Plan de Montmajou depuis Artigue

Au fur et à mesure de la balade, les nuages sont devenu de plus en plus envahissants, jusqu'à occulter complètement le soleil pourtant bien présent aux premières lueurs du jour. C'est ballot! Mais cela ne risque pas de voler...

Les nuages sont maintenant soudés, cependant contrairement à hier, ils ne collent pas au relief et me laissent au sec. C'est seulement à deux cents mètres du sommet que j'ai retrouvé le ciel bleu et les pics acérés de la barrière des 3000 du luchonais. Si la mer de nuage est d'une incontestable beauté, elle m'interdit clairement - si j'ose dire- le retour par la voie des airs. Je me donne jusqu'à 11h, ce qui me laisse plus une heure à profiter du paysage.

La dessus arrive - venu de nul part - le berger du www.bivouak.net/topos/course-id_course-4807-id_sport-16.html. Nous parlons bien une bonne demie heure de tout et de rien, je crois que la solitude de l'estive lui pèse un peu, il faut dire que malgré la proximité du Gr10, il n'y a vraiment pas grand monde par ici. Nous sommes face au nord et rien ne laisse présager d'une  quelconque amélioration. Pourtant mon téléphone vibre et me laisse un message plein d'optimisme : Y a du bleu au dessus de Luchon !

D'un coup d'un seul je me lève et me précipite vers le sud,comme le sommet est vaste et totalement plat, il me faut bien trois minutes pour aller vérifier la véracité de cette assertion. Comme la mer est presque à ma hauteur, je ne vois rien du fond de la vallée, ma vue est trop tangentielle, les nuages léchant ma rive semblent toucher la rive d'en face. Pourtant c'est effectivement bien sombre au centre de la vallée. Et puis tout à coup j'ai aperçu le flanc boisé de l'autre coté de la vallée. 

En vitesse je me suis préparé face à la trouée, l'absence totale de vent me permet un décollage optimum dans la direction de l'ouverture. La première minute du vol est délicieuse, cependant il est évident que la finesse de la voile ne me permettra pas de passer par dessus les nombreux nuages qui ourlent mon ilot. Alors il faut prendre un cap et s'y tenir, j'entre dans la masse cotonneuse en prenant ma respiration, allez, il faut faire confiance, mon indicateur à Luchon est fiable. Les secondes s'égrènent lentement dans la blancheur immaculée, parfois il me semble presque toucher le spectre de brocken qui va et vient à la faveur des développements nuageux. Et puis soudain le fond de la vallée est sorti de l'ombre, les nuages se sont écartés et l'air cristallin est redevenu l'élément dominant de mon environnement immédiat. Ouf le suspens n'aura pas duré trop longtemps.

La fin du vol est alors une longue descente devant la vallée toute verte et cernée d'une couronne imposante de nuages blancs. Voilà un vol qui résonne comme une douce mélodie éthérée de Geoffrey Ohrima

Photos des paysages ennuagés plus tard