Il ne fallait pas rater le changement de temps aujourd'hui, alors sitôt le jour levé nous fourrons les skis dans la bagnole et direction Belledonne où il est tombé soit disant des quantités phénoménales de neige. En arrivant au col du Barioz on a pris peur, c'est tout vert ! Tant pis on partira du foyer de ski de fond trois cents mètres plus haut.
Au début de la rando, il n'y a pas plus de 10 cm de fraîche mais, fort heureusement au fur et à mesure de l'altitude acquise, l'épaisseur de neige augmente singulièrement. Si bien que nous arrivons euphoriques à la croix. Les grands sommets de Belledonne ont des allures himalayennes tout plâtrés de neige qu'ils sont. Le vent n'est pas trop fort et la lumière insolente, l'appel de la poudreuse est trop fort, on enlève les peaux et filons directement sur le versant ouest, on y trouve une neige extraordinaire mais sans sous-couche. Peu importe, la poudre est délicatement posée sur un tapis épais de rhododendrons doucement aplatis par la neige, ça tourne sans résistance. Pour couronner le tout, nous sommes seuls au monde entre des sapins majestueux caparaçonnés de neige, comme des sentinelles figées par le froid. Le silence feutré de nos skis enfouis sous la poudre ajoute encore à l'ambiance, c'est la fête!
Quand les arbres sont trop nombreux, nous arrêtons la danse, ressortons les peaux du sac et après les avoir précautionneusement recollées sur les semelles de nos planches, nous repartons vers le haut. L'existence d'une trace facilite grandement la remontée, seulement c'est Brutus qui est passé là, la raideur de la pente est effrayante et demande un solide coup de jarret doublé d'une pression exagérée sur les bâtons pour ne pas partir en arrière. Nous prions pour que nos peaux tiennent sous la pression de la pente et prenons un rythme de sénateur. Sil y avait du monde à la croix au premier tour, le sommet est maintenant désert, la faute à une petite bise parfois désagréable.
Il ne reste plus qu'à virer les peaux définitivement et nous régaler d'une deuxième descente qui s'avèrera beaucoup plus amusante que prévue. La couche de neige fraîche nous garantit une descente ludique jusqu'à la rentrée dans la forêt épaisse. Là c'est beaucoup moins drôle, les caillasses sont omniprésentes alors on bifurque vite sur la piste de ski de fond damée mais pas encore interdite aux randonneurs.
Merci à Brutus pour la trace et merci à Météo-France , son pictogramme jaune, que nous n'avions plus vu depuis des lustres, a été déterminant pour notre motivation.