Devant l'excitation des réseaux sociaux hier soir au sujet des conditions fumantes aujourd'hui, il ne faut absolument pas rater le créneau. Seulement l'opéra de Lyon nous a tenus éveillés une bonne partie de la nuit, alors après une trop courte pause nocturne nous voilà repartis au petit matin vers le sud dans le Trièves. L'objectif est le Bonnet de Calvin en partant de Mens. La balade est belle mais glaciale sur ce versant ouest de la montagne.
Mon dieu qu'elle est longue cette grimpette jusqu'au sommet ! Une barre de céréales au col de la Brèche nous redonne la caisse pour en finir avec les 1050 mètres de dénivelé. Là-haut, les conditions d'envol sont parfaites, même si 10h30 est un peu matinal pour la mise en place des thermiques, nous installons nos voiles confortablement au sommet sur une pelouse digne d'un green anglais. L'air, d'une limpidité extraordinaire, laisse apparaître un panorama finement ciselé, nous sommes heureux de pouvoir nous envoler dans des conditions aussi sereines.
La brise de face oscille entre 10 et 15, parfaitement perpendiculaire à la pente sud-ouest, je vais tenter un face voile que je réserve d'habitude au vent fort, c'est à dire rarement. Je réussirai parfaitement l'exercice même si je n'éprouve aucune affinité avec cette méthode, ce qui montre combien il est difficile de changer ses habitudes. Quant au vol, c'est de la gourmandise, du loukoum. En tournant devant la proue sud du Châtel, je reprends tout ce que j'avais perdu en venant chercher le thermique. L'ascendance est douce, un vrai régal ! On pourrait y rester toute la journée même s'il est évident que dans une heure la vigueur des thermiques risque de devenir atomique. Alors quand j'en ai eu marre, je suis allé directement vers Mens pour me poser sur notre terrain privé où le propriétaire est venu nous acclamer et nous offrir le café.
Et les vautours ? Eh bien à 10h30 ils n'étaient pas encore bien réveillés, aussi pendant que je tournais inlassablement sur le sommet, une dizaine de volatiles sont sortis de leur léthargie en me voyant si haut ! Seulement comme ce sont des grosses feignasses, hier soir ils ont choisi de nicher 500 m plus bas au chaud dans les couches inférieures de la montagne. Jamais ils n'ont réussi à passer une probable couche d'inversion, je les voyais enrouler comme des bêtes au fond d'une combe ensoleillée sans jamais monter pendant que je dégustais là-haut mon loukoum sans la moindre turbulence. Mais c'est une piètre victoire, ils doivent maintenant tous se trouver à des altitudes stratosphériques à des dizaines de kilomètres de là. Mais je m'en fous, me poser près de ma douce est la meilleure destination de la terre.