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La boucle aval :
L’idée du jour était de faire la boucle de la partie aval des gorges. C'est-á-dire de descendre dans le torrent á Chambon nord, de suivre le lit vers l’aval, et de ressortir á Bouchaire, le tout au départ de Lavars. Cela permettrait de compléter la première boucle faite en mai, car hormis cette fois-lá je n’avais fait que des allers-retours par un même accès Cela me permettrait aussi de découvrir les environ 400 m que je n’ai toujours pas parcourus á l’aval du confluent avec le ruisseau d’Orbannes. Ce projet me met un peu la pression car je n’arrive pas bien á anticiper la durée qui sera nécessaire á parcourir cette boucle. Or s’il faisait beau temps ce souci serait secondaire, mais justement aujourd’hui ce n’est pas le cas : nous subissons un épisode de climat pluvieux depuis hier, et tout indique que cela va continuer. Je ne voudrais pas me jeter dans un traquenard, á cause d’un niveau d’eau qui enflerait de trop au moment où je me trouve dans le torrent…
En fait, ce matin tôt, les nuages ne sont pas trop menaçants. Quelques trous de bleu se font même voir dans le gris du ciel. Ces signes encourageants, l’envie d’aller sur place, plus Françoise me décident á partir. Et si les éléments sont contraires, je pourrai toujours faire demi-tour. Mais si un créneau positif se confirme, cela va passer !
Pour laisser la voiture, cela sera mieux á Chambon. En vingt minutes á pied le torrent est atteint ; il sera alors possible de jauger le niveau de l’eau, et de choisir de faire la boucle ou non. Cette descente en question, je l’avais débroussaillée en mai dernier, et elle est déjá confortable. Quelques branches en moins, et elle sera encore plus aisée.
Arrivé au bas, ces lieux commencent á être familiers : en comptant, cela fait la quatrième fois que j’y suis. Le torrent á l’air calme, et les remous sont faibles. C’est décidé : je continue ! Séance préparation : enlever chaussures, chaussettes et pantalon, pour enfiler les seules baskets destinées á subir l’eau lors des traversées. Finalement, ces vieilles baskets sont encore très suffisantes pour le parcours sur les rochers latéraux, mi-appui et mi-adhérence. Et cette solution a gagné la confiance de la troupe , maintenant.
Le ciel est gris, bien gris. L’hypothèse « éclaircie » ne tient plus, et le risque de pluie augmente. Alors, sans faire le sprint (hors de question ici, en étant seul, de prendre le moindre risque) la marche est régulière. Comme par ailleurs, le temps et l’éclairage médiocre n’incitent pas á faire de nombreuses photos, l’avancée est bonne…
Voilá le défilé !
C’est l’endroit où les roches des deux rives sont les plus proches l’une de l’autre de toutes les gorges. Ici le lit du torrent ne doit pas dépasser 5 á 6 mètres de large. Aujourd’hui le niveau de l’eau est sensiblement plus bas que la première fois, peut-être d’une vingtaine de centimètres. Si cela semble peu en apparence, cela fait quand même beaucoup en termes de débit et de remous. Le souvenir de mon arrivée ici, il y a deux mois, et du quart d’heure de valse observations-hésitations, avant d’oser le franchir, sont évacués. Et c’est sans coup férir que l’obstacle est aujourd’hui avalé, pieds au sec, par la rive gauche ! Quel plaisir que de se sentir familiarisé avec ces exercices d’équilibre – qui ne sont pas difficiles techniquement – mais qui requièrent un bon rodage… si l’on tient á éviter la trempette !
Voilá le confluent d’avec le ruisseau d’Orbannes. C’est un petit débit. Quand on sait, qu’en fait, ce ruisseau draine les eaux de toute la cuvette de Chichilianne, on est étonné de le voir si maigre.
S’ouvre devant moi la partie qui est encore inconnue, sur quelques centaines de mètres. Je n’ai pas d’appréhension. Sauf que ce passage me rappelle á l’ordre car il est plus sérieux que je ne l’attendais. De part et d’autre, les rives sont escarpées, pleines de végétations, et infranchissables : pas d’échappatoire, donc. Au milieu, l’Ebron prend toute la place. Ses gours ne donnent pas envie de les visiter. Seul passage trouvé : une margelle, adaptée á la largeur des pieds, á flanc des rochers plongeants directement dans l’eau, permet de franchir la distance. Je ne m’attendais pas á ce sursaut d’orgueil de l’Ebron, et suis finalement soulagé d’en sortir. Ne reste plus qu’á franchir le cours d’eau pour rejoindre la suite en rive droite. Mais lá, surprise á nouveau : aucun gué ne se déclare évident, ni peu profond.... Il faut choisir un endroit du torrent au mieux, faire face au débit, s’équilibrer avec les deux bâtons et avancer en crabe, laissant á chaque pas le mollet se faire emporter par le courant avant que de le replonger énergiquement un peu plus loin. Il ne s’agit que de cinq á six pas á faire, mais la hauteur d’eau, au-dessus des genoux, incitait á beaucoup d’attention. Et encore aujourd’hui, le niveau était-il bas !
Une fois remis de ce coup d’accélérateur cardiaque, la descente reprend. Et lá se manifeste un vrai contraste de configuration. Autant jusque lá le torrent était-il encaissé, avec des rochers présents en permanence dans son lit, autant maintenant ce lit a doublé de largeur et son fond plat n’est garni que de galet sans plus aucun affleurement. C’est un vrai changement d’ambiance ! Par conséquence, l’eau serpente de droite á gauche, plus calmement, et oblige á de nombreuses traversées du cours d’eau. C’est une nouvelle partie des gorges de l’Ebron, celle de l’aval, celle qui se finira dans le lac du Monteynard. Ici également, plus aucun souci de franchissement, si ce n’est de mouiller les chaussures et les jambes, exercice en fait très ludique.
Un peu plus bas encore, et c’est le confluent avec les eaux du Riffol – Grosse Eau. Le Riffol apporte son eau boueuse due aux glissements de terre contre lesquels il se frotte (voir le récit sur le Riffol). L’Ebron est devenu un gros torrent maintenant, par les apports de ces trois derniers ruisseaux.
C’est á ce moment-lá que, croyant pouvoir me la couler douce jusqu’á la plage de Bouchaire, le ciel se manifesta. Sur quelques galets épars, je note de petites tâches rondes. Cela ne m’inquiète d’abord pas. Trente secondes plus tard, la densité des tâches augmente subitement et, avant que d’entendre le bruit des gouttes crépiter sur le casque, je comprends que la pluie a démarré.
Pétard !
La situation se complique.
Du côté positif ; je suis sorti des inconnues et il ne reste que cinq minutes de marche pour atteindre la fameuse plage. Pas de problème de ce côté-lá.
Du côté négatif : la montée á Bouchaire ! La semaine dernière, je l’ai dégagée de ses obstacles et son tracé est donc clair. Mais la raideur de certains de ses passages terreux – ou herbeux (ce qui n’est pas mieux) au franchissement d’un petit entonnoir – ne présage rien de facile. Qui plus est, sur l’éperon NO, le côté gauche en montant est constitué d’á-pics aussi profonds qu’ils sont traîtres car la végétation en masque le réel danger. Je connais tout cela, et n’en mène pas si large. Va falloir être super attentif !
Avec calme et régularité, je monte. Bâtons et buis assurent les prises de mains. Grosses godasses de montagnes fournissent les appuis en entaillant la terre. Hors de question d’être ici en baskets, avec de telles conditions de pluie : beaucoup trop dangereux !
Le débouché au sommet de l’éperon rassure toute l’équipe. Et c’est avec soulagement que nous nous accordons un répit casse-croûte bien mérité. D’autant que les gouttes s’arrêtent un peu.
La suite et fin de la boucle n’est qu’une formalité par les chemins des paysans, en terre, puis en goudron. Lavars m’accueille avec une légère rincée… Et, traversant ce joli village á pied pour la première fois, je rejoins la voiture, tout guilleret. Ce fut une super-boucle, avec son lot de plaisirs et de découvertes, tel que je l’espérais des gorges de l’Ebron.
Impeccable !
vendredi 22 juillet 2016
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