" Depuis toujours, je ne me suis
jamais senti aussi bien sur cette planète que lorsque je me rapprochais
du ciel.
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Erhard Loretan est né le 28 avril 1959. Il a passé son enfance à Bulle, en Suisse. |
En 1966, son père abandonne la famille, s'en retournant dans le Valais. Plus tard, il dira, dans une interview au Matin: «Sans ce départ, je nen serais peut-être pas là». Ce 'Là' désignant la longue marche sur les 14 huit mille de la planète... C'est à la même période qu'Erhard Loretan se dit "je serai guide de haute montagne". Parce qu'il y a Michel qu'il voit partir tous les week-ends avec son sac à dos, parce que la formidable saga Premier de Cordée vient de passer à la télé, parce que... |
Avec Fritz Loretan, son cousin et guide de montagne, Erhard passera de nombreux étés dans la cabane Fründen dont son cousin tient le gardiennage. C'est, avec lui, le début des grandes courses rocheuses. |
Et très vite, Erhard passera devant. En effet, alors qu'il grimpe avec Michel Guidotti et que ce dernier vient butter contre une difficulté, Erhard se propose de passer en tête... |
" Je me lance. C'est la première fois que je grimpe devant. La corde pend maintenant entre mes jambes et je comprends tout le renversement qui vient de s'opérer [...] Je finis la voie en tête. " Désormais, je grimperai devant et il y a de la fierté dans cette affirmation. |
En 1975, il est temps dit-il de "marquer notre passage sur cette terre". C'est ainsi qu'il ouvre un itinéraire dans la face sud de la Dent-de-Broc (coté TD) avec son ami Vincent Charrière. Puis dans la même lignée, il effectue son premier solo (au Gross Turm, TD+), allant chatouiller ainsi ses limites et son espace intérieur. |
Finalement, à vingt ans, Erhard Loretan a déjà foulé la plupart des grandes "difficultés" des Alpes. |
Dans le même temps, Erhard devient ébeniste puis, comme il se l'était promis enfant, il réussit l'aspi et termine major de sa promo en 1981. |
Erhard Loretan a 22 ans, et son palmarès est déjà des plus éloquents! |
Carnet de courses Himalayen | |
10 juin 1982 : premier suisse au sommet du Nanga Parbat, versant Diamir. | |
Juin 1983 : trois 8000! Le Gasherbrum I, l'Idden Peak (ou G II), et le Broad Peak. | |
30 avril 1984 : Manaslu. | |
24 octobre 1984 : première de l'arête Est et traversée de l'Annapurna soit les sommets est, médian et principal. Descente par la face nord. | |
7 Juillet 1985, tentative en face sud K2, puis ascension par l'Eperon des Abruzzes. |
8 Décembre 1985 : première hivernale au Dhaulagiri en face Est. Avec P-A Steiner et J. Troillet. |
30 Août 1986 : face nord de l'Everest par le couloir Hornbein (43 heures aller-retour avec J. Troillet) |
Octobre 1986 : tentative au Cho Oyu. Décès accidentel de Pierre-Alain Steiner. |
1987 : tentative au Shisha Pangma... Demi-tour : l'ombre de Pierre-Alain Steiner plane. |
1989 : échec au K2, en face ouest. |
21 septembre 1990 : première de la face sud-ouest du Cho Oyu. Avec J. Troillet et V. Kurtyka. |
3 octobre 1990 : première en face sud du Shisha Pangma. Avec Voytek Kurtyka et Jean Troillet. |
2 octobre 1991 : pilier ouest du Makalu. Avec Jean Troillet. |
1992 : nouvel échec au K2. |
1993 : échec au Kangchenjunga. |
1 octobre 1994 : réussite du Lhotse, avec J. Troillet. Abandon de la traversée vers le Lhotse shar. |
29 Avril 1995 : retour sur le Shisha Pangma, et ascension du sommet principal. Y'a plus à polémiquer! |
5 octobre 1995 : Kangchenjunga, Loretan boucle la série des quatorze. |
Retour sur la journée du 5 octobre 1995 : |
A deux heures du matin, cinq alpinistes
quittent le Camp IV (7800m) : les français Benoit Chamoux et Pierre
Royer (signalons que Benoit Chamoux totalise lui aussi 13 huit-mille comme
Loretan) ; les suises Jean Troillet et Erhard Loretan ; et l'italien Sergio
Martini. La cordée française est ce jour là moins rapide, Jean Troillet et Erhard Loretan parviennent ainsi à 14h35 au sommet. Sergio Martini, lui, a renoncé. En fin d'après midi, la radio annonce que Chamoux et Royer ont fait demi-tour tout près du sommet. Au matin du 6 octobre, Chamoux remerciera Jean Troillet qui le guidait par radio "Merci Jean..." Ses deux derniers mots. |
Autres sommets de la Terre |
Dans les Andes |
En 1980, c'est la première expé, au Pérou, ouverture de trois itinéraires : en face sud du Caras, face sud du Pallcaraju, arête ouest du Ranrapalca. Réussite sur l'Artesonraju en face est, et le Huascaran. |
En Europe : |
Suffit de se dire qu'il
est allé là où les difficultés existaient!
Retenons : - 38 sommets dont 30 de plus de 4000 réalisés en 19 jours, avec Jean Troillet. Hiver 1986. - 13 faces nord en 13 jours [13/26 janvier 1989] avec André Georges dans l'Oberland Bernois. |
Antarctique : |
- 1er décembre 1994 : Première
ascension, et en solitaire, du Mont Epperly, 4780m.
"J'ai vraiment le sentiment de poser le pied sur la lune. Je pousse les portes d'un nouveau monde". - Décembre 1994 : Ascension du Mont Vinson, 5240m ; ascension du Shin, 4800m. |
- Décembre 1995 : retour sur
le Mont Epperly > tournage d'un film. - 29 décembre 1995 : ascension du Mont... Loretan, 4600m, 2500m de face. Premiere et solitaire. |
" Après le Lhotse et le camp de base surpeuplé, après le Kangchenjunga et la médiatisation exacerbée, ces deux expéditions en Antarctique sont venues panser mes plaies et me réconcilier avec ce qu'il faut bien appeler l'aventure." |
Amérique du Nord |
23 mai 1990 : ascension du Mont Mac Kinley, 6194m. |
Biblio et liens |
in Dimanche.ch > Le destin brisé dErhard Loretan, par Christophe Passer et Ivan Radja. |
Images... > Extraits de l'ouvrage Himalaya-Regards, par Erhard Loretan. |
Livre > Les 8000 rugissants, par Erhard Loretan et Jean Ammann, Editions La Sarine 1996. |
in Le Monde > 16 Mai 1997, article de Claude Francillon : "Erhard Loretan applique aux problèmes himalayens un traitement radical". |
Les textes entre guillemets sont tirés de l'ouvrage d'Erhard Loretan, [cf source ci-dessus]. |