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JeunouKiKrak
14-05-2011 16:16:50

:wink: Ça donne envie !!

ced
13-05-2011 08:55:33

Récit sympathique ! :)


Alain Bellon
12-05-2011 00:17:55

EN ROUTE POUR LE VISO Mon entreprise étant en chômage technique, je me retrouvais seul pour une semaine. La forme était là : Pointe des Cerces, Vieux Chaillol, Montagne des Agneaux, Tête de Lauranoure, soit quatre WE consécutifs de beau temps. Pourquoi ne pas essayer une ascension solitaire ? Très vite mon choix se porte le Viso qui combine haute altitude, absence de glacier crevassé et un itinéraire sans grande difficulté, mais engagé quand on le parcourt en solo. C’était une bonne occasion de tester le mental si important en montagne, quelque soit son niveau. Le mental, comme le reste, demande de l’entraînement. Après une nuit au camping de Val-des-Près, à l’entrée de la Vallée de Névache, je gagne le Pian del Re. Mon sac est très lourd. Autant faire une véritable ascension solitaire et autonome, c’est à dire avec un bivouac. Je ne connaissais pas le Bivouac Andreotti, bien équipé, mais en l’utilisant, mon ascension aurait perdu un petit quelque chose. Comme un petit manque de sel dans un mets. Je remonte donc le vallon jusqu’au refuge en 2h00. La Nebbia à envahi le sommet avec une rapidité fulgurante. J’ai à peine vu la face nord haute de 1200m. Il me faudra en tenir compte pour mon ascension. Après une pause, je me dirige vers le Pas des Sagnettes. Le passage est raide et je sens le poids du sac, mes chaussures de montagne sont dedans. Je descends dans le Vallon puis, un peu plus bas pour trouver de l’eau. Cette eau, je l’entends couler sous les pierres et je finis par trouver un filet qui ruissèle sur un bloc. BIVOUAC A LA DURE Pas d’herbe ! Mais une grande dalle couchée ! Je n’avais pas emmené de tente, mais le matelas va être ferme ! Je voulais faire une ascension qui aurait la pureté du cristal, mais je ne pensais pas aller aussi loin, avec un bivouac à la dure ! A la nuit, la Nebbia se déchire et laisse place à un ciel étoilé comme j’en ai rarement vu. La Voie Lactée forme deux rubans jaunes dans la noirceur du ciel. LE LOUP DES LAGHI DELLE FORCIOLLINE Alors que le crépuscule envahit lentement mais surement mon bivouac, je vois quelque chose bouger, plus bas, au bord du lago Superiore delle Forciolline . Avec les jumelles, je distingue une forme sombre et allongée. Un chien errant ? Un loup ?? Ils sont de retour dans les Alpes ! Voilà que la peur ancestrale d’Ysengrin surgit en moi ! Je regarde attentivement et je le vois bouger. Et plus je regarde, et plus je le vois bouger ! Et pourtant il semble faire du surplace. Je prends des repères et je me force à ne pas regarder pendant 5 minutes. Que c’est long 5 minutes ! Après une éternité elles sont enfin passées. La chose n’a pas bougé ! C’était un rocher ! J’en souris encore ! LE CLAIR D’ETOILES Ayant peu ou pas dormi, je pars très tôt, après avoir caché mon matériel de bivouac sous un gros bloc que j’ai repéré avec un cairn. Au bout de quelques minutes, j’éteins ma frontale et je marche non pas au Clair de lune, mais au Clair d’Etoiles. C’est féerique ! Le vallon n’est pas très long, mais dans cet univers de gros blocs, la progression est lente. Je passe devant le bivouac Andreotti dans la grisaille du jour naissant. La journée s’annonce magnifique ! L’itinéraire ne pose pas de problème avec les marques de peinture surabondante. Quelque part, je suis un peu déçu, mon ascension devient moins engagée...Mais aussi avec moins de risque de me perdre dans cette immense face. Peu à peu l’altitude se fait sentir et il me faut souffler de temps en temps. La neige fait son apparition et je coince le piolet entre mon dos et mon sac pour le cas où... TROIS FRANCAIS AU MONT VISO Enfin le premier sommet, une brèche aérienne et enneigée et je suis seul au sommet du Mont Viso. Les cordées que j’ai vu franchir le Pas des Sagnettes, grâce à la lueur de leurs frontales, sont encore loin. Je reste plus d’une heure à admirer ce magnifique panorama, qui s’étend sur tout l’arc interne des Alpes. De l’Argentera, jusqu’aux neiges étincelantes de la Bernina, en passant par la Vanoise, la Haute Maurienne, le Mont Blanc, le Grand Paradis et les Alpes Valaisannes. A l’Ouest, à mes pieds, le Queyras qui semble bien minuscule et plus loin le Massif des Ecrins. L’impression d’altitude, avec l’absence de premier plan, est extraordinaire et elle est renforcée par les brumes qui baignent la plaine du Pô. C’est magique ! Comme au Mont Blanc, mais sans le va et vient continuel des cordées, les poses photo, le folklore d’une bouteille de Champagne que l’on ouvre... Et puis j’entends un peu de bruit et un grimpeur arrive...seul. C’est un Français, il est parti de la Roche écroulée, a franchi le col de la Traversette avant de remonter au refuge Sella pour passer la nuit. Pendant que nous sympathisons, nous entendons du bruit et un autre grimpeur arrive...seul. Lui aussi est Français, il est parti de Nice avec tout un groupe avec l’intention de rallier le lac Léman, un classique des GR. Mais peu à peu, d’abandon en abandon, il s’est retrouvé seul et il continue en faisant quelques ascensions en cours de route. Il a bivouaqué dans sa petite tente près du refuge. Est-ce parce que nous sommes trois Français sur un sommet italien ? Mais ces deux rencontres au sommet du Mont Viso, resteront un des moments forts de ma vie de montagnard. Et puis nous entendons beaucoup de bruit et nous comprenons qu’il est temps de laisser la place à nos amis italiens. D’autant que quelques nuages laissent présager une arrivée de la Nebbia. A LA RECHERCHE DU BIVOUAC PERDU Nous redescendons donc ensemble. Sous le pas des Sagnettes, ils m’aident à chercher mon matériel de Bivouac, trop bien et inutilement, caché. Il nous faudra quand même 15 minutes pour le retrouver. Pendant ce temps, le sommet du Viso, a été aspiré par la Nebbia. ADIEU LES AMIS Au refuge nous disons au revoir et bonne chance à celui qui rêve du lac Léman. Plus loin je dis au revoir à celui qui retourne dans le Queyras, en passant cette fois par le col du Couloir du Porc. Trois vies, trois routes qui ont convergé dans la même direction pendant quelques heures, avant de se s’éloigner à nouveau. Peut-être liront-ils ces lignes ! Pour eux-aussi, l’ascension du Mont Viso, aura certainement été inoubliable. C’est sous un ciel sombre et couvert que j’atteins le parking, sans revoir le Mont Viso. LE PETIT HOMME Un petit homme, une grande Montagne et la tête pleine de souvenirs qui ne me quitterons jamais. Un rêve est passé, il faut d’urgence en trouver un autre ! Récit et topo et photos sur http://www.altituderando.com/Le-Mont-Viso-ou-Monte-Viso-3841m


 

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