Le Chauvet en Beaumont depuis Quet en Beaumont

Une matinée sur le mont chauve

Il y a une quinzaine d'années, ont paru quelques petits topos de sites montagnes en parapente. Sur la région Grenobloise, Glénat avait édité un guide assez succinct mais qui avait le mérite d'exister. Bien sur j'ai testé beaucoup de ses sites (pas toujours faciles ni prudents) mais le Chauvet ne m'avait jamais tenté, il faut dire que ses prestigieux voisins à l'allure nettement plus romantique attiraient invariablement nos choix.

Aujourd'hui, et après www.bivouak.net/topos/course.php?id_course=3838&id_sport=16, c'est le moment d'aller voir vers cette motte de beurre à l'aspect peu élancé. Finalement, c'est une agréable surprise. Entre Obiou et Ecrins, la vue depuis le sommet arrondi (heureusement matérialisé par une borne) est variée. Le problème c'est où qu'on étale ? Effectivement c'est tellement doux comme relief qu'il est nécessaire de s'avancer en direction du vent pour trouver un semblant de pente. 300 m vers le nord, Jeannot et moi trouvons la pente suffisante. Il n'est pas sur que je décolle avant un certain temps mais la brise aidant, ça ne devrait pas prendre plus de 200 m.

Eh bien non, la performance de ces voiles est étonnante, j'ai du courir 20 mètres avant de voir s'éloigner lentement les hautes herbes. Je passe 1 mètre au dessus de Jeannot qui avait pourtant pris soin de se poster environ 100 m du point de décollage. En l'air c'est toujours aussi beau. Je m'appuie sur l'épaule qui descend tout doucement vers l'ouest, lentement, je glisse vers le doux relief jusqu'à le dépasser bien avant la rupture de pente, là ou jadis les enclumes devaient se jeter. Les vaches m'observent tout en ruminant tranquillement, elles doivent bien se demander que signifie cette lubie de toujours vouloir bouger sans raison.

Ensuite le vide se creuse brutalement au dessus du Drac, qui porte bien son nom, il serpente puissamment, encaissé dans des gorges abruptes. Et au bord de ces gorges, un petit plateau, cerné de falaises. C'est ici que je dois atterrir. J'ai vérifié ce matin la possibilité. Seul un quart du terrain est moissonné, c'est plus que suffisant pour s'y poser sereinement. Pourtant entre les falaises, les lignes à hautes tension, les thermiques qui jaillissent des profondeurs, c'est un peu stressant. Mais finalement rien de bien difficile. S'agit pas de faire un hors terrain, c'est direct dans le lit du Drac, terriblement encaissé 100 m plus bas.

Alors que Jeannot redescend à pied, il ne me reste plus qu'à remonter les 200m d'altitude qui me séparent de la nationale. C'est marrant, le petit village de Quet en Beaumont, perdu sur le flanc de la vallée, offre une solitude qui tranche singulièrement avec le raffut de la nationale où passe le flot des vacanciers. Le hameau, comme figé par le temps, continu à vivre au rythme des saisons et les belles maisons qui le composent m'attirent par leur tranquille implantation: sans doute doit on y vivre heureux !