montagne. Mais lorsque j’ai constaté la concomitance de ce handicap avec plusieurs autres symptômes tout aussi nouveaux pour moi (forts vertiges, multiples affections cutanées…) survenus eux aussi près de 3 semaines après ma seconde dose de vaccin anticovid, cela a encore aggravé mon coup de blues.
Bref, je m’enfonçais de plus en plus profondément dans un tunnel…
Et puis, récemment, ces symptômes se sont peu à peu atténués. Y compris mes douleurs à la hanche, toutefois sans disparaître entièrement. Alors je me suis pris à espérer : un jour, peut-être, qui sait…
Ce superbe 31 décembre 2021, malgré mon appréhension je propose à Sylviane, ainsi qu'à ma soeur et mon beau-frère venus d'Alsace passer le nouvel an à Jeansagnière, de tenter une petite rando du côté des Hautes Chaumes du Forez. Comme dans la vallée le Lignon est très largement sorti de son lit (conséquence probable de la fonte des neiges), la cascade de Chorsin me tente. Je me dis que vu les masses d’eau prévisibles, elle doit valoir le coup d’œil. Mais étant donné mon problème de hanche, je préfère partir de la Jasserie de Garnier : nettement plus court et moins de dénivelé, quitte si ça se passe bien à prévoir une boucle sur le plateau pour le retour.
Donc nous partons vers 11h du parking (vide) de la Jasserie de Garnier. Et aussitôt, de remettre le pied sur ces espaces illimités des Hautes Chaumes, sous ce ciel d’un bleu intense, nous remplit d’un plaisir lui aussi sans limite. Nous voici à nouveau envahis par cette mystérieuse sensation d’infinie liberté, celle de pouvoir aller partout sans la moindre entrave aux quatre coins de l’horizon...
Funky, l’adorable golden retriever, parait fou de joie lui aussi, il court de tous côtés, aboie de plaisir, bondit, se roule par terre…
Mais hélas il nous faut bientôt obliquer vers la vallée boisée à notre droite, au fond de laquelle coule le ruisseau de Pierre Brune. Premier changement de décor, le sentier s’enfonce dans le Bois de l’Oule. Et à peine arrivés au fond, nous voici bloqués par un petit torrent : le ruisseau de Pierre Brune ? De mémoire il se traverse sur un large pont en bois, non ? En fait il s’agit d’un affluent, la Goutte de l’Oule, que l’on franchit d’ordinaire sans même s’en apercevoir tant il est modeste. Aujourd’hui son franchissement à gué est loin d’être évident, il y a énormément d’eau et le courant est rapide et tumultueux. Avec Jean-Louis on réussit finalement à passer de l’autre côté (un peu acrobatique !) et à constituer un mini-pont précaire avec deux petits troncs. Tous les cinq (dont Funky !) une fois passés, on continue jusqu’au fameux pont en bois qui enjambe le ruisseau de Pierre Brune un peu plus loin. Que d’eau ! C’est magnifique, ce torrent bouillonnant qui fonce à toute allure dans le bois au fond de la vallée ! On a hâte de voir la cascade...
Vers midi et demi, nous y voici. Tout seuls, c’est rare, face aux trombes d’eau qui se jettent dans le vide à grand fracas. Sans doute la cascade a-t-elle doublé de volume par rapport à mon dernier passage, c’est impressionnant. On a bien fait de venir ici ! Au moment de remonter, un 4x4 arrive, une petite famille en sort, descend jeter un œil sur la cascade puis repart. Tiens, je croyais que l’accès était interdit aux véhicules à moteur ? Ahlala…
Quant à nous, moins pressés, ce n'est qu'une fois rassasiés du spectacle que nous remontons sur notre chemin d’accès. Nous le reprenons donc en sens inverse jusqu’au niveau du pont en bois de tout à l’heure. Et là on se pose la question : et maintenant, que faire ? Retourner directement à la Jasserie à gauche par le sentier de ce matin (un aller/retour complet donc), ou monter sur le plateau par le sentier de droite pour aller y faire une belle boucle, nettement plus longue mais assurément plus stimulante, sur les Hautes Chaumes ? J’hésite un moment, mais vu que ma hanche a bien tenu le coup jusque là, je cède à la tentation : va pour la boucle !
Elle sera encore parfois encore mouvementée mais toujours superbe. Car une fois de retour sur nos espaces infinis, la magie s’installe à nouveau. Nous y resterons pendant près de 3 heures, alternant contemplation de paysages sublimes et lutte contre les éléments… Très vite, la chaine éclatante de blancheur des Alpes du Nord, du Mont Blanc au Vercors, s’affichera distinctement à l’horizon. Puis, passées les Jasseries puis la gracieuse Vierge de Renat, dont la présence soudaine au milieu de nulle part est assez surprenante, il nous faudra parfois "ramer" dans de vastes névés où le pied s’enfonce soudain jusqu’au genou, ou sur des chemins tout ruisselants d’eaux de fonte.
Passé 13h, on s’octroie quand même une petite "pause banane" comme dirait Christian (on n’avait pas prévu de pique-nique !), assis sur des souches au bord du chemin. Puis on se remet en route, on est loin d'être arrivés ! Mais un peu plus loin, voilà que soudain un torrent nous barre à nouveau le chemin : c’est - encore lui ! - le ruisseau de Pierre Brune, plus en amont bien sûr, et heureusement ici moins fourni (il n’a pas encore "avalé" la Goutte de l’Oule !) et un peu moins encaissé que tout à l’heure à la cascade. Sa traversée à gué nous donnera quand même, à nouveau, du fil à retordre, et nécessitera encore quelques acrobaties - j’ai ainsi pu rattraper in extremis un bâton de Sylviane que le torrent avait emporté ! Mais cette fois chacun se débrouille comme il le sent, tantôt en essayant en deux grandes enjambées (assez risqué !) de prendre appui sur un petit rocher qui affleure au milieu du courant, tantôt en dénudant au moins un pied pour le plonger à l’endroit le plus large et donc le moins profond du gué ou, tant pis, en gardant les deux chaussures quitte à repartir les pieds mouillés (ils finiront bien par sécher tout seuls !).
À peine remis de nos émotions, et alors qu’on s’était déjà pas mal rapproché de notre Jasserie, voilà-t-il pas qu’on va butter à nouveau sur un vrai festival de ruisseaux entrecroisés : "C’est normal me dit Jean-Louis qui ouvre la voie avec son GPS, on recroise notre premier ruisseau". En effet, revoilà cette fois, un peu plus en amont là encore, notre Goutte de l’Oule, qui se goinfre juste ici de plusieurs petits affluents... Qu’à cela ne tienne, bof, on a l’habitude ! Et avec une eau qui gicle de partout sur cet espace presque plat, on se débouille maintenant comme des chefs, ou presque, on va dire…
Et notre petite rando du jour va se terminer en apothéose : plus aucune difficulté sur cette belle piste toute droite qui file vers la Jasserie, et dans laquelle une main anonyme et délicate a gravé ses meilleurs vœux pour la nouvelle année, merci à elle. Mais une dernière et magnifique surprise nous attend dès qu’on s’approche du point haut de notre boucle : toute la chaine des Alpes du Nord, déjà entrevue ce matin, réapparait sous nos yeux ébahis, mais cette fois toute nappée des couleurs roses-orangées du crépuscule. Comment ne pas être saisis par la magie de cette apparition flamboyante ?
Allons, me dis-je à notre retour vers 17 heures à la Jasserie de Garnier : c’est là, peut-être bien, la lumière au bout du tunnel ?
Date | Titre | Auteur | ||
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17-05-2020 | Déconfinement dans l'infini des Hautes Chaumes | Geoffroy Rémi | ||
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