Sortie : Plongée printanière dans les coteaux du Jarez

Un peu saturé du Pilat, je me dis qu’un petit retour aux Monts du Lyonnais ferait une diversion bienvenue. Sans enthousiasme, mais pourquoi pas en effet ? N’ayant pas envie d’aller bien loin, je tombe sur les coteaux du Jarez, situés au Nord de Saint-Chamond derrière la ligne de crête où se niche Valfleury et où je n’ai encore jamais mis les pieds.

Je m’aperçois alors qu’il existe dans ce coin, rive gauche de la Durèze, au moins 4 circuits de rando balisés ! Impossible de les ignorer, donc je me concocte ma petite mixture à moi. Mais comme je n’ai jamais aimé suivre un itinéraire balisé, il faut absolument que j’y rajoute un bout d’itinéraire perso sans balisage. Et je le trouve sans mal rive droite de la Durèze - vive la liberté !

Ce jeudi la météo annonce des "éclaircies" et je n’ai rien de prévu : allez, c’est parti  pour la journée !

Dès mes premiers pas au parking de la mairie de Valfleury, me voici plongé d’un coup dans l’ambiance calottine du lieu : les cloches de l’église toute proche sonnent soudain à toute volée les notes de l’Ave Maria, avant d’égrener les 10 coups de 10 heures ! Inutile de dire que je ne vais pas refaire aujourd’hui le "pèlerinage du Rosaire", visite typique de ces lieux - une fois suffit (ma rando du 25/2/2018 au Crêt St-Georges)…

Une fois passée la montée sur la petite route qui mène un peu au-delà du hameau des Plantées, l’accès au chemin de terre marque le début des bonnes surprises : premiers arbres fruitiers surchargés de fleurs, premières vues au loin par-delà la vallée de la Durèze, et déjà des fleurs partout, innombrables… L’arrivée au Col de la Gachet, puis le superbe chemin de crête sur le GR7, avec leurs vues proches sur Saint-Christo-en-Jarez, dans le rétro sur Valfleury et le Crêt St-Georges, mais aussi plus lointaines sur les coteaux du Jarez, sur les crêts du Pilat et au-delà, sont un petit régal. Je ne croise à peu près personne sur les chemins, sauf parfois, aux principaux carrefours, un ou deux habitants du coin. Quant au balisage, il est parfois surabondant, parfois absent, parfois sibyllin…

Suit un calme tronçon en sous-bois avec la modeste Font du Loup (bientôt à sec, je le crains...) et le début de la descente douce vers les coteaux du Jarez.

C’est à la bifurcation 665 entre le Gas et la Baronnière que je me pose enfin sur une souche pour mon pique-nique du jour. J’y verrai passer 2 trialistes, puis un cycliste organisateur d’une prochaine rando. La suite - descente plein S puis SE jusqu’à la Durèze tout au fond- me vaudra encore plein de très belles vues sur Saint-Romain-en-Jarez ou Saint-Martin-la-Plaine ; mais tout au fond le Lyonnais et les Alpes sont hélas noyés dans la brume… Je me contente des premiers arbres et vergers tout blancs et des premières retenues collinaires, spectacle nouveau pour moi et tout à fait séduisant au cœur de ces collines modelées par des générations d’arboriculteurs.

Passé la Baronnière, je croise un groupe de randonneurs, et je les interroge (c’est mon péché mignon…) sur l'existence d'un éventuel sentier qui permette de longer la Durèze là en-bas jusqu’à Valfleury (il n’y a rien sur IGN). On ne sait pas me dit-on, mais finalement leur "chef" m’assure qu'il y en a un. Confiant, je les quitte et poursuis ma descente. Peu après, un automobiliste sympa s’arrête pour me demander s’il peut me renseigner ! De plus en plus ragaillardi, je traverse la Silbertière et descend jusqu’au petit pont sur la Durèze. Et là, visiblement, pas de sentier, mais des barbelés ! En fait, je vais constater qu’il n’existe absolument aucun sentier le long de la Durèze, isolée de bout en bout et de part et d’autre par des kilomètres de barbelés !

Il ne me reste plus qu’à commencer la remontée en face, rive droite comme prévu, pour ma dernière partie non balisée. Et c’est vraiment là, notamment autour des hameaux de la Grande puis de la Petite Châtaignière, que je vais évoluer littéralement au plus près des activités et de la vie des fruiticulteurs du Jarez : un peu partout, des arboriculteurs près de leur ferme ou dans leur parcelle plantée d’arbres fruitiers tout fleuris, avec ici et là en fond de vallée (où j’ai fait un aller/retour jusqu’au bord du ruisseau) une ou deux retenues collinaires qu’on repère à l’œil ou à l’oreille (les coassements d’innombrables grenouilles !). Avec aussi au passage un bref échange avec l’un ou l’autre fermier, ou encore (à la petite Châtaignière) une vielle dame très sympathique qui, malgré les jappements frénétiques de ses trois chiens, a tenu à m’indiquer le départ du raccourci pour remonter à la départementale !

Puis, une fois redescendu à la Durèze (quasi inaccessible depuis le pont, où ses berges font office de déchetterie !), je rejoins le sentier qui lui est parallèle à mi-pente et remonte ainsi jusqu’à Valfleury. J’attendais beaucoup de cet ultime parcours, mais force est de reconnaitre qu’il est un peu décevant : à ma gauche, toujours les barbelés et la Durèze invisible en bas, enfouie dans un fouillis de verdure ; à gauche toujours, une masse de fruits pourris déversés dans la pente ; plus haut, une cabane près d’une retenue d’eau trouble à l’odeur peu ragoutante ; puis d’autres retenues, plus belles et limpides cette fois-ci, signalées d’abord par un concert de coassements, et dont une sera même accessible jusqu’à la Durèze… La fin de la montée, elle, sera plus attrayante, avec Valfleury en point de mire qui se rapproche à chaque détour du chemin.

Au total, une rando très particulière, inédite et variée, au bilan final "globalement très positif", on va dire !