Changement de temps, les différentes météos se perdent en conjectures, moi aussi ! Hier soir, il y avait un fort vent du nord, bien au delà de la brise thermique, c'était pas bon signe. Pas assez dormi ce matin, en plus je me suis gouré en réglant l'heure du réveil, à 4 h il m'a fait sursauter, il s'est pris une grande claque... et puis vers 6h je me suis réveillé naturellement... de bonne humeur... Oh c'est un signe ça ! Vent du nord en altitude, le Colombier est une bonne destination.
En roulant vers Entraigues, les rafales sur le lac de Laffrey m'ont fait regretter mon choix, je n'ai pas pris le bon sac à dos... Comme marcher sans sac me fait l'impression d'être à poil, je me propose d'aérer la voile et son emballage (comme si la www.bivouak.net/topos/course-id_course-2401-id_sortie-7998-id_sport-2.html n'y suffisait pas !). Peu importe d'ailleurs, au départ l'air est calme...
Le sentier est parfaitement entretenu, et même fauché jusqu'au col d'Hurtières ! Il est splendide et la qualité de la plateforme laisse à penser que ce devait être un sentier à gros trafic, des murs de soutènement, des lacets pas trop raides, vraiment charmant. En plus c'est un sentier roulant, le dénivelé est avalé plus vite qu'à l'accoutumée. Je n'ai croisé qu'une seule personne, une religieuse probablement échappée de Notre Dame de la Salette, elle contemplait la vue depuis le col (qui est à une demi-heure du sanctuaire), elle semblait absorbée dans sa méditation, c'est fascinant... et si elle avait raison ?
Pour voir, une fois au sommet, je sors l'ipod et écoute la missa de Beata virgine de Josquin Després, c'est vrai que c'est magnifique, c'est même infiniment beau. J'ai beau ne pas croire en Dieu (du moins pas dans cette représentation) il n'en demeure pas moins vrai que je resterais bien des heures ainsi, seul à regarder l'immensité, à écouter des musiques sacrées (ou profanes d'ailleurs). Si c'est ça la prière, je signe tout de suite !
Bon la nourriture spirituelle ça va un moment, mais comme les conditions ont l'air de partir en vrille avec l'arrivée de nuages à tous les étages, je range la délicieuse boite à musique et sors le chiffon de soie. La brise est pour l'instant parfaite, orientée nord mais déviée par le thermique de la face Est. 100 m plus au nord du sommet, une belle pente herbeuse s'offre à moi. Il faudra décoller vite, car c'est un horrible pierrier plus bas.
Une fois prêt dans ma sellette, la brise tombe, voir passe vent de cul léger... Diable que se passe t'il ? Fermement convaincu qu'un nouveau thermique va passer, je prends patience. Ce qui me permet d'observer encore ce paysage quand même grandiose, en silence. Et puis la brise s'est enfin remise dans le bon sens, j'ai pu décoller sans problème. Dans la vallée il y a déjà beaucoup de vent mais je me pose comme une fleur pas loin de la voiture garée entre Villard et Gragnolet (je l'avais laissé ici, persuadé que ça ne volerai pas !)
Cette religieuse là-haut m'a perturbé... Tranquillement à coté de la voile je m'en remets une couche en écoutant du Chopin. Quel rapport avec Dieu me diriez vous ? C'est tout simplement le pianiste, Thierry de Brunhoff (le frère du créateur de Babar). Il joue le nocturne en Ut dièse Mineur à la perfection et nous emmène très loin. Et pourtant, il à quitté la scène pour rejoindre le monastère d'En Calcat en 1974 où il y est encore... Étonnant non ?