Jean-Louis Étienne, un acteur majeur de l'équilibre climatique mondial
JL Etienne - Paris-2017 ©Getty / Eric Fougere/Corbis
in Le temps d'un Bivouac www.franceinter.fr
Pas de longs blablas ici tellement le net, la presse, les librairies et bibliothèques regorgent d'informations sur ce grand monsieur qu'est le Docteur Etienne ! Vous trouverez également un large éventail de détails quant à son parcours sur le site de son actuel projet : Océan Polaire.
Mais quelques mots quand même !
Né le 9 décembre 1946 dans le TARN, le jeune Jean-Louis se retrouve faute de bons résultats scolaires orientés dans une formation manuelle de tourneur fraiseur. Le CAP en poche, et validé avec brio, ses enseignants l'invitent à poursuivre vers le bac... et puis de fil en aiguille, Jean-Louis finit par s'assoire sur les bancs de la fac de médecine à Toulouse! Il terrminera sa thèse à Grenoble. Le voilà ainsi médecin et toujours autant avide de nature, ce diplome sera son futur passeport pour bien des aventures ! Et c'est donc avec cette casquette de médecin que Jean-Louis Etienne va participer à une puis deux puis toutes une série d'expéditions !
" Il rêve de missions exaltantes, pas d’une plaque de cabinet avec horaires des consultations. Il s’embarque ainsi vers New York, avec un prêtre qui soigne des toxicos par la navigation, puis en Patagonie comme médecin d’expédition, ensuite avec le navigateur Alain Colas pour une tentative de record. Il passera un an sur « Pen Duick VI », le monocoque d’Eric Tabarly dont les jeunes « mousses » (Titouan Lamazou, Philippe Poupon…) le surnomment « papy ». La vie passe et l’aventure n’accueille que les audacieux.
Six ans encore et, entre deux remplacements comme médecin de campagne, il intègre la cordée de l’alpiniste Jean-Marc Boivin, en partance pour l’Himalaya. Prisonnier cinq jours dans la tempête, lui, l’enfant du Sud, se découvre une vraie résistance au froid extrême. Bien sûr, ça « pique » ; mais il aime ça. Il va avoir 40 ans. C’est maintenant ou jamais. Vie de docteur ou vie d’aventurier, il choisit. Va pour le pôle Nord" (source Romain Clergeat Paris Match |
Et rejoindre le pôle Nord en solitaire devient une évidence pour lui parce que :
"Le pôle Nord est la synthèse de tout : c'est une épreuve maritime, puisqu'on marche sur la mer gelée,
et c'est un peu de la montagne puisqu'on affronte la glace."
Le 11 mai 1986, JL Etienne deviendra ainsi le premier homme à caresser le Pôle Nord en solitaire (à l'époque, on vous le rappelle, il n'y avait pas nos GPS actuels einh?!! ;) Et JL Etienne de dire qu'il a eu cette chance d'y arriver avant tous ces outils !
Il y arrive donc seul après soixante-trois jours de marche et 1200 km de marche. Nicolas Hulot et JF Chaigneau, dans leur ouvrage "Chasseurs de Pôles" racontent qu'il réussit là "l'expédition la plus inimaginable de toutes les tentatives pour aller au pôle. Il y arrivera seul, à pied, après avoir tiré lui-même son propre traineau. Il est le premier français du pôle". Il sera et est peut-être encore celui qui y aura passé le plus de temps puisque le "taxi" qui viendra le chercher mettra plusieurs jours à arriver !
Arriver au Pôle nord est assez subtil raconte-t-il :
"le Pôle n'est pas le sommet d'une montagne ni même un point remarquable.
Il est à l'image d'une rencontre au milieu de l'océan.
Le paysage ne change pas. Il est le résultat de calculs.
A un moment on fait ses operations, et on y est."
Chasseurs de Pôles de N. HULOT et JF Chaigneau (1989)
Le jour où j'ai atteint le pôle, in La Croix du 21/12/2019
Mon expedition au pôle nord a été une véritable quête spirituelle, in La Croix - mars 2021
Et c'est parti pour une liste d'expéditions à la Jules Vernes !
