Devant le bulletin favorable de météo France, nous décidons ce matin de partir marcher en Chartreuse. Hélène fera la boucle des Sources du Guiers pendant que je monte au Dôme de Bellefont avec le parapente sur le dos. Il paraît que la marche est le meilleur des remèdes.
Le plus dur ce matin fut de s'extraire de la voiture sur le parking de Perquelin, en effet la position assise immobile finit par me réveiller la douleur lombaire. Heureusement après quelques minutes de marche, les vertèbres se sont dérouillées et plus rien ne s'oppose au sommet si l'on excepte les patous plutôt agressifs de ce côté de la Chartreuse. Parlons-en des chiens de garde. Alors qu'un silence laisse augurer l'absence de brebis dans le coin, soudain retentissent au loin les aboiements sinistres du chien blanc, le randonneur qui me précède doit être en confrontation directe avec la bête revêche. Bien décidé à ruser et faire le tour du troupeau par quelque moyen que ce soit, j'arrive à la cabane du berger d'une démarche résolue. A part deux sympathiques border-colley et une musique planante à la guitare électrique, pas le moindre signe ni du troupeau ni des patous. La fin du parcours semble dégagée pour mon plus grand réconfort, le danger doit être plus bas. Hélas au dessus un triste spectacle m'attend, deux brebis gisent sur le sentier. Si la première ne porte pas de trace visible d'agression hormis quelques tâches de sang frais, la deuxième est au trois-quarts dévorée. S'agit-il de l'attaque d'un loup ?
Je termine ma balade en réfléchissant sur la dure condition des éleveurs ovins qui, non seulement n'ont pas la vie facile, mais subissent nuit et jour les attaques des prédateurs. Je me pose également la question des patous qui manifestement sont bien plus efficaces à terroriser les randonneurs qu'à protéger le troupeau !
Bref, me voilà bientôt au sommet du Dôme de Bellefont, la vue y est splendide et la fraîcheur vivifiante. Le vent du sud est idéal pour le décollage aussi je ne perds pas de temps, une fois prêt à décoller sur les coups de onze heures. Un randonneur qui m'accompagne me fait remarquer la présence d'une voile 200 mètres au dessus de nous entre les cumulus qui grossissent à vue d'œil. Cette apparition devrait me galvaniser cependant il a du décoller de la Dent de Crolles et rejoindre facilement les faces Est surchauffées. Mon plan de vol passe forcément par les pentes ouest encore glaciales avant de rejoindre le versant sud des Lances de Malissard parfois généreuses dès le matin en ascendances.
C'est un coup de poker, je m'élance et file ventre à terre vers l'îlot de soleil. Hélas quand j'y arrive, les cumulus de la Dent de Crolles occultent complètement le soleil sous mes pieds. Le vario ne couine que faiblement si bien que me voilà obligé de filer vers d'autres fours à thermiques autrement plus efficaces. Finalement rien de bien fantastique à cette heure à l'intérieur du massif de la Chartreuse pendant que caracole le parapentiste de la Dent en direction de Chambéry. Je retrouve enfin Hélène qui a bouclé son circuit et qui bouquine sur le terrain d'atterrissage.
Au retour nous retrouvons la cousine sur le marché de Saint Pierre, nous pique-niquerons ensemble à l'exploitation devant le spectacle des sommets fumants de Chartreuse sur lesquels planent une quinzaine de parapentistes aguerris.