Forts de notre fameuse sortie d'hier au cœur de la Chartreuse, nous tentons ce matin de la reproduire une nouvelle fois dans la Matheysine et plus précisément à La Peyrouse . Hélas les jours se suivent et ne se ressemblent pas.
C'est par un nouveau sentier que nous accéderons au sommet ! Quel plaisir de trouver de nouveaux itinéraires dans cette généreuse nature juste au dessus des lacs de Laffrey. Deux remarques météorologiques cependant, un voile de cirrus retarde la mise en place des thermiques et le vent est faible quoique mal orienté. Peu importe, nous arrivons au sommet dans un calme total, plus un brin de vent et personne à l'horizon.
Rien ne presse alors nous contemplons la beauté du monde tout autour de nous. C'est à ce moment qu'une légère brise de nord-est se fait sentir, c'est parfait comme orientation alors nous commençons à étaler les parapentes face au plan de vol. Nous n'avons pas terminé de préparer le matos que le vent forcit subitement ! Quinze, vingt, vingt-cinq, houlala si cela continue nous allons être cloués au sol. Une rafale soulève la voile d'Hélène et menace de l'emporter dans le ciel laiteux. Il faut s'agripper aux freins pour casser la prise au vent. L'envol qui devait être enfantin prend des tournures de décollage extrême genre X'alps !
Afin de ne pas voir Hélène emportée par la bourrasque, je l'assiste au décollage en la tenant fermement par la sellette. Nous attendons une accalmie qui ne vient pas alors délicatement nous lâchons les freins avec pour conséquence une montée rapide de la voile suivie d'une solide temporisation afin de ne pas se faire dépasser par l'aéronef impatient de décoller. Une fois la voile bien stabilisée, il faut avancer vers la pente avec un petit coup de pouce de ma part et Hélène se trouve directement dans le flux thermodynamique, elle avance lentement sans perdre un mètre de hauteur.
Sans plus attendre je saute dans ma sellette en prenant soin de m'installer en contrebas du sommet afin de garder une marge de sécurité. Avec ce vent la voile monte docilement au dessus de moi, une bonne temporisation m'est aussi nécessaire pour éviter de la voir me dépasser brutalement. Une fois l'aile verrouillée au dessus, je prends le temps de défaire une clé qui froisse le côté gauche avant de m'envoler dans ce courant d'air imprévu. Peu enclin à rester dans cette masse d'air mouvante, je n'insiste pas trop pour rester sur le sommet, je m'éloigne du relief et commence une longue descente vers la vallée.
Hélène se pose dans le champ prévu, l'herbe est encore trempée de rosée, aussi dépose t'elle son aile au bord de la route au sec sur le goudron. Ce qui ne manque pas de provoquer l'ire d'un conducteur irrassible qui ne supporte pas l'imprévu. Il s'arrête à sa hauteur pour se plaindre que sa voile traîne... sans plus de détail. Il semblerait que l'automobiliste n'ait pas toute sa tête. C'est finalement sur un arrêt de bus que nous plierons tranquillement nos parapentes.