1989-1990, Jean-Louis Etienne avec l'americain Will Steger mettent en place une expedition internationale : Transantarctica. Rejoints par un Russe, un Chinois, un Japonais et un Anglais, ils réussissent tous les six à traverser avec des chiens de traineaux l'Antarctique sur 6300km, soit la plus longue traversée jamais réalisée au Pôle Sud :
"Leur projet survient alors qu’est remis en cause le traité qui préserve l’Antarctique de l’exploitation de ses richesses potentielles.
Par leur expédition, puis leur rencontre avec le président Bush père, le président Mitterrand, le premier ministre japonais et
le ministre soviétique des affaires étrangères, ils contribuent au vote d’un moratoire qui protège l’Antarctique d’une exploitation jusqu’en 2048."
Transantartica est un moment clé dans la vie de Jean-Louis Etienne, le rapprochant une énième fois encore de la nature et du comportement de l'homme.
En 1990, lorsque le glaciologue Claude Lorius, qui a étudié les échantillons de glace rapportés par la Transantarctica, explique que « le processus du réchauffement climatique est enclenché », Jean-Louis Etienne sera on ne peut plus clair :
"toutes mes expéditions ont une dimension environnementale.
Chacune a une vocation scientifique avec des prises de mesures et une visée pédagogique."
Et les idées et projets se succèdent, toutes avec cette visée scientifique, écologique et humaine.
1993-1994 : expédition Erebus, un volcan actif qui culmine à 3794m en Antarctique, l'idée était de prélever de la lave en fusion mais comme pour H.Tazzief en 1974, cela s'avèrera impossible car le cratère est éventré.
1995-1996 : Expédition Spitzberg à bord d'Antartica, huit mois où l'idée est de traverser l'Océan Arctique à bord du bateau .... emporté par le courant de dérive transpolaire.
1999 : Jean-louis Etienne, après cette notoriété au pôle nord, écrit Le pôle intérieur. Une manière pour lui dit-il, de retrouver et partager son libre arbitre. En effet, parvenu au sommet de sa renommée, Jean-Louis Etienne ressent le besoin de se retirer. Revenant à un rêve d’enfance, il se construit sa propre retraite, au fond d’un bois de son Tarn natal, d’où il s’interroge sur l’essence même de cet appel de l’aventure qui lui était si primordial : qu’est-ce que la liberté ? Qu’est-ce qui nous relie les uns aux autres ? Comment aider chacun à aller au bout de ses rêves en vivant sa propre légende ?
2002 : expédition Banquise, une dérive de trois mois de navigation au Pôle NOrd à bord du Polar observer (programme de recherche et d'observation sur le réchauffement climatique). " Je suis un passeur d'observations (...) insuufler une dose d'espoir, parce qu'il y a des solutions... c'est le rôle que je prends plein volontiers... on ne peut entrainer une popultion que si on lui montre qu'il y a un chemin
2004-2005 : expédition scientifique sur l’île Clipperton avec des chercheurs du Muséum, IRD, CNRS, pour réaliser un inventaire de la biodiversité et un état de l’environnement.
2010 : Expédition Generali Arctic Observer, JP Etienne réusit la Première traversée de l'Océan Arctique en ballon, histoire de montrer là-encore, le chaos planétaire. 120 heures de vols et 3500km parcourus, il se pose en pleine sibérie. Une première mondiale digne d'un roman de Jules Vernes...
2021 : Expé Polar Pod, exploration de l'océan Austral à bord d'un vaisseau habité et conçu pour dériver autour de l'antarctique. 12 pays sont concernés par ce projets et 43 insitutions scientifiques. Enorme !
"Cette expédition digne de Jules Verne, permettra d’animer en « temps réel »
un grand projet pédagogique international sur les Sciences de la Vie de la Terre et de l’Environnement
en collaboration avec l’Union Internationale de Conservation de la nature (UICN).
La jeunesse a besoin de rêve,
de modèles d’audace, d’engagements incitatifs,
de croire en ses ambitions."