Voilà un an presque jour pour jour que je n'ai pas chaussé les skis de randonnée... pour un gars dont la première passion est le ski de rando, c'est le pompon !
Bref, Malgré un temps plus que mitigé, et avant le grand réchauffement – sinon planétaire, du moins local – je me force à opérer une virée dans la neige. En sortant de la voiture, à peine la portière entre-ouverte que le vent s'engouffre dedans, manquant de faire sortir la porte de ses gonds, c'est pas tant que le vent soit fort, mais plutôt que la Renault n'est pas des plus solides. Alors que je passe à l'arrière du véhicule pour en extraire tout le matériel, la couche de glace cède sous mes pas et me voilà les deux pieds dans l'eau, cela n'aurait pas eu d'importance si j'avais été correctement chaussé, mais évidemment en pantoufles ce n'est pas terrible, c'est donc avec les chaussettes trempées que j'enfile mes bonnes vieilles grolles de ski.
Si la neige ne s'annonce pas idéale à la descente, dans la trace c'est un vrai plaisir, elle adhère aux peaux juste comme il faut, et c'est tant mieux, car avec les traces modernes y a intérêt à ce que ça tienne, c'est droit dans la pente, le seul avantage réside dans l'absence de conversion à faire. Je dois vivre une distorsion de l'espace temps, car s'il me semble qu'avant j'allais souvent plus vite que les autres, aujourd'hui les autres n'ont pas cessé de me doubler, comme si le monde avait soudainement subi une accélération autour de moi. Étonnant phénomène dont j'observe les conséquences avec une certaine hauteur. Je ne suis pas là pour faire la course, mais simplement pour prendre un peu de plaisir à marcher dans la montagne.
Le vent comme le brouillard n'auront pas été trop pénalisants. J'ai la chance de me retrouver seul au sommet, ce n'est pas par caractère asocial mais plutôt que la place est comptée à l'abri du vent glacial derrière le relais radio. Plier les peaux auto-collantes sur les plastiques que je m'évertue à conserver est une gageure dans les tourbillons incessants d'un vent maintenant glacial à cette altitude, mais avec un peu de patience on y est arrivé. Les rafales manquent d'emporter tout ce qui est léger, je ne risque donc pas de m'envoler. Bon maintenant il va falloir descendre.
Bien que la descente ne représente que 800 m de dénivelée, j'aurais eu tous les types de neige, mais jamais de la bonne. En haut, en plus de ne rien y voir, la neige est modelée par le vent furieux de ces derniers jours, c'est plein de congères totalement invisibles, y a également des plaques de glace et on passe de l'une à l'autre sans transition. Pour la défonce dans la poudreuse on repassera, elle se cache soigneusement sous une croute de glace doublée d'une mélasse fondante. Plus bas elle est lourde sans être pénible, la meilleure partie, et pour finir le bas se déroule sur une neige déliquescente en voie de fonte rapide. Les skis nautiques auraient été plus adaptés. C'est dommage, cela faisait longtemps que je n'avais pas vu autant de neige sur cette charmante balade, magnifique par beau temps.
Voyons le bon coté des choses, malgré quelques virages dans une soupe infâme où les skis sont devenus totalement incontrôlables, mon genou n'a pas donné de signe de faiblesse. Numérotez vos abatis, skieurs de Reynolds et Reynolds, ça va envoyer du gros !