Sortie : Les gardiens de la Déesse

Pour se rendre au départ de la balade d'Orionde, il faut prendre une autre route car, comme vous le savez, le très actif groupe d'anarchistes ultra-gauche n'a rien trouvé de mieux que de bousiller le seul pont sur l'itinéraire... C'est donc par une petite route, que je ne connaissais absolument pas, que je monte au parking du col des Mouilles. La route longe des talus remplis de respounchous, j'en prends bonne note pour le retour et file sans plus attendre au pied de la montagne où m'attendent les fameux gardiens de la déesse Orionde. Ils sont toujours là, tout souriant sous le soleil levant, c'est bon signe !

 

Effectivement, la balade sera un enchantement à travers une nature en plein essor, tout est vert, même le chemin. L'eau coule par tous les vallons et la neige n'apparaît que sur la dernière partie. D'ailleurs ces névés me causeront bien du tracas car leur consistance est dure comme de la glace, une paire de crampons dans le sac aurait été judicieux. Alors il me faut prendre à travers champs pour aller chercher le versant sud où la neige a eu la bonne idée de fondre prématurément.

 

J'arrive enfin au sommet où souffle une très légère brise venant du versant nord-est, ce qui n'est pas l'orientation idéale sur ce sommet. D'autant plus que le petit col d'où nous nous envolons fréquemment est actuellement recouvert d'une énorme corniche blanche qui interdit tout décollage. Après une recherche minutieuse, j'installe la voile presque à la cime, face à la brise sur un petit faux plat. La voile tient juste mais il va falloir se jeter dans une pente très raide couverte de rhododendrons. Tout va se jouer durant la phase de gonflage !

 

Une fois dans la sellette, j'attends le thermique qui m'évitera de courir. Il arrive rapidement, tension sur les élévateurs bien symétriquement et hop, la voile me prend en charge instantanément. Le vol est un pur moment de bonheur. Une belle ascendance se trouve juste sur mon plan de vol, elle est douce et constante, comme si les gardiens de la déesse Orionde m'avaient réservé un traitement de faveur. Car enfin, trouver des thermiques ici à 11h du matin, c'est quasiment miraculeux. J'enroule donc jusqu'à l'ivresse ce courant ascendant qui, cerise sur le gâteau, est parfaitement doux. Le paysage est somptueux avec ses montagnes vertigineuses encore pleines de couloirs de glace. Le contraste avec la plaine est saisissant, comme si j'évoluais dans le massif de l'Himalaya.

 

J'exulte de joie quand je pose enfin mes pieds dans l'herbe grasse de la vallée du ruisseau de Laval. C'est tellement vert que l'on se croirait dans le Valais ! Au retour je ramasse une brassée de respounchous, ce soir encore on va se régaler. Merci aux gardiens d'Orionde, ils m'ont offert mon plus beau vol de l'année !