Le vent du sud est annoncé fort mais que faire ? Ne dit-on pas 'Qui regarde trop la météo reste au bistrot' ? Alors nous voilà partis ce matin vers le Trièves et son magnifique promontoire qu'est Le Chatel. Pour changer nous monterons par le sentier du versant oriental, il s'élève hardiment depuis Cordéac à travers les bois d'abord, avant de grimper au milieu de belles prairies. Tout se serait bien passé si le troupeau de moutons ne nous avait pas barré la route avant même de sortir de la forêt... Les féroces gardiens nous ont entendus et ils accourent maintenant à nos trousses toutes babines retroussées en aboyant sauvagement... Surtout ne pas paniquer. Et ces cons de moutons qui s'entassent devant nous sur un sentier escarpé... Nous finissons par amadouer les deux patous qui, au bout de quelques minutes bien longues, finissent par se lasser de nous.
Bien contents de nous éloigner du troupeau sous l’œil goguenard du berger, nous arrivons au Col de la Brèche, là encore c'est la déconvenue... La météo ne s'est point trompée, un fort vent de sud-ouest nous cueille sur la crête et, pour ajouter à mon angoisse, d'énormes cumulus commencent à se former sur le versant Est, ils occupent tout l'espace en bouchant l'horizon. L'opportunité de voler de là-haut nous semble de plus en plus hypothétique, faut-il renoncer au sommet pour autant ? Pas question !
Les divertissants passages d'escalade nous changent les idées et bientôt le sommet est à nous. Je reste dubitatif quant à l'envol, c'est fort, digne de la X-Alps, mais Hélène ne semble pas partager mes doutes. Si on y allait qu'elle me dit, Go que je lui réponds, mais on va sécuriser le vol et décoller de l'autre côté de la montagne afin d'éviter de passer sous le vent et son cortège de turbulences. La préparation des voiles est fébrile dans cette ambiance ventée. Hélène est prête, elle attend l'accalmie et s'avance vers son destin. La voile monte sur place et elle s'envole sans faire un pas, l'aéronef monte comme un bouchon de champagne. Maintenant seul au sommet, il ne me reste plus qu'à faire pareil. J'ai eu bien tort de me mettre la rate au court bouillon car tout se passe comme une lettre à la poste. Les conditions sont titanesques aussi je n'insiste pas trop, un petit tour par-dessus et vite je vole vers ma douce sans plus attendre.
C'est à l'aéroport international de Mens que nous nous posons tous les deux, bien contents d'avoir pu voler, ce qui n'était pas si évident aujourd'hui. Seulement maintenant, nous sommes à 15 km de la voiture restée de l'autre côté de la montagne à Cordéac, il va falloir faire du stop. La quatrième voiture, un superbe Duster, le même modèle que celui du célèbre professeur Raoult, me prend en charge, mais le conducteur me prévient qu'il tourne avant Cordéac... Il ne me reste qu'une solution, le séduire en moins de 10 minutes afin qu'il m'emmène malgré tout à destination en effectuant un détour. j'aurais dû faire commercial car, en moins de cinq minutes, il me propose de me conduire jusqu'à ma Twingo ! Merci à lui !
Elle est pas belle la vie ?