Grand Replomb Par Jean Collet depuis la gorge

Le Grand Replomb ou comment tester son moral !

Je suis parti tout guilleret mais à 6h15, de nuit, j’ai vite déchanté. La route a littéralement disparu. Je pose donc la caisse à la Gorge et commence à suivre le lit du ruisseau complètement défoncé. La route a été embarquée sur plusieurs centaines de mètres. Il me faut traverser la rivière une première fois les godasses à la main sous la lumière glauque de la frontale. Je retrouve un ersatz de route, par moment effondrée, puis un chemin en bon état. Mais ce n’est pas fini. Beaucoup plus haut, quand le chemin redescend sur le fond du vallon c’est le chantier, des pans de montagne entiers se sont effondrés et ont disparus laissant un paysage de désolation. En plus tout est branlant ! Heureusement en rive droite je retrouve le chemin au dessus. Pendant ce temps le jour se lève et manifestement, la dépression a de l’avance : il y a un superbe lenticulaire sur la Dent de Crolle, il y restera tout le temps de la balade et les nuages aussi d'ailleurs.
100 mètres avant d’arriver au sommet il me faut sortir précipitamment le Kway : une grosse pluie orageuse me cueille. Je poireaute comme un hère, assis sur mon sac pour le protéger.
Puis brusquement tout s’arrange, le vent tombe et du bleu apparaît. L’orage se décale sur le Grand Pic qui disparait à son tour, enveloppé dans de sinistres volutes sombres et humides. Je reste dubitatif quant aux conditions de vol, seul au sommet. Et c’est là que je vois une apparition providentielle: sur le dôme d'Orionde, un parapente se prépare vers le sud ! Je l’observe pour voir s'il y a du vent et m'assurer que je ne suis pas sous le vent de la Grande Lance de Domène. Il rate un décollage, ça doit burler sévère, mauvais présage. Il remonte la pente mais il se remet en position dans la face nord (à ma grande surprise) avant de décoller facilement! Conclusion : y a pas un pet de vent ! Il ne m’en faut pas plus. Je me prépare en vitesse et décolle dans 10 Km/h de sud. Conditions de vol idéales.