Roger Frison-Roche : Grand saut pour une première rando!
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Nous avions demandé à Martine Charoy Frison-Roche une petite histoire concernant Frison et la peau de phoque... Martine nous fait cet immense plaisir en nous envoyant l'anecdote ci-dessous qui relate tout bonnement et simplement la première rando de son père. Nous pourrions l'intituler Le grand saut! |
" Voici le petit texte promis, inspiré du texte même de mon père écrit dans le 'Versant du soleil' [p. 108 de l'Edition Guérin illustrée]. Mon père nous racontait souvent cette histoire, et pour des raisons de droits d'auteur, je dois la raconter moi-même. Tant pis! |
Mon père à 17 ans, il vient d'arriver à Chamonix, engagé par le bureau qui fait office de syndicat d'initiative, de bureau sportif et d'organisation hôtelière. Nous sommes au printemps, la neige a pratiquement disparue de la vallée, mais c'est la belle époque pour le ski de rando. Frison n'a jamais fait de ski, petit c'était les longues glissades à Beaufort, mais plutôt sur la luge, et le ski n'était pas encore à l'honneur. Encore maintenant j'ai beaucoup de mal à réaliser comment on peut s'engager dans une aventure pareille. Mais mon père, avec l'ardeur de la jeunesse, le désir de se dépasser, l'envie de découvrir ce qui se passait en haut, s'est lancé dans le projet. - Tu sais skier au moins? Il ne lui restait plus qu'à se procurer une paire de skis. Le bureau conservant dans une arrière salle une centaine de paires de skis, lui en prêta une volontiers. A lui de choisir. Frison après un longt temps de réflexion se dirigea vers une longue paire de skis (2.40 m) très large et très lourde, mais pour lui c'était une garantie de solidité. |
Le jeune aventurier n'était pas si fou que cela, il emportait du matériel soigneusement choisi, tout au moins il le pensait. Arrivé avec ses compagnons au Refuge de Bérard, après une montée sans histoires les skis sur le dos, ceux-ci se rendent compte que c'est beaucoup trop difficile pour leur niveau, et font demi- tour. Pour lui pas question d'abandonner, il arrive à se joindre à une caravane de genevois. Départ le lendemain matin avec les peaux de phoque direction les grandes pentes raides du Buet. Pour moi, c'est déjà un exploit d'être arrivé en haut sans connaître la technique de la peau. Il y avait vraiment l'hérédité du montagnard qui ressortait là. Mais il fallait bien redescendre. Eh bien, il est redescendu en ramasse jusqu'au refuge et ensuite seulement dans la partie moins raide, mais entre nous pas toujours si facile, il a chaussé les skis. "L'un des suisses se penchant sur la paire que j'avais aux pieds, marqua son étonnement. Cependant tout se passa bien, la neige croutée et cassante était parfaite. "Je descendis en ramasse, freinant avec mes bâtons de châtaignier tenus à deux mains sur le côté. Ce fut la première rando de mon père! |
Amitiés, Martine Charoy Frison-Roche,
Décembre 2001. |
Nos remerciements à Martine Charoy Frison-Roche. © Ski-rando.cOm / Décembre 2001 |