Ce matin en sortant de la voiture à Monteynard pour grimper sur le Conest, l'ambiance est exactement comme la musique de Debussy. Un panorama merveilleux que tamise une légère et diaphane brume dévalant depuis le lac. C'est d'une mystérieuse beauté, juste sous le Mont Aiguille se découpant dans le ciel azuré émerge du brouillard son pendant mystique, le clocher de pierre, tel un vaisseau pourfendant les flots.
Si le spectacle vaut le déplacement, il ne faudrait pas que ces brumes s'éternisent, elles compromettraient notre retour du sommet par les airs. Mais peu importe, il nous faut marcher, c'est le principe de la randonnée. C'est sur une idée de Philippe entrevue sur une liste de diffusion que nous sommes ici, nous ne devrions pas êtres seuls au sommet. En effet, alors que nous sortons de l'étage arboré, nous apercevons deux parapentistes qui en terminent avec le dernier raidillon. Nous ne tardons pas à les rejoindre à la cime de La Peyrouse, le point culminant du massif du Conest (aux multiples orthographes).
La bise bien présente durant nos derniers efforts semble moins forte pour notre plus grand bonheur, en revanche la brume si esthétique en montant est toujours omniprésente dans la vallée ! On imagine déjà un plan B afin d'éviter le brouillard en volant de l'autre côté du sommet, vers les lacs de Laffrey actuellement bien dégagés. Alors que nous échafaudons des plans de vol extravagants avec nos deux amis, le nuage qui aurait tant plu a Debussy commence lentement à se désagréger. Il n'est plus question de plan B, on s'en tiendra au plan initial en atterrissant au Blais, où s'agite frénétiquement notre flamme plantée ce matin avant de partir.
Le vol est une exquise parenthèse, les sons et les parfums tournent dans l'air du matin, des restes de brume s'effilochent entre les branches dressées des plus grands arbres nus. Le Drac apparaît imposant entre les berges sombres encore cernées de nuages, on en prend plein la vue ! Notre terrain parfaitement dégagé nous tend les bras. Il faudra néanmoins se méfier de la brise encore fortement descendante qui nous fait perdre brutalement de l'altitude au dernier moment du vol.
Une fois pliées difficilement les voiles dans cette brise descendante encore forte, nous allons comme d'habitude pique-niquer au belvédère du Monteynard. Nous assisterons ainsi au vol et à l'atterrissage de Philippe et ses amis. Pas moins de quinze parapentistes auront décollé du Conest ! Incroyable l'effet boule de neige de ces réseaux sociaux !