Kaiser Sauzet, pour changer....
Le monde et la chaleur ne sont pas encore d'actualité. A la gare du Funiculaire, rien ne vient troubler la quiétude matinale si ce n'est quelques pépiements lointains d'un merle insomniaque. Ah si, je ne suis pas tout seul puisqu'un autre parapentiste, lourdement chargé entame également la montée, ce n'est pas le poids du sac qui a l'air de le déranger, je l'ai perdu de vue au bout de trois minutes....
Le soleil éclabousse le sentier de larges taches lumineuses et j'en suis à regretter le short, il fait chaud pour un mois de juin ! Hein... on est seulement en avril ? Ah bon... Le sentier du Pal de Fer se déroule lentement au milieu des buis qui ont déjà perdu leur parfum capiteux. Sous la falaise, la brise thermique comme le funi s'engouffre dans la faille, tant mieux je commençais à prendre un bon coup de chaud. Sur le plateau des ailes décollent déjà dans un silence absolu, elle passent au dessus de moi paisiblement, c'est bon signe, après le coup de vent d'hier, il semble que l'atmosphère se soit assagie.
En traversant le village je passe faire un petit coucou à Jean-Phi, toute la petite famille se réveille, il m'offre un coup à boire et me propose de faire la navette, Cette proposition me va droit au cœur, ce n'est pas la première fois qu'il veut me rendre service, évidemment je décline, une seule règle : Ne dépendre de personne. Cependant autant de sollicitude me touche, surtout quand elle est sincère. C'est promis je repasserai, en attendant il me faut continuer la marche. La dernière partie, à travers les prairies remplies de pousses vertes et de fleurs jaunes est vraiment agréable. Une petite brise venue du nord entretien la fraicheur, elle est douce et pas inquiétante, tout est au vert pour le vol.
Le courant d'air est parfaitement orientée au décollage, permettant un envol serein entre les arbres, la vue s'étend bien au delà de Belledonne, la masse d'air est hospitalière, la voile à l'instant tranquillement étalée est maintenant bien gonflée au dessus, tout va pour le mieux dans le meilleur des monde, profitons en, le bonheur est si fragile. Juste quelques minutes comme dans un rêve et déjà d'autres voiles me rejoignent, l'activité de Saint-Hil bat son plein, le ciel est bariolée, je ne fais que passer. Dans la vallée le vent du nord, sans être gênant, n'en demeure pas moins assez soutenu. Beaucoup de papillons loupent l'immense fleurs en forme de calice, avec tout ces fusibles, impossible de rater le terrain ! Y a des jours où même une simple balade aérienne laisse une douce sensation durable! Il faudrait que le vol ne se termine pas, que l'on finissent par se dissoudre dans l'air, tout Comme le ewig inlassablement répété à la fin de l'Adieu du Chant de la Terre. Ewig ewig ewig