Mont Forel traversée Ouest-Est

Données de la sortie

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  • Date :
  • Durée :
  • Dénivelé :
  • Altitude chaussage :
  • Altitude déchaussage :
  • Risque avalanche :
  • Participants :
  • 26-07-2003
  • 8h
  • 1000 m
  • 2300 m
  • 2300 m
  • 1/5
  • Rémi et Bat

Aujourd’hui, c’est le jour tant attendu, on va faire (enfin) le Forel. Hier, on a repéré une voie qui a
l’air de passer tranquille : on monte sur un col à droite de la face, on descend un peu de l’autre coté
et on attrape un glacier sur l’autre versant qui nous conduit au sommet facilement.
On se lève à 4h, on déjeune doucement en discutant puis vers 6h, on chausse les skis et en avant. On
part en chantant « le porte feuille de Manu Chao ».

Après 1 h, on est au pied du col, on mange une barre puis on attaque à ski. La pente se redresse, alors on cramponne. On franchit la rimaye qui est bouchée, puis finalement on arrive au col en
traversant légèrement à droite. Et là, surprise, ça plonge directement sur le Paris Gletscher. La
solution envisagée tombe à l’eau. Heureusement, nous en avons une de secours ! Direct. Il y a un
couloir qui part du col et qui trace entre les rochers jusqu’à la calotte sommitale. On s’y engage, la
neige est bonne ;

Peu à peu, la pente se redresse. Je vais devant, et pour moi, ça roule, mon piolet ancre bien, mes crampons vont pas mal. Mais je n’ai pas pensé à Rémi qui a des crampons tout juste bons pour aller à la plage et Bat qui a une pioche impeccable pour retourner les pommes de terre.

Donc, quand sur la fin, ça se raidit encore et que ça devient en glace, je suis 10m au-dessus de Rémi, qui s’arrête sur un rocher, et sort la corde à juste titre. Je ne peux pas trop descendre donc je reste campé sur mon piolet en attendant que Bat rejoigne Rémi, qu’ils sortent l’artillerie : une broche, puis me l’ envoit que je puisse sortir la deuxième moitié de l’artillerie : l’autre broche. Je m’encorde après une bonne bataille puis désescalade jusqu'à eux. Je me suis un peu emballé sur ce coup, mais bon, on a maintenant un bon relais et on réfléchit à la stratégie à employer. Il paraît difficile de passer par la glace avec le matos qu’on a. Rémi traverse donc à droite pour tâter la neige
au-dessus : pareil, glace. Il redescend et tire encore à droite. On le rejoint, il continue une autre longueur. Ce n'est pas très dur mais super joli, on passe dans du rocher rouge, avec tout le Schweizerland qui s’ouvre à nous, peu à peu.

La seule inconnue demeure l’issue de cette traversée. Il n’y a pas de voie répertoriée sur cette montagne donc on avise au fur et à mesure. Je continue ensuite encore deux longueurs puis je vois une possibilité de rejoindre le sommet de la calotte sommitale. A cet endroit, la pente est un peu moins raide et on a changé de versant, donc la neige sera peut être meilleure. Le relais est béton. Je pars avec deux piolets, puis je taille des marches avec mes crampons. A bout de corde, en creusant la neige, je peux mettre une super broche ; ça s’annonce bien, la neige est nickel. Je renvoie un piolet en bas, Bat et Rémi me rejoignent et je repart. On fera trois longueurs de la sorte et enfin on arrive sur une pente de neige pas raide qui va nous conduire au sommet. On marche un peu puis on chausse les skis qu’on se trimballe sur le dos
depuis le matin.

Le sommet est assez loin mais finalement, à 14h, on y est. On s’embrasse. Ce paysage est magnifique. Il y a d’un coté des sommets très alpins, de l’autre, la calotte qui paraît infinie, il y a aussi les montagnes qui sortent de la calotte faisant penser à des îlots sur la mer. Bref, il faut le voir pour le croire. C’est un moment magique, on en parle depuis un an, on a marché 15 jours pour arriver au pied et on a ensuite bien bataillé pour gravir le sommet. On fait plein de photos pour les sponsors, pour nous ; on mange un peu, on boit un peu, puis après deux heures passées au sommet, on se décide à descendre. Mais par où ? That is the question. Par là où on est monté, ça risque d'être un peu galère pour tirer à nouveau des longueurs puis en plus, il y a une grosse corniche au-dessus du couloir, et qui chauffe à mort l’après midi. D’après les renseignements qu’on a eu, il y a une voie de l’autre coté, on va tenter cela. On chausse puis on attaque la descente. Hélas, on butte sur une barre de séracs. On remonte. De la tente, on voyait un couloir qui paraissait peut
être skiable.

On va voir en haut. Je descends avec Rémi. Le couloir est raide, on n'a pas les couilles de s’y lancer à ski. Rémi descend encore un peu sur un rocher et voit que les séracs où on était s’arrêtent et qu’il y a peut être une arête. On remonte à nouveau, on remet les skis et on redescend.

On trouve cette fois une arête qui tombe sur un col où on pourra peut être chausser les skis. On attaque alors une désescalade avec les skis sur le sac. On est a nouveau dans le rocher (granit) rouge, pas très solide mais sympa à descendre. On descend une centaine de mètres dans les rochers. On a bien fait taper les skis partout et maintenant, il va falloir les mettre. Le moment est crucial. La neige est bonne, très dure avec une couche très accrochante. C’est raide, la chute est interdite. Il faut le moral pour encaper le premier virage. Rémi y va premier, puis moi et ensuite Bat. Cette fois, on est lancé. La confiance est là, la neige ne comporte pas de « surprises ».

On descend alors assez vite en zigzaguant un peu pour rester au moins raide. C’est vraiment le bonheur d’enchaîner les virages dans cette pente au bout du monde. On franchit la rimaye. Encore quelques courbes et on est en bas. Reste à mettre les peaux et se taper une dizaine de bornes de plat. Ce qui est fait. Enfin la tente, la soupe, la purée, la tise, et le duvet. On s’endort à minuit, ivre de joie et de fatigue.

Le mot Forel aura été une journée hors du commun. Nous avons réalisé un itinéraire en traversée très élégant avec de la neige, du rocher, du ski et du plat pour rester dans l’esprit Groenlandais. On l’a fait et d’une belle façon, ce sera un souvenir inoubliable.

Marche : 14h

